Les plus avertis auront remarqué que l’auteur du célèbre Le vieil homme et la mer n’est pas cité. Ce n’est sans doute pas un oubli, c’est plutôt sur lui qu’est jeté notre dévolu dans cet article. C’est en fait le roman Pour qui sonne le glas qui a fait la renommée d’Ernest Hemingway, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Né en 1899 à Oak Park dans l’Illinois, Hemingway, la liberté rare que lui procurent les aventures de chasse et de pêche dans une éducation stricte de famille bourgeoise. Ses sorties forgeront sa jeunesse et son talent d’auteur plus tard. Le journalisme lui ouvre ses bras en 1917 comme reporter au Kansas City Star, après avoir délaissé ses études universitaires. La déficience de sa vue l’exempt du Service national, mais la première guerre mondiale ne lui fait pas de cadeau. Il devient conducteur d’ambulance pendant la guerre et ne tardera pas à recevoir un obus. Grièvement blessé, il sera témoin de la mort de beaucoup de ses compagnons. C’est à Paris où il était correspondant du “Star de Torrento” après la guerre, qu’il rencontra beaucoup d’écrivains expatriés américains, comme Gertrude Stein et Ezra Pound. A partir de 1927, il s’installe en Floride puis en Espagne, au début de la guerre d’Espagne, il regagne la vie de journaliste comme correspondant de guerre. C’est de cette période qu’est issu l’une de ses plus grandes œuvres, à savoir “Pour qui sonne le glas”, publié en 1940, où il saute de ses expériences personnelles au milieu de la guerre, à la fiction romanesque. Cependant, la subjectivité est de mise dans ce roman où il exhibe son engagement moral et politique en faveur des républicains espagnols. Robert Jordan, le personnage principal du roman, archétype de l’intellectuel engagé, se voit confier la sale mission de faire sauter un pont, d’où la grande réussite de la suite des combats. Cette aventure est doublée par ailleurs d’une histoire d’amour, entre Robert et Maria, violée par les franquistes est recueillie par les républicains cette histoire et ce roman nous rappelle “la dernière impression” de Malek Haddad, où le personnage principal est appelé par ses frères “les moudjahidine” pour faire sauter un pont qu’il avait lui-même construit avec les Français. Si Pour qui sonne le glas, est le premier grand succès d’Ernest Hemingway, il est également son premier roman engagé. Les récits de ce grand auteur sont tirés de ses expériences diverses, buveur excessif, amateur de corridas, chasseur, pêcheur et sportif en même temps. Sa vie aventureuse, a toujours contredit sa position sociale bourgeoise, où il se plaisait à côtoyer la mort.Hemingway fait partie de la “lost génération”, un groupe d’écrivains américains dont certains ont participé à la Première guerre mondiale en France, et désenchantés par l’absence de valeurs morales aux USA de l’après-guerre, ont dû rejoindre Paris pour s’y installer. Les plus illustres de cette génération d’auteurs qui n’ont pas cessé de fustiger, dans un langage artistique, la situation de déclin des valeurs sont, en plus d’Hemingway, Fitzgerald, Dos Passos, Malcolm Cowley et Archibald Mac Leish. Ces auteurs seront d’ailleurs cités dans Paris est en fête, un recueil de souvenirs d’Hemingway publié en 1964 à titre posthume.Hemingway a durant sa vie littéraire, jonglé avec les thèmes et les styles. Mais aussi, les genres littéraires allant du roman aux nouvelles et du théâtre aux souvenirs et récits. Dans les années trente, il porte son intérêt aux désespoir et la défaite, pour passer aux problèmes sociaux divers. Dans le roman En avoir ou pas (1937), et dans sa seule pièce de théâtre La cinquième colonne (1938, il condamne sans retenue aucune les injustices économiques et politiques aux Etats-Unis).Hormis Pour qui sonne le glas, Le vieil homme et la mer reste l’œuvre la plus célèbre d’Hemingway, où il met en scène un vieux pêcheur, qui livre un combat héroïque et solitaire pour ramener sa pêche à terre, où l’attend un petit admirateur, plutôt un enfant ami à lui. Cette œuvre titanesque qui lui a valu le prix Pullitzer, en 1953, est l’une des œuvres les plus lues et traduites dans le monde. En 1954, Hemingway reçoit le Prix Nobel pour la totalité de ses œuvres qui sont (romans) : Le soleil se lève aussi (1926), L’adieu aux armes (1929), En avoir ou pas (1937), Pour qui sonne le glas (1940), Au-delà du fleuve et sous les arbres (1950), Le vieil homme et la mer (1952).Nouvelles : De nos jours (1925), Hommes sans femmes (1926), Mort dans l’après-midi (1932), Le gagnant ne gagne rien (1933), Iles à la dérive (1970) à titre posthume.Hormis ces deux genres, Hemingway a écrit La cinquième colonne (théâtre, 1938), Œuvres poétiques en 1960, Les vertes collines d’Afrique (Souvenirs de chasse, 1935), Paris est en fête (recueil de souvenirs, 1964 à titre posthume).Hemingway se suicide avec une arme à feu le 2 juillet 1964, après une dépression.
Salem Amrane
