«Le pouvoir actuel finira par partir»

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Abou-Djerra Soltani a fait sa part belle, jeudi dernier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, en s’érigeant en donneur de leçons sur la démocratie et ses pratiques. Le chef de file des islamistes, venu faire l’éloge à ses candidats aux partielles, en compagnie de son très médiatisé ministre des travaux publics, Amar Ghoul, a développé un discours «moderniste et modérateur» face à une assistance clairsemée, composée essentiellement de femmes voilées. «On fera apprendre la démocratie qui est, pour nous, un concept très vaste», a déclaré le président du Mouvement de la société de la paix (HMS). Une déclaration qui sonne tel un glas annonçant l’extinction des partis dits de la mouvance démocratique !Les intentions du leader de l’ex-Hamas de «prendre le pouvoir à petits pas», ont été clairement annoncées par le ministre d’Etat, sans portefeuille, qui a prédit que «le pouvoir actuel finira par partir et que le HMS n’est pas pressé de le prendre» en l’état actuel de la situation du pays. Venu en concurrent sur un terrain traditionnellement acquis aux partis démocratiques, l’orateur ne manquera pas d’épingler ces derniers ainsi que l’administration qui «prend le dessus sur les élus en les vidant de toutes les prérogatives». Sans prendre pour autant le risque de crier à la partialité de l’administration lors du scrutin du 24 novembre prochain, Soltani s’est montré septique face à l’utilité d’élire les représentants du peuple. Ce genre du discours n’a pas manqué de susciter l’étonnement de certaines personnes qui ont vu en un Abou-Djerra, membre du gouvernement et de l’Alliance présidentielle, s’en prendre au pouvoir et aux démocrates. Certains pensent d’ailleurs que l’islamiste a senti le vide laissé par les démocrates dans leur bastion et a profité de cette défaillance pour conquérir cet espace par un discours idéologiquement étranger à sa mouvance.Le HMS représenté dans la wilaya de Tizi Ouzou par quatre listes aux mairies de Ain El Hammam, Drâa Ben Khedda, Drâa El Mizan et Sidi Nâamane ainsi que par une liste à l’APW, prône, selon son président, une gestion participative aux assemblées élues. Il précisera également que son parti est «disposé à contracter des alliances avec les forces qui œuvrent pour servire le citoyen et favorisent le développement».Parmi les priorités contenues dans le programme de campagne de ce parti, Soltani a mis en relief les projets de proximité qui intéressent directement la vie quotidienne des citoyens, avant d’exhorter l’assistance à «faire confiance en ses candidats et de les contrôler une fois élus» à la tête des mairies où ils se sont présenté.Répondant à une question d’un citoyen qui a voulu savoir si le HMS compte lutter contre la corruption, le patron du courant islamiste s’est contenté de préciser que ce fléau gangrène toutes les assemblées élues et les administrations. L’orateur n’a pas manqué, par ailleurs, de montrer sa patte blanche en assurant que «les conflits et affrontements en cours ne nous intéressent pas et que nos mains sont propres et non tachées de sang». La participation du HMS à ces élections s’inscrit dans la lancée du parti qui a participé à toutes les échéances électorales qu’a connues le pays depuis 1994, a- t-il conclu.

M.A.T

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