À moins de 15 jours de l’examen du bac, prévu pour le 2 juin, seule clé qui ouvre les portes de l’université les élèves des classes de terminales n’arrêtent pas de réviser les leçons étudiées durant l’année scolaire et de s’entraîner sur des exercices puisés dans les annales de cet examen.
Les cours au niveau de leurs établissements sont arrêtés depuis le 2 mai, et une période de trois à cinq jours, selon les filières, a été réservée au bac blanc, censé mettre les élèves dans la même ambiance et les mêmes conditions que le véritable examen du bac, une sorte de préparation pour le jour J. après cet examen blanc, le reste du temps, soit jusqu’au 2 juin, est consacré exclusivement aux révisons. Et, en ce moment, les candidats au bac, chacun à sa manière, s’acharnent dans leurs révisions. Les parents aussi s’impliquent pour aider leurs enfants dans cette quête du bac. Et même ceux aux revenus modestes paient des cours de soutien à leurs enfants, surtout en cette période de préparation intense des examens. Ces cours, ou plutôt ces exercices d’entraînement, même s’ils se déroulent dans des conditions matérielles pas très confortables, selon ceux qui les donnent et qui sont les mêmes enseignants dans les mêmes lycées, « sont mieux suivis et mieux compris par les élèves que les leçons dispensées en classe. Rien que ça ! S. Bachir, professeur de sciences naturelles au lycée Polyvalent du chef-lieu de wilaya de Béjaïa et qui donne aussi des cours de soutien dans…un garage loué et aménagé en salle de classe, souligne qu’« ici, les élèves viennent de leur…plein gré. Il n’y a ni feuille d’absence, ni surveillant, ni directeur pour leur demander des comptes. Ils sont là parce qu’ils le veulent et sont animés d’une grande volonté d’apprendre ou de comprendre ce qu’ils n’ont pas réussi à faire en classe. J’ai dans ma classe quelques uns de mes propres élèves, mais il y a aussi des élèves issus d’autres établissements. S’ils comprennent mieux ici, c’est que le groupe ne dépasse jamais la dizaine d’élèves par séance, et la barrière professeur-élèves n’existe pas, il y a une sorte d’intimité qui se crée. S’ils posent une question, c’est qu’ils ont vraiment besoin de réponses. Et puis, comme c’est payant, ils ne veulent pas que leur argent parte en fumée. Je vous assure qu’en cette période de préparation du bac, où je ne fais faire que des sujets d’examen, je suis envahi de demandes que, malheureusement, je suis obligé de refuser, faute de temps et d’espace ».
«Comme c’est payant, ils ne veulent pas que leur argent parte en fumée. »
Pour ce qui est des techniques de révision individuelle, elles changent selon les filières et selon qu’on soit fille ou garçon. Dans certains quartiers, des directeurs d’écoles primaires ont mis quelques classes, en dehors des heures de cours, à la disposition des élèves de terminale pour leurs révisions. Mais là si les garçons qui y vont et y veillent jusqu’à une heure tardive de la nuit, les filles, elles, sont obligées de rentrer à l’heure fixée par leurs parents, qui ne va généralement pas au-delà de 20 heures. « Le travail en groupe est très payant. On discute et chacun donne son idée et on vient à bout de toutes les difficultés. Le problème, c’est qu’au jour du bac, risque de se sentir seul devant la feuille d’examen », explique Farid, élève de terminale mathématiques au lycée Polyvalent. Lynda, de la même classe, lui rétorque que « quand on travaille seul à la maison et si on n’a pas compris un sujet, il n’y a personne qui pourrait donner une amorce de solution ». Kaci, élève de terminale lettres, qui a échoué l’an dernier de justesse et qui ne travaille que la nuit et seul, dira : « Moi, je ne travaille que la nuit où tout est calme, et je dors le jour. Les leçons, je les apprends en les recopiant plusieurs fois de suite, au moins trois à quatre fois. Je les fixe mieux ainsi qu’en les lisant et en les relisant dix fois. J’apprends mes leçons par cœur, parce que même si je connais la réponse à la question, je ne saurais répondre par mes propres phrases ». Sabrina, élève de terminale en gestion économique, dira quant à elle : « Depuis le 2 mai, je passe mes journées à la maison à travailler et à grignoter ce que je trouve dans la cuisine. Le moindre exercice demande au moins trois heures de travail. Et quand j’en commence un, j’y vais jusqu’au bout. Mais s’il y a un blocage, je vais à la cuisine et j’y prends ce que j’y trouve, un verre d’eau ou de limonade, un sandwich ou un fruit, et je reprends le travail ». Interrogé sur sa manière de préparer son examen, S. Bilal, élève de terminale math qui passe son bac pour la troisième fois, nous dira : « Moi, j’ai passé deux fois le bac sans succès, j’espère que cette fois sera la bonne, car je m’y prépare sérieusement. Après des cours privés, je me rends à l’école primaire pour travailler avec des camarades, et quand je rendre à la maison, je passe mon temps à résoudre des équations. Je veille tard la nuit et quand je me réveille vers midi et demi ou une heure, je reprends encore mes équations. Comme ça, si je le rate encore, ce ne sera pas faute de ne pas avoir travaillé et je n’aurais aucun regret ».
B. Mouhoub