Après plus d’une vingtaine d’années, la commune de Haïzer a renoué avec la tradition ancestrale de «Timechret tbourt lmkhazen », tradition qui a disparu, au fil du temps, notamment à cause de la décennie noire.
Il s’agit là d’une initiative de l’association Assalou en collaboration avec le comité du village Tazemourt et l’APC. Coïncidant avec la commémoration du Printemps berbère, Timechret a rassemblé l’ensemble des citoyens de l’Aârch N’Ath Medour, mercredi dernier. Cette fête conviviale s’est déroulée sur la place publique du village. Selon M. Djellaoui Mohamed, docteur en langue et littérature amazighe, cette placette est un patrimoine historique. « Cette place recèle tout un pan de l’histoire de la région. Autrefois, à l’époque Ottoman, cet endroit était un carrefour commercial de toute la région où étaient emmagasinés les stocks de blé nécessaire en cas de guerre et de conflits. Par ailleurs, c’est ici, sur cette place, que les sages et les notables de la région se réunissaient pour trouver des solutions aux problèmes des villageois. A telle enseigne que cette place, de par sa renommée, a servit de « tribunal » pour les villageois des régions limitrophes», a-t-il dit. De son côté le P/APC de Haïzer, M. Chabane Meziane, n’a pas caché sa joie de voir un tel événement se reproduire après tant d’années passés dans l’oubli : « J’appelle à la mobilisation de tous les villageois des autres localités pour que ce patrimoine légué par nos ancêtres ne sombre pas dans l’oubli. Nous tenons à ce que les citoyens de tous les villages d’Ath Medour puissent trouver ainsi un cadre convivial pour entamer des discussions et débattre des projets bénéfiques pour la société. Pour cela, nous allons entamer un projet pour la réalisation d’une infrastructure qui servira à recevoir de telles manifestations». Ainsi, pour l’édile de Haïzer, « Axxam Lâarch » sera l’un des projets qui sera à même de contribuer pour consolider les idées, entériner des décisions en toute démocratie, comme cela se faisait auparavant. Sur les lieux, le jeune Douar Chabane, un des initiateurs de Timechret, l’animateur de cet événement, s’est déclaré ravi par l’ambiance régnante. « L’idée est venue d’un groupe de jeunes. Nous étions curieux de revivre cette animation particulière qu’est Timechret et ressentir ce qu’un tel événement pouvait susciter comme émotions…Partager des sentiments aussi forts vont bien au-delà de recevoir sa quote-part de viande où savourer un couscous pour lequel chacun a contribué», affirme-t-il. Le jeune Chabane, 25 ans, veut également mettre en avant la modernité et le savoir dans cette fête singulière. Pour cela, il annoncera la création d’un fond pour les jeunes désirant poursuivre leurs études à l’étranger. « Nous allons créer une caisse pour les jeunes qui ont bénéficié de visas d’études pour l’étranger et nous essayerons de les aider. Une fois installés à l’étranger, ils pourront de nouveau alimenter cette caisse au profit d’autres jeunes qui à leurs tours bénéficieront de la même aide et ainsi de suite». Des cours de soutiens aux élèves des classes d’examens seront également assurés par des bénévoles de cette association Assalou. Tout au long de cette journée festive, couscous et aziraoui (plat traditionnel à base de galettes, d’œufs et de miel) étaient proposés aux visiteurs.
Toufik Sinacer