Cherif Kheddam, l’éternel

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Cherif Kheddam, le monstre sacré de la chanson kabyle fut ressuscité le temps d’un hommage qui lui a été rendu, dans la soiréed’avant-hier, par la direction de la culture, en collaboration avec le mouvement associatif, dans le cadre de la célébration de la journée nationale de l’Artiste qui coïncide avec le 8 juin. 

La salle de spectacle de la maison de la culture Mouloud Mammeri était archicomble. Un public toujours présent lors des grandes occasions, et la cérémonie d’avant-hier en fut une. De grands noms de la chanson kabyle, des artistes de renom ont pris part à cet événement qui célébrait également leur journée. Il y avait Nouara, El Djida, Brahim Tayeb, Ali Meziane, Youcef Guerbas et beaucoup d’autres moins connus mais qui ont tenu à rendre hommage au maestro.  Le fils de l’artiste, Salah Kheddam, s’est vu remettre des cadeaux, dont un burnous, symbole d’authenticité à la hauteur de l’apport de son père à la culture algérienne en générale et berbère en particulier. Le présent lui fut remis par le premier responsable du secteur, M. Ould Ali. Le fils du chantre a déclaré que son père a beaucoup manqué à sa famille, de par sa carrière artistique qui demande il est vrai beaucoup de sacrifices, notamment durant les tournées. Il ajoutera néanmoins que c’était pour une noble cause, celle de la promotion de notre culture. Le directeur de la culture de la wilaya, et après avoir évoqué le parcours prestigieux du maestro et son apport à la culture, a passé en revue les activités organisées par son département, en marge de la célébration de la journée de l’Artiste. Il a commencé par l’hommage rendu à l’icône du théâtre et du cinéma algérien, Keltoum, dans la journée du vendredi 07 juin. Il rappellera également l’évocation d’un grand nom du cinéma d’expression berbère, Abderahmane Bouguermouh, dans la matinée du samedi 08 juin à la cinémathèque Le mondial, où des témoignages d’acteurs, ayant joué dans l’un de ses merveilleux films ‘’La colline oubliée’’ ont été livrés à l’assistance. Des projections des films du cinéaste défunt furent également programmées, au grand bonheur des cinéphiles.  Le président de l’assemblée communale d’Imsouhal, dont l’un des villages, celui d’Aït Boumessaoud, a vu naître le chantre, un certain 1er janvier 1927, a tenu à être présent à l’hommage ô combien mérité de l’un des piliers de la chanson kabyle. D’origine modeste, Cherif Kheddam quitta l’Algérie pour la France, en 1947, comme tant d’Algériens partis tenter leur chance sous des cieux plus cléments. A ses débuts, il travailla, les matinées, dans une fonderie puis dans une entreprise de peinture, en prenant, le soir, des cours de solfège chez des particuliers. Il démarra sa carrière artistique par l’enregistrement d’une première chanson intitulée « Yellis n tmurth iw», (fille de mon pays), et ce grâce au concours d’un ami français libraire de profession. C’est en 1958 que Cherif Kheddam enregistre quelques-unes de ses plus belles chansons : Nadia, Djurdjura, Khir Ajellab n Tmurtiw…Il chanta la femme, l’amour, la beauté de son Djurdjura natal, l’exil, la patrie et l’indépendance. A son retour au pays, il animera plusieurs émissions de radio et la plus célèbre d’entre toutes reste Ichennayen Uzekka (les chanteurs de demain). C’est encore lui qui créa la chorale du lycée Fadhma N’Soumer et c’est de là que l’initiative se propagea aux autres établissements. Cherif Kheddam décédera à l’âge de 85 ans, un 23 janvier 2012, des suites d’une langue maladie.  Les festivités d’ont donc démarré par un clip vidéo en hommage à Dda Cherif auquel ont pris part une pléiade d’artistes, tels Karim Abranis, Rabah Oufarhath, Brahim Tayeb et d’autres. La troupe ‘’Anzar’’, de la maison de la culture, a merveilleusement bien interprété l’une des chansons de Dda Cherif. Puis vint le tour de la diva de la chanson kabyle Nouara, une grande dame qui a ébloui le public venu en très grand nombre. Elle interprétera « Akwassigh ah mi Azizen » puis « Athin yourane the guekhfiou », accompagnée d’un seul instrument, un luth. Elle nous confiera, en marge de l’hommage : « C’est la première fois que je participe à un hommage, à l’occasion de la journée de l’artiste. Puisque cette fois il s’agissait de Cherif Kheddam, je ne pouvais pas refuser car je lui dois beaucoup. Il était bien plus qu’un ami ou un compagnon de la scène, c’était un véritable père. J’ai fait beaucoup de duos avec lui et chaque chanson a marqué une période de ma vie. Je n’ai pas de préférence elles sont toutes belles. »  S’ensuivra la prestation majestueuse d’une autre grande figure de la chanson kabyle, El Djidda, qui nous dira, en aparté : « je suis très heureuse d’être là pour rendre hommage à Cherif Kheddam qui fut un ami, un grand frère, un père pour moi. C’est lui qui a composé la musique de la chanson Assmi ligh thi lamriou achrin, en collaboration avec Arezki Kroun, un ami intime du chantre, à qui je rends également un  grand hommage. C’est un artiste qui a opté pour l’anonymat mais qui a beaucoup donné et écrit pour beaucoup d’artistes ». Ensuite, vint le tour de Brahim Tayeb, pour qui le mandole n’a point de secrets. Il hypnotisera littéralement l’assistance, en interprétant trois chansons de Cherif Kheddam, dont une qu’il a reprise dans l’un de ses albums. 

Karima Talis

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