Farid Ferragui en concert ce week-end à Béjaïa

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Dans le cadre de la célébration du 33ème anniversaire du printemps berbère, Farid Ferragui, le chantre de la chanson sentimentale kabyle, est invité à animer deux grands galas, les 19 et 20 avril, à la maison de la culture de Béjaïa.

Pour donner un avant goût de ce que seront les shows de vendredi et samedi prochains, il  a donné dans l’après-midi d’avant-hier, lundi, à la maison de la culture Taos Amrouche, une conférence de presse durant laquelle il a répondu aux questions des journalistes. Il a parlé de ses chansons, de son parcours artistique, de son engagement dans la cause amazighe, mais également de son luth et de son amour pour la mer. Interrogé sur les raisons de sa longue absence de la scène artistique, il répondra que sa passion est de chante, qu’il aime son travail, qu’il aime son public, mais qu’il n’est pas de ceux qui frappent aux portes des administrations pour quémander un gala. Invité à donner son point de vue de militant sur l’officialisation éventuelle de tamazight, il affirmera que quand un peuple perd son histoire et sa culture, il perd ses habits. Et dans ce cas, il se retrouve obligé de porter les habits des autres qui ne sont pas forcément taillés pour lui. Or, le peuple algérien a une chance inouïe de vivre encore dans sa culture. Tamazight appartient à tous les Algériens et bien qu’elle soit le ciment qui unit le peuple, son institutionnalisation ne fut pas aisée. Elle fut le résultat d’un travail parsemé de sacrifices. Il dira aussi que ce travail doit continuer. C’est un droit pour tous les Algériens de revendiquer son officialisation. Car c’est un élément très important de leur identité. Même si dans les universités, les étudiants la relèguent au second plan, sous prétexte qu’elle « ne donne pas le pain », en ce sens que contrairement au français et à l’anglais, elle n’offre que très peu de débouchés. Ce n’est pas une raison, argumentera-t-il, car  « le pain » viendra plus tard. Et le peuple doit se réconcilier avec son identité. Il citera le cas du Canada où il y a deux langues officielles et celui de l’Afrique du Sud où pas moins de 11 langues officielles  sont pratiquées en parallèle sans aucun problème.  De toute façon, insistera-t-il, l’Algérie ne pourra aller de l’avant qu’une fois qu’elle aura réglé son problème identitaire. S’agissant de la transcription de tamazight, et même si ses faveurs à lui vont vers le tifinagh, car c’est l’habit originel de la langue, dira-t-il, il soulignera néanmoins qu’il préfère laisser les spécialistes en la matière trancher sur la question. En  ce qui concerne  la question de savoir si le répertoire des galas prévus pour vendredi et samedi sera adapté à l’évènement, c’est-à-dire s’il comportera des chansons engagées, il a précisé que la date du 20 avril est une étape importante dans l’histoire du pays et qu’il est impossible de la passer sous silence. Il y aura donc forcément des chansons de circonstances qui seront alternées avec des chansons sentimentales pour satisfaire tout le monde.  Quant à savoir s’il a l’intention de troquer un jour son luth contre une orchestration, il met l’accent sur le fait que ses cordes vocales et les cordes de son instrument sont si intimement  enchevêtrées qu’il est impossible de les démêler sans causer  quelques dégâts. Il explique en clair que ce n’est pas une mauvaise idée d’opter pour une orchestration, mais, précise-t-il, son public est si  habitué aux douces  notes de son luth qui épousent parfaitement la mélodie de sa voix que si un jour il venait à changer quelque chose à ce duo, il risque de  décevoir ses fans qui l’ont peut-être adopté pour cette particularité justement.                      

B. Mouhoub

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