«Je prépare un opéra sur Ahedad Uqalus»

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Alilou, de son vrai nom Ali Ben Challal, a fait les beaux arts et a suivi des études en musicologie, se spécialisant en chant d’opéra. Rencontré à Sebt, chef lieu de la commune d’Ath Yahia, le week-end dernier, il a eu la gentillesse de nous accorder cet entretien. Il y parle de ses projets et des tournées qu’il compte faire en Algérie et en France, dans les mois qui viennent.

La Dépêche de Kabylie : Pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Alilo : Je suis chanteur, auteur et compositeur, de la nouvelle génération. J’essaye de faire le maximum de recherches musicales et poétiques par amour de la chanson kabyle. J’essaye de lui apporter une touche de modernité et j’ai pour ambition de la faire connaître un peu plus dans le monde entier.

A quand remonte votre dernier album?

J’ai sorti mon dernier album l’année passée. Nous les chanteurs de la nouvelle vague, nous avons tendance à faire un album chaque année. Mais vu ce qui se passe avec le piratage, on ne peut plus se permettre un album chaque année. Nous sommes contraints à ne faire que des Singles, une à deux chansons par CD. Et c’est vrai que c’est une culture plus occidentale. Les gens, chez nous,  ont l’habitude à avoir 8 ou 12  titres dans un album.

 

Parlez-nous un peu de votre public à l’étranger…

Le public kabyle est des plus fidèles. Il remplit les salles, et suit ses chanteurs et ses artistes où qu’ils se produisent. J’ai fait des villages reculés, dans la frontière franco-belge, je fus impressionné par la mobilisation de mon public. Je ne m’attendais vraiment pas à ça ! La salle était archicomble, c’est vraiment un public très chaleureux.

Quels sont vos thèmes de prédilection ?

J’ai un faible pour la revendication identitaire, pour la culture. Il y a également le sujet incontournable, celui de l’amour. Il existe depuis la nuit des temps. Je touche aussi aux thèmes religieux, d’ailleurs, j’ai tendance à faire dans chaque album une ou deux chansons religieuses, car ça a toujours accompagné la chanson kabyle. J’en veux pour exemple Brahim Irzi, que Dieu ait son âme. C’est quelqu’un qui a beaucoup chanté le religieux et le spirituel, des chants de zaouïa. J’essaye, à mon niveau de moderniser le style avec des chorales polyphoniques, des sons et des instruments modernes.

Pourriez-vous nous parler de vos projets pour la saison estivale, notamment le mois du Ramadan?

Là je suis rentré juste pour 15 jours, le temps d’enregistrer mon prochain titre puis, je retourne en France. Là-bas, j’ai déjà une série de dates programmées un peu partout dans l’hexagone. Le 31 mai, les 14, 15 juin je me produirai à paris, et le 28 juin je serai à  Marseille. Au mois de ramadhan prochain, Inch’Allah, je reviendrai au pays, car j’ai déjà 3 dates programmées avec l’office national de la culture et de l’information (ONCI) pour des soirées ramadhanesques et 3 autres avec la maison de la culture de Tizi Ouzou, puis après le mois de carême, c’est des galas pour des mariages un peu partout en Kabylie.

D’autres projets plus lointains ?

En ce qui concerne la composition, je compose tous le temps, dès que j’ai une inspiration, surtout quand je descends au bled. J’y reviens pour me ressourcer, c’est un peu spécial chez moi (rire). Je prépare pleins de choses et je préfère en faire des surprises pour mon public. Je suis en train de préparer un opéra (une comédie musicale) en kabyle sur plein d’histoires, notamment sur « Ahedad Uqalus », une histoire très connu en Kabylie. C’est quelqu’un qui a incendié un village car en lui a volé sa femme. C’est une vraie histoire qui s’est déroulé dans la région d’Iferhounene. J’essaye en ça de donner une autre dimension à la chanson kabyle à travers la comédie musicale. Je compte y faire participer plusieurs artistes, connus et moins connus.

Il paraît que vous fabriquez vous-même votre flûte de pan. Pourriez-vous nous en dire plus ?

A chaque fois que je suis approché par mes fans, ici ou en France, ils me parlent de cette fameuse flûte faite en bambou ou tout simplement en roseau. J’ai fabriqué ma première flûte lorsque j’avais douze ans. Je m’étais inspiré d’un dessin animé qui passait à l’époque. Puis à force, j’ai fini par maîtriser la confection de l’instrument et j’ai commencé à l’utiliser dans mes chansons, mes albums et aussi dans mes prestations à la TV.

 

Je vous laisse le soin de conclure…

Je souhaite un merveilleux avenir pour la chanson kabyle. Nous pouvons tous y contribuer, en travaillant toujours plus. Pour la faire connaitre au niveau mondial, il faut une musique de qualité. Je souhaite également qu’on trouvera une solution au problème du piratage, car il va finir par tuer la création et, par ricochet, l’artiste. Nous ne vivons déjà plus que grâce aux galas et aux spectacles… Il faut vraiment arrêter le phénomène, car il prend de plus en plus d’ampleur.

 Propos recueillis par Yacine Saou.

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