« J’accuse ! »

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On s’attendait à rencontrer une Yasmina comblée après que son dernier album, sorti la semaine dernière, à été merveilleusement accueilli par le public. Mais c’est une artiste plutôt malheureuse et soucieuse que nous avons reçue, avant-hier, en notre bureau. Les raisons ? Yasmina déballe tout dans l’entretien qui suit… 

La Dépêche de Kabylie : Vous venez d’éditer un nouvel album qui marche plutôt bien sur le marché. On imagine que vous êtes comblée…

Yasmina : Effectivement, j’ai mis sur le marché un nouvel album et ça me flatte vraiment d’entendre dire qu’il se vend bien. Mais dire que je suis comblée… Malheureusement, je dois vous dire que ce n’est pas du tout le cas, contrairement à ce qu’en pensent certains. En vérité Yasmina n’est pas du tout aux anges.

On vous sent affectée

Affectée, c’est peu dire, en fait. Je suis désorientée et bien plus encore. 

Quelles en sont les raisons ?

Pour ne rien vous cacher, je suis entourée d’un tas de problèmes. Je vous annonce, d’ailleurs, que j’ai engagé un avocat pour une ester en justice  deux de mes anciens éditeurs, à savoir « Akbou musique » et « Izem », du moins sa filière CGA.

C’est arrivé à ce point de non retour entre vous ?

Malheureusement oui! Je tiens à informer l’opinion publique, et plus praticulièrement mes fans, sur ma situation. Et bien, j’ai engagé cette action  après avoir découvert qu’ils m’ont trahit. Je vais les attaquer pour abus de confiance. Akbou musique a édité des CD contenant des chansons de mes anciens albums, sans déclaration à l’ONDA, sachant que j’ai signé avec cette boite un contrat concernant l’édition de cassettes seulement. C’était en 1989, et à cette époque, le CD n’existait pas encore. Quand à Izem, il a tout simplement falsifié le contrat qui nous liait. J’ai signé avec cette boite un bail de 5 ans et, à mon grand étonnement, j’ai découvert au niveau de l’ONDA que la dite édition avait déposé un contrat de 15 ans. Je ne vous cache pas que j’ai tout fait pour régler ça à l’amiable, mais en vain. Hier seulement, (entretien réalisé mardi), j’ai appelé Izem pour tenter de le raisonner, mais il n’a rien voulu entendre. Pis encore, celui-ci s’est mis à crier au téléphone allant même jusqu’à me menacer de m’expulser de Tizi-Ouzou. Oui se sont là les termes qu’il a utilisé. 

On sent que vous avez gros sur le coeur…

Et ça ne date pas d’aujourd’hui. Ces soucis remontent en faite à 2010. Juste après la mort de Rahim. J’ai décidé de vérifier mes papiers et mes documents et de régler mes affaires, en me disant, on ne sait jamais, si la mort venait à me prendre, au moins j’aurais quelque chose à léguer à mes enfants. Disons que la mort de mon ami Rahim m’a, en quelque sorte, secouée. Et c’est là que j’ai découvert cette situation. Comme je vous l’ai dit, j’ai saisi les deux éditeurs, mais rien n’a été fait. Profitant de ma naïveté ils ont essayé de gagner du temps en me berçant avec des promesses. À chaque fois que je rentrais au pays, je prenais contact avec eux dans cette optique. Ne voyant rien venir, j’ai décidé de prendre un avocat afin de les ester en justice pour rendre ce qui me revient du droit. Sincèrement, je n’ai pas voulu en arriver là d’autant que je ne suis pas du genre à problème et je ne connais pas grand-chose de ces trucs liés à la justice, mais ils ont poussé le bouchon très loin. C’est de la pure trahison et je n’arrive pas encore à l’avaler, d’autant que j’ai été toujours correcte avec ces deux sociétés d’édition. Voilà pourquoi je vous ai dit que Yasmina n’est pas tout-à-fait au comble. Et puis je vous confie une chose.

Allez-y…

Sachez que mon dernier album, qui se vend bien, comme vous dites, m’a fait perdre pas moins de 10 millions. Je n’ai rien eu en contrepartie de ce travail. Le studio, pour rien ne cacher à mes fans, m’a valu 60 millions. L’éditeur m’en a donné 50. C’est avec ce cachet que j’ai payé les frais d’enregistrement, auquel j’en ai ajouté 10 millions de ma poche. C’est ça les conditions du travail de Yasmina et de l’artiste d’une manière générale chez-nous. Le piratage gagne de plus en plus de terrain et avec les nouvelles technologies, l’album, ou le CD, ne se vend plus. Je tiens d’ailleurs à informer mes fans que je risque de ne plus remettre les pieds dans un studio à l’avenir. Que mon public sache que si j’ai sorti cet album, cette fois, c’est uniquement par amour pour lui et pour la chanson.

Revenons justement à votre dernier album, il est composé de huit titres à travers lesquels vous avez abordé plusieurs thèmes…

Oui, j’ai essayé de proposer un produit varié à mon public et j’espère que j’ai été à la hauteur. En outre, tout ce que j’ai chanté est relatif à ma vie privée. 

Cet album, je l’ai dédié à mon défunt père, et puisqu’on y est et que j’ai commencé à vider mon sac, comme on dit, je tiens à signaler que depuis sa disparition les problèmes familiaux se sont accumulés. Des proches courent pour son héritage, comme si mon père n’avait pas de progéniture. Pour revenir à l’album, je disais que j’ai essayé d’aborder plusieurs sujets. 

J’ai rendu hommage aux martyrs du printemps noir de 2001, ainsi qu’à la femme combattante et à la femme d’une manière générale. J’ai chanté l’amour, l’espoir et nos chères traditions, à travers la chanson Sidi Wedriss. J’ai abordé un sujet d’actualité concernant la quête de femmes émigrés et étrangères de nos jeunes afin d’obtenir les fameux documents pour s’installer en France et ailleurs. Je souligne, en outre, que dans la chanson Isghi (le prédateur) j’ai été inspirée par Kateb Yacine. Je dois également signaler que les musiques des chansons « Ikec à baba » et « Tikli Tabarkant » ont été composées par mon fils ainé Hakim, qui est aussi musicien. 

On vous laisse conclure…

Et bien, je ne peux que remercier tous ceux qui m’ont aidée à réaliser mon album. Je passerai volontiers un grand bonjour à mes fans, et plus particulièrement aux femmes auxquelles je souhaite une bonne fête à l’occasion de la journée de la femme. Permettez- moi de remercier Djamila Louani, pour le portrait qu’elle a réalisé sur moi dans « Anazur si Thadarthis ». 

En outre, puisque l’occasion m’est offerte, j’annonce à travers les colonnes de votre journal qu’un reportage sur mon défunt père va sortir prochainement. 

Propos recueillis  par M.O.B 

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