Les villageois de la localité d’Ouled Larbi, relevant de la commune d’El Mokrani, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, se disent irrités par leurs conditions de vie qu’ils jugent indignes.
Ce hameau, de près de 1 300 habitants, est pour ainsi dire laissé à l’abandon depuis l’indépendance. Ce mal être et ce sentiment d’abandon ont fait naître, au sein de la population, un profond malaise et une sensation d’injustice et d’exaspération. En effet, les moindres commodités font défaut. Les villageois, rencontrés sur les lieux, réclament, notamment le raccordement de leurs foyers à l’eau potable et au réseau du gaz naturel, l’aménagement des routes. «Notre village n’a bénéficié depuis l’indépendance, d’aucun plan d’aménagement. Nous sommes isolés du monde. Nous manquons de tout », dira un villageois. Concernant le raccordement au réseau AEP, certains habitants ont noté le fait que plusieurs demandes ont été faites auprès des services concernés, mais, selon eux, celles-ci sont restées lettres mortes. «On nous a promis l’eau ! Où est-elle ? », s’est interrogé Ahmed, un ancien moudjahid, originaire d’Ouled Larbi. Avant d’ajouter : « Nous sommes encore et toujours contraints de nous approvisionner en eau à partir des puits forés par nos ancêtres». Un autre citoyen déclarera que lui et ses enfants continuent à s’approvisionner en eau à dos d’âne. Mansour, commerçant, assure que les autorités de la wilaya se sont, pourtant, engagées à les alimenter en eau potable, à partir du barrage de Koudiat Acerdoune, sis dans la commune de Maâla. « En 2011, l’ex wali, Ali Bouguerra, nous avait promis que notre localité allait être alimentée à partie du barrage. Deux ans plus tard, rien n’a été encore réalisé. Aujourd’hui, nous sommes toujours obligés de parcourir des kilomètres pour nous approvisionner en eau», vociféra-t-il. Quant au gaz naturel, ces villageois ont perdu l’espoir de voir leur foyer raccordé à ce combustible. « Si au moins les bonbonnes de gaz butane sont disponibles ! C’est honteux de recourir, en 2013, au bois pour nous réchauffer ou pour faire la cuisine», s’indigne Raouf, un père de famille. Et d’ajouter : «Les rares bonbonnes, qui nous sont parvenues, on les a arrachées à prix d’or. Nous nous sommes donc résignés à nous chauffer avec du bois que nous ramassons dans la forêt ». Ces villageois, abandonnés à leur sort, ne savent plus à quel saint se vouer pour mettre un terme à ce calvaire qui n’a que trop duré. Pour rappel, en 2011, ces mêmes villageois avaient tenu un sit-in devant le siège de la wilaya, afin d’exprimer leur colère et réclamer un semblant d’aménagement pour leur hameau. « Nous voulons une route digne de ce nom et non une piste à peine praticable», avait scandé à l’époque le porte-parole de ce mouvement de protestation. La seule route, qui mène au village, n’est, en effet, qu’une piste qui s’allonge sur plus de 6 kilomètres. De plus, elle est dans un état de délabrement avancé. Des crevasses et des nids de poules y sont légions. Récemment, la population d’Ouled Larbi avait interpellé le premier magistrat de la wilaya, lors de sa visite au niveau de la commune d’El Mokrani. Certains villageois ont même demandé au wali de venir pour voir de ses propres yeux la misère dans laquelle ils vivent. « Venez voir où nous habitons ! Nous maisons sont en terre (toub) et nous nous chauffons au bois (…), la seule piste, que nous avons, date de l’ère coloniale», dira un villageois. L’actuel wali, M. Maaskri, a promis une prise en charge complète de leurs doléances, tout en informant les différents directeurs de l’exécutif, notamment le DTP, la DUC et directeur des énergies et mines, afin de procéder au commencement des travaux de développement pour cette localité perdue aux confins de la wilaya.
Ramdane B.