«L’épicentre était moins profonde»

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La région de Béjaïa a enregistré une intense activité sismique ce dernier semestre. Est-ce une activité normale ou annonciatrice d’un important tremblement de terre comme le redoutent ses habitants ?

Effectivement, Béjaïa a enregistré deux importants séismes, de magnitude de 5,5 et de 5,0, localisés en mer à l’Est du chef-lieu. Alors que la population, non initiée, trouve que c’est anormal, le CRAAG, de son côté enregistre une centaine de secousses à travers le territoire national. Nous n’avons enregistré aucune augmentation, ni diminution de l’activité sismique normale, laquelle se caractérise par une activité continue dans le temps, avec une magnitude modérée. C’est un affrontement entre la plaque africaine et celle euro-asiatique.

Les séismes du 19 et du 26 mai se sont produits un dimanche. Cela relève-t-il du hasard ou faut-il s’attendre à un autre séisme dimanche prochain ?

En toute honnêteté je sais que c’est une question que se posent beaucoup de gens, et d’ailleurs, avant le séisme de mai 2003 qui avait frappé la région de Boumerdès, la population appréhendait le mois d’octobre, par rapport au séisme d’octobre 1980. Le séisme est une activité interne de la terre, laquelle relâche, après un important emmagasinage de l’énergie, qui peut se produire à tout moment et en tout lieu du nord algérien qui est une région sismique. La terre ne peut emmagasiner de l’énergie jusqu’à l’infini. Le séisme d’avant-hier est en réalité une réplique de celui de dimanche dernier. Tout ceci a été discuté lors du colloque tenu du 21 au 23 mai en commémoration du séisme du 21 mai 2003.

La magnitude déclarée par vos services pour celui du 19 est de 5,5 et de 5,0 pour celui du 26, alors que ce dernier a été ressenti plus fortement. Comment expliquez-vous cela ?

C’est tout à fait normal. Le premier a été évalué à une magnitude locale de 5,5 sur l’échelle de Richter et le second à 5,0, mais la différence est du côté de la profondeur de l’épicentre. Celui d’avant-hier était moins profond que celui de dimanche dernier. Donc les ondes du premier ont été atténuées par cette profondeur. Par ailleurs, cela est ressenti différemment d’une personne à une autre, selon qu’elle soit active ou au repos.

L’épicentre est souvent localisé en mer. Les gisements offshores découverts récemment à Béjaïa n’y sont-ils pas pour quelque chose ?

Je ne le pense pas. Il faut voir ça de près. Ce n’est pas la première fois qu’on enregistre des séismes dans la région du golfe de Béjaïa. Cela date d’avant la découverte de ces gisements. Le CRAAG a mené des études en mer depuis 2003 et par le biais de celles-ci, nous avons, en tant que scientifiques, une meilleure vision.

Est-ce que les séismes dont l’épicentre se trouve en mer sont moins dangereux que ceux qui se produisent en terre ferme ?

Dangereux ou pas dangereux, cela dépend des normes de construction et des études de terrain préalablement faites.  Le degré de fiabilité des bâtisses est le plus important. Il est temps de penser à construire en parasismique et le CRAAG contribue à cela en menant des études dans le domaine.

Doit-on s’attendre à un autre séisme dans la région ?

Nul ne peut répondre à cette question, mais apparemment, les choses semblent aller pour le mieux.

Le séisme d’avant-hier est, comme je l’ai dit, une réplique de celui de dimanche passé et d’ailleurs, il y a eu d’autres répliques par la suite dont une de 3,5 laquelle n’a pas été ressentie par l’ensemble des habitants de la région.

Propos recueillis par

A. Gana

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