Dans le cadre de la commémoration de 33ème anniversaire de printemps berbère 1980 et des évènements du printemps noir 2001, le directeur de la publication de La Dépêche de Kabylie, M. Idir Benyounès, a animé au niveau du CEM Tiaouinine Mohand Ouali, une conférence-débat sur les événements du 20 avril 1980. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la démocratie, l’hôte de Tagounits a, d’emblée, rendu un vibrant hommage à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la cause berbère et la promotion de la langue amazighe. Le conférencier a, par la suite, rappelé les circonstances qui ont conduit à la genèse des événements du printemps berbère. Dans ce sillage, Benyounès a expliqué que le mouvement berbère existait bien avant 80. « Avril 1980 était le fruit des sacrifices de plusieurs générations», dira-t-il. Abordant la conférence que Mouloud Mammeri devait animer à Tizi-Ouzou, l’orateur a indiqué que son interdiction a poussé les étudiants à s’organiser, de même que le corps médical. « Nous avons organisé la première marche depuis l’indépendance, le 16 avril 80 à Alger, et ce, après la naissance de collectif culturel du l’université d’Alger », dira Benyounès. Le conférencier ajoutera qu’il est temps de transmettre le flambeau pour la nouvelle génération afin qu’elle puisse continuer le combat, tout en éradiquant la haine au sein de la société kabyle. « La génération de 80 s’est sacrifiée et a milité pour que notre langue ait sa place dans son pays, il faut continuer et marcher sur le chemin tracé par les martyrs et les militants de la démocratie qui se sont sacrifié pour Tamazight. Aujourd’hui, et après 33ans de combat, il est temps de s’organiser. Certes, il y a entre nous des divergences, mais Tamazight et la démocratie nous unissent, c’est notre lutte commune », ajoutera le conférencier, appelant à l’union et à la solidarité pour faire avancer le combat identitaire, en insistant sur la nécessité de l’instauration de la tolérance et du respect « pour faire aboutir nos revendications ». Pour l’invité de l’association Thalalith, le moment est venu pour dresser un bilan concernant la langue amazighe. Il expliquera qu’« il faut chercher maintenant comment faire avancer la revendication identitaire et la démocratie… il faut trouver les outils adéquats pour le développement de langue à travers le territoire national » Un débat a, ensuite, été ouvert pour permette aux citoyens et aux invités de questionner le conférencier et d’assouvir leur curiosité dans un climat démocratique serein. Questions auxquelles Benyounès a répondu avec passion. A une question sur le rôle que peut jouer les jeunes d’aujourd’hui pour relancer le combat identitaire, l’orateur a répondu que « la jeunesse d’aujourd’hui, malgré les moyens dont elle dispose, n’est pas aussi engagée que les générations précédentes. Il faut lui inculquer le désir de lutter et de poursuivre le combat, mais avant cela, il faut mettre fin aux problèmes dus aux conflits des générations ». Il ajoutera que « Tamazight a besoin d’hommes politiques, d’hommes et de femmes de lettres et de culture et de tous les acteurs de la société». La révision de la Constitution a été également abordée par des intervenants, et dans ce sillage, le conférencier a précisé qu’il y a deux choix qui se présentent : «Soit on reste entre nous confiné ou on décide d’aller porter notre voix au niveau national pour l’officialisation définitive de notre langue » Idir Benyounes est également revenu sur le MCB, qui, selon lui, a beaucoup servi le combat identitaire, alors que le multipartisme n’existait pas : « Il faut reconnaitre que le MCB a été un outil politique, vu les circonstances de l’époque ». A la fin de la conférence, Benyounès a eu droit à des ovations chaleureuses de l’assistance et un diplôme d’honneur lui a été octroyé par l’association de Tagounits.
Slimane Ben Addi
