Les chiffres de Laksassi et les scandales des députés

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Au-delà des chiffres, somme toutes connus, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksassi, qui s’est présenté, hier, à l’APN, avait trouvé des difficultés à répondre aux préoccupations des parlementaires, liées notamment aux multiples scandales qui ont touché de nombreuses banques publiques et à la réforme bancaire qui tarde à se mettre en place.Dès la lecture du rapport de conjoncture et qui a porté sur l’évolution économique et monétaire pour l’année 2004, le gouverneur de l’ancienne Banque centrale s’est heurté à un premier obstacle.Les députés, par la voix de Kamel Sanhadji, du FLN, ont protesté “énergiquement” contre le fait que le document de travail, trop technique, ne leur est remis que la matinée de la plénière, ce qui a rendu impossible sa lecture et analyse. Le professeur Sanhadji a dit d’ailleurs que l’assemblée ne doit pas être “une auberge espagnole”. Phrase largement approuvée par la centaine de parlementaires présents qui ont répondu par des applaudissements. Point de réponse de la direction de l’APN, puisque le président lui-même, Amar Saâdani, était absent des travaux et s’est fait remplacer. Mettant le contenu du document de côté, les parlementaires ont préféré axer leurs interventions sur la situation du secteur bancaire et financier de manière générale.Hacène Aribi, du MRN, a jeté d’ailleurs un véritable pavé dans la mare. Le député islamiste, en parlant des “scandales bancaires” fait référence à “12 milliards de dollars” détournés sous forme de “fuite de capitaux à l’étranger”. Le parlementaire, exhibant des documents qu’il présente comme “preuves”, cite l’exemple de trois banques qui ont enregistré des “fuites importantes”. Il s’agit, selon lui, de Khalifa Bank avec 1,5 milliard de dollars américains, la BNA 1,6 et la BDL 1 milliard de dollars.D’autres interventions ont également porté sur le même thème, à l’exception de Djelloul Djoudi du PT qui s’est dit opposé à la privatisation des banques publiques.Quant aux chiffres, Mohamed Laksassi a déclaré que le taux d’inflation est descendu à 2,2 % lors des neuf premiers mois de l’année en cours, alors qu’il était de 4,2 % lors de la même période de l’année précédente.Les réserves de change ont atteint 51,1 milliards de dollars à la fin septembre 2005, alors que l’évolution des crédits accordés par les banques aux investisseurs enregistre une hausse de 12 % durant la même période.

Ali Boukhlef

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