La société civile s’implique

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«Béjaïa souffre », écrivent d’entrée des leaders associatifs, à leur tête Mouloud Salhi, président de l’association Etoile culturelle et élu à l’APC d’Akbou, dans une lettre pétition qui circule depuis lundi. 

Pour les rédacteurs du document qui se veut aussi un « plaidoyer » pour le démarrage immédiat et effectif du projet de réalisation de la liaison autoroutière Béjaïa- El Adjiba, « la population est suppliciée, noyée dans la colère, le dépit et le désespoir. Le sentiment collectif de marasme ambiant est omniprésent. Son économie, qui détermine le bien-être de sa population, étouffe de jour en jour. Les pertes quotidiennes, occasionnées aux agents économiques tant publics que privés, sont énormes. Quelques entreprises privées ont déjà délocalisé leurs usines, d’autres pensent à le faire. Le Port de Béjaïa, deuxième au niveau national en termes de compétitivité est étranglé. Aéroport, zones industrielles, sites touristiques, secteurs de la santé et de l’enseignement supérieur sont sanctionnés à cause de l’état catastrophique des routes. »  Pire que ça, ajoute-t-on, « il faut cinq longues heures pour faire le trajet de 90 Kms séparant Béjaïa de Tazmalt, si bien qu’en été les habitants d’Akbou, de Boudjelil, d’Ighil Ali et autres villes et villages limitrophes se trouvent contraints de partir à Zemmouri dans la wilaya de Boumerdès, et traverser deux wilayas, que de se rendre à la station balnéaire de Tichy où il y a les magnifiques plages de Boulimat ou de Saket ». lit-on encore dans la dite déclaration. « En conséquence, c’est tout le développement socio-économique et culturel de notre wilaya qui est mis en péril. Pourquoi les travaux de la réalisation de la pénétrante ne démarrent-ils pas encore ? A qui profite cette situation ? », S’interroge-t-on, avant de soutenir que « la pénétrante qui est censée relier Béjaïa à l’autoroute est-ouest, pour l’insérer dans le projet national de relance économique décidé par les hautes autorités du pays, reste un rêve qui tarde à se réaliser ! Des années d’attente, de promesses, de tergiversations, et au final, toujours rien. D’étude en étude, de déclaration en déclaration, le projet, s’avère-t-il, est renvoyé aux calandres grecques. »    Les leaders associatifs initiateurs de la pétition réclament toute la vérité sur le non lancement dudit projet : « Nous voulons savoir les raisons de ce retard! Nous exigeons des réponses. Il y va de notre quotidien et de l’avenir de nos enfants ! Il y va aussi de la stabilité de la nation qui est menacée par ces frustrations exaspérées par les marginalisations que provoquent les déséquilibres régionaux. Conscients de notre rôle, nous, acteurs de la société civile, avons décidé à prendre en main notre destin, à nous impliquer dans la gestion de notre quotidien, pacifiquement, avec intelligence et maturité». Ecartant le recours à toute forme de violence, les signataires du document disent qu’« ils favorisent la médiation, la concertation et le dialogue, mais aussi et surtout la solidarité et la conjugaison des efforts de toutes et de tous autour d’actions précises, claires pour réaliser cet objectif». Et d’ajouter: « Notre but, au-delà de cette action, est la participation à l’émergence d’une citoyenneté agissante qui sera le soubassement à une vie démocratique à même de sécuriser le pays et de permettre à la population de vivre dans le progrès et le bonheur». Inscrivant leur démarche dans ce cheminement, ces leaders associatifs fulminent contre « toute pression qui s’exerce sur la société et qui la pousse, à travers des actions anarchiques et parfois violentes, à s’autodétruire et à s’enfoncer dans la crise».   Cette situation chaotique se décline, détaille-t-on, notamment, par la saturation des routes et leurs fermetures fréquentes. Cela, estime-t-on, à cause des problèmes que dénoncent les citoyens à travers des actions de protestation et qui se règlent, comme par magie, après ces actions. « Nous rappelons, à ce sujet, que si l’anticipation sur les conflits est la condition première de la bonne gouvernance, l’engagement à servir la population est le devoir de tout responsable institutionnel. Consciente de l’intérêt durable que représente cette pénétrante, la population de notre wilaya est dans l’attente du coup d’envoi des travaux. Aussi, et afin d’éviter toute opposition, les autorités publiques doivent rassurer ceux qui seront touchés par les expropriations quant à leurs indemnisations dans les délais », plaide-t-on. Pour boucler la boucle, les leaders du mouvement associatif de la wilaya de Béjaïa invitent les sénateurs, l’administration de la wilaya, les députés, les élus de l’APW et des APC, les acteurs économiques, les associations citoyennes actives, les personnalités soucieuses de l’avenir de la wilaya à s’impliquer dans le plaidoyer pour le démarrage immédiat et effectif des travaux de réalisation de la pénétrante.      

  F.A.B.

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