Le chahid Mohamed Louna revisité

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Le collège de Tamdikt, dans la basse M’Kira, a abrité avant-hier samedi 4 mai, une cérémonie de recueillement à la mémoire du chahid Mohamed Louna qui a donné son nom à l’établissement.

«Cette commémoration s’inscrit dans le cadre du programme annuel tracé conjointement par la fédération des fils et filles de Chahouda, la fédération des ayants droits de Chouhada et l’organisation nationale des moudjahidines de la daïra de Tizi-Gheniff.  Avec la collaboration des APC de Tizi-Gheniff et de M’Kira, du musée régional du Moudjahid et celle de la direction de l’éducation de Tizi-Ouzou », nous confie M.Tahar Chaouchi, l’un des organisateurs.  Dès la matinée, des membres de familles de chouhadas, d’anciens moudjahidin et beaucoup d’invités ont rejoint le collège de Tamdikt. Après le retour du carré des Martyrs d’Adila, où  a eu lieu la cérémonie de recueillement à la mémoire des chouhadas, les autorités et invités entamèrent la cérémonie de commémoration. C’est M. Essaid Amar, le directeur du collège, qui prit en premier la parole pour souhaiter la bienvenue à l’assistance. Des compagnons de lutte du chahid se succédèrent par la suite pour rappeler les faits d’armes du héros, à l’image de Samemkour Slimane, Fadjar Amar dit Amar Mirabeau, Rabah Bendif et beaucoup d’autres anciens maquisards. « Mon frère Mohamed est né en 1938 à Bouhadj, relevant du douar de M’Kira. Notre famille était  une famille de paysans. Nous ne pûmes aller à l’école, car la seule qui existait était située à Tighilt-Oukerrouche, très loin de notre village. Mon frère mohamed comme tous les enfants de la famille se contentèrent de l’école de la vie », nous raconte Slimane, le frère du Chahid. Il ajoutera qu’ils furent séparés un certain mois de juillet 1959, après un implacable ratissage de l’armée française baptisée opération « Jumelles ». « Il faut savoir que notre village Bouhadj était un véritable fief de militants acquis à la cause nationale bien avant le déclenchement de la révolution. Après le déclenchement de celle-ci, notre village de par sa situation géographique, est devenu le passage obligé pour aller de l’une à l’autre des wilayas III et IV et celle autonome d’Alger. Aussi, tous les maquisards de ces trois wilayas historiques transitaient par notre village, y ayant trouvé refuge », ajoutera encore Slimane. Il racontera également que son frère Mohamed, leur avait demandé de lui envoyer des photos de la famille qui s’était réfugiée à Alger après que toute la population des villages de M’Kira fut contrainte à l’exode, avant d’être parquée dans des camps. Pour sa part, M. Salemkour Slimane, compagnon de lutte du martyr, tiendra à retracer tout le chemin de ce dernier depuis son arrivée dans leur groupe, ainsi que toutes les batailles et accrochages menés. « C’est en 1956 que le jeune Mohamed Louna nous a été ramené et présenté à Aït Rahmoune, où notre groupe se trouvait, sous le commandement de Mohamed Arab. Notre groupe avait en charge trois secteurs à savoir Aït Yahia Moussa, M’Kira et Nezlioua », relatera, les larmes aux yeux, M. Slimane Nacef. Celui-ci évoquera toutes les batailles ou accrochages livrés contre l’ennemi. Quant à M.Said Abahri, un autre ancien maquisard qui n’était pas du même groupe, il racontera qu’il ne fit la connaissance de Mohamed Louna qu’en ce jour fatidique de la capture du héros par l’armée coloniale, alors qu’il était à la tête d’une section de révolutionnaires. « Aux premiers coups de feu de l’ennemi, nous vîmes tomber Louna Mohamed, sa mitraillette vola au loin. Il ne put la récupérer. Nous fîmes marche arrière tout en continuant d’échanger des tirs avec l’ennemi. Il nous a fallu nous rendre à l’évidence qu’au vu de la supériorité tant numérique que de puissance de feu de notre ennemi, il nous fallait décrocher. Nous vîmes que notre compagnon était blessé mais encore vivant », témoignera Said Abahri d’une voix étranglée d’émotion. Capturé Louna Mohamed connaîtra les plus horribles sévices au camp de Tamdikt, avant son transfert au deuxième camp de Tizi-Gheniff où il sera exécuté sans autre forme de procès, Son corps ne sera jamais retrouvé. Après des témoignages aussi bouleversants les uns que les autres, plusieurs activités culturelles ont été présentées par les collégiennes et collégiens qui avaient préparé avec soin leur participation à cet hommage au grand homme qui a donné son nom à leur établissement.   La commémoration s’est achevée par un déjeuner offert par l’APC de M’Kira, auquel ont été conviés tous les présents.                

 Essaïd. Mouas.

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