La journée nationale de l’étudiant a été pompeusement célébrée à l’université de Béjaïa. En effet, c’est dans un climat à la fois festif et constructif que s’est déroulée le 19 mai , avec l’organisation d’un gala artistique au niveau du campus universitaire d’Aboudaou, dans la journée, et d’une conférence sur le mouvement estudiantin dans la soirée, au niveau de la résidence universitaire des 1000 lits. La conférence a suscité un grand un intérêt chez les étudiants, nombreux à y avoir assisté. Ce fut une occasion pour mesurer l’importance de cette journée dans l’histoire de l’université algérienne et faire le point sur la situation actuelle de l’étudiant algérien. Le 19 mai 1956, pour rappel, est le jour où les étudiants algériens, sensibles à la cause nationale, ont décidé de déserter les amphithéâtres pour rejoindre les maquis et combattre, aux cotés de leurs frères Moudjahid, l’impérialisme français. Une date historique et hautement symbolique, qui reste malheureusement méconnue, même à l’université. La conférence comportait trois communications animées par Sébastien Chaillou, étudiant à l’université de Paris et membre de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), Tahar Sirir, étudiant algérien en France et membre de l’Union des étudiants algériens de France, et Mahmoud Allouche, étudiant en droit à l’université de Béjaïa. Sébastien Chaillou a d’abord présenté son organisation qui défend, depuis 1907, les intérêts des étudiants français, soulignant le fait que l’UNEF a défendu, lors de la guerre de libération nationale, l’indépendance de l’Algérie. Sans le dire ouvertement, Sébastien Chaillou estime que les étudiants algériens doivent s’organiser dans une structure, sans doute similaire à l’UNEF, afin de mieux défendre l’intérêt de l’étudiant. Tahar Sirir, quant à lui, a évoqué les conditions d’accueil des étudiants algériens sur le sol français. Des conditions que nous savons difficiles, surtout avec les dernières complications, enregistrées aussi bien du côté algérien que français, et qui sont d’ordre financiers, comme l’augmentation des frais d’inscription dans les universités et le rehaussement du montant du compte en banque requis (plus de 6000 euros), mais aussi le changement du statut de l’étudiant, qui demeure le plus grand souci des étudiants algériens. Et pour que changent certains textes de loi qui régissent, entre autres, ces questions, l’organisation des étudiants algériens en France essaye de faire valoir ses idées auprès des Etats français et algérien. La troisième communication, animée par Mahmoud Allouche, a porté d’abord sur un bref retour sur l’histoire du mouvement des étudiants et leur implication dans la guerre de libération nationale, avant de s’axer sur la situation actuelle de l’étudiant algérien. Une situation « catastrophique », selon le conférencier, à cause du désengagement financier de l’Etat dans le secteur de l’enseignement supérieur, jugé « improductif » pour continuer de bénéficier de subventions. Le conférencier condamne vivement cette politique, arguant qu’elle vise « la mise à genoux de l’enseignement public au profit d’un enseignement privé et payant, qui ne serait accessible que pour les couches aisées de la société ». Selon lui, « l’université doit être, d’abord et avant tout, un lieu de savoir, où s’acquièrent les connaissances universelles, avant de devenir une réserve de main d’œuvre pour les entrepreneurs, par la professionnalisation toujours croissante des diplômes, notamment avec le système LMD », a-t-il expliqué. Par ailleurs, le comité de la cité organisatrice ne compte pas s’arrêter à cette conférence, il prévoit, pour les prochaines jours, d’autres conférences, dira un organisateur.
M.H. Khodja