Les chômeurs haussent le ton à Bouira…

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La contestation sociale ne cesse de prendre de l’ampleur au niveau de la wilaya de Bouira.Cette fois-ci, ce sont les jeunes des quartiers dits défavorisés qui sont montés au créneau. 

Après le mouvement de grogne des enseignants, des transporteurs privés et publics, des travailleurs du pré-emploi et des commerçants, ce sont, cette fois, les jeunes des quartiers defavorisés qui ont investi la rue. Ainsi, dans la matinée d’hier, des dizaines de jeunes chômeurs, issus des différents quartiers populaires de Bouira, ont investi le siège de la wilaya dans le but de s’insurger contre leurs conditions de vie, qu’ils jugent déplorables, exigeant de rencontrer le wali pour lui faire part de la misère qu’ils vivent au quotidien. Ces manifestants, issus des cités des 130, 120 et 1100 logements, mais aussi de l’Ecotec et les Haouchs de la ville, ont tenu un sit-in devant le parvis de la wilaya, en scandant des slogans hostiles aux autorités locales.  » Nous sommes là car nous nous sentons exclus et marginalisés par la société. Nous n’avons aucun avenir, ni toit, ni travail, ni aucune perspective », ont-ils déclaré. Au fil des minutes, l’ambiance est devenue de plus en plus tendue. Certains manifestants, las d’attendre qu’une audience leur soit accordée par le chef de cabinet ou, éventuellement, le premier magistrat de la wilaya, ont carrément menacé de bloquer la route. Face à ces menaces, un important dispositif de sécurité a été dépêché sur les lieux afin de parer à tout débordement. Par la suite, ces jeunes ont été invités au dialogue par le chef de cabinet, avec un préalable de désignation d’une délégation représentative de leur mouvement. Toutefois, ce dialogue promis par les pouvoirs publics tardera à venir, poussant les protestataires à hausser le ton.  » Ils se moquent de nous! Ils nous ont dit que le chef de cabinet va nous recevoir. Mais force est de constater, que cela fait près d’une heure qu’on attend. C’est trop! », lancera Nacer, un jeune chômeur du quartier des 130 logements. Visiblement à bouts de nerfs, certains contestataires ont décidés de fermer le siège de la wilaya, y empêchant tout accès. D’autres, très en colère, ont failli fracasser le portail en verre. Pour essayer de contenir la situation qui semblait dégénérer au fil du temps, des policiers en civil sont intervenus pour raisonner la foule en ébullition. C’est à ce moment là que les protestataires apprirent que le chef de cabinet du wali était prêt à les recevoir. Cette annonce a fini par désamorcer la situation devenue explosive. Au cours de l’entrevue en question, organisée au bureau du chargé de communication de la wilaya, les délégués de ce mouvement ont interpellé leurs interlocuteurs sur différents dossiers, notamment ceux ayant trait au logement et, surtout, à l’emploi. Mais au fil des minutes, une atmosphère de suspicion s’est emparée des contestataires restés dehors. La cause? Certains d’entre eux ont affiché leur méfiance à l’égard de leurs délégués.  » On veut être présents! Ces tractations à huis clos n’annoncent rien de bon », lancera Bachir, un des jeunes chômeurs restés à l’écart. Suite à cela, ses camarades ont vite fait de prendre d’assaut la porte du lieu de la réunion.  » On veut être associés aux discussions », ont-ils scandé. Il aura fallu l’intervention des forces de l’ordre et beaucoup de sagesse de la part des éléments de la sûreté de la wilaya pour les faire revenir à de meilleurs sentiments. Après plus de deux heures de négociations, parfois tendues, car on entendait les cris des uns et des autres raisonner à travers les murs, la délégation est ressortie, pour ainsi dire bredouille. Et pour cause, le chef de cabinet a clairement dit à ses interlocuteurs qu’il n’avait aucune prérogative pour leur faire des promesse, que ce soit en matière de logements et encore moins d’emploi. Ces déclarations, ont eu l’effet d’une douche froide sur ces jeunes qui se disent abandonnés par les pouvoirs publics. Qu’à cela ne tienne, après une courte réflexion, décision fut prise de se diriger vers le siège de la daïra de Bouira, afin d’y rencontrer son premier responsable. Vers les coups de 12h30, la foule assiégera le siège de la daïra et y demandera audience auprès du chef de daïra. Cependant, cette doléance n’a pu être exaucée, car ce responsable était absent. À noter, enfin, qu’au moment où nous mettons sous presse, les contestataires maintiennent leur sit-in devant le siège de la daïra et exigent la révision des listes des bénéficiaires des logements sociaux, qu’ils considèrent comme  » douteuses ».              

 Ramdane B.

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