La Dépêche de kabylie : Tout d’abord, comment va Ali Ferhati ?Ali Ferhati : Ça va, un peu comme tout le monde, j’ai mon lot de soucis et ma part de bien-être.
Si vous voulez bien dire quelques mots sur votre dernier gala à la Maison de la culture de Tizi Ouzou… Vous en êtes sorti satisfait ?ll Totalement, oui. Le fait de faire salle pleine durant deux soirées de suite m’a beaucoup réconforté, même si en fait, je n’ai jamais douté de mon public. Entre nous, il y a comme une grande complicité et une confiance totale. J’ai toujours considéré que je partage avec ce merveilleux public un sentiment incassable. C’est celui de la fidélité. Je remercie d’ailleurs tout le monde au passage, car si les deux spectacles ont été réussis, c’est aussi grâce à l’apport de tout un chacun, en particulier ce merveilleux public venu d’un peu partout. Ça m’honore. Disons qu’en été, c’est moi qui suis allé vers eux puisque j’ai fait quasiment tous les villages de Kabylie durant la période des fêtes, et durant les deux galas de Tizi Ouzou, ce sont eux qui sont venus me rendre la pareille.
Et que faites-vous de bon, actuellement ?ll Je suis en train de penser à mon prochain album. C’est bon, je me suis décidé pour faire un nouveau produit. Cela fait quand même quatre ans sur mon dernier album ; j’ai senti qu’il y a une demande de la part du public, alors je m’y mets…
Mais vous avez déjà récemment repris vos anciennes chansons…ll Vous avez bien dit le mot. Ce sont des reprises de mes anciennes chansons. Au total, j’en ai repris douze titres avec de nouvelles sonorités, un nouvel acoustique. J’ai eu un très bon écho puisque ça a plu au public. Mais il ne faut pas en rester là car en plus de l’ancien public, il y a un autre encore plus jeune qui arrive. J’essaye de penser à tout le monde pour les satisfaire avec un nouvel album, le plus complet possible.Vous pouvez nous en dire quand même un petit quelque chose sur ce nouveau produit ?ll De toutes les façons, je ne le fais pas pour le cacher, mais ce que je peux dire pour le moment, c’est que ça sera un album de huit titres. Il y a déjà trois chansons que j’avais écrites il y a de cela longtemps et que je ne chantais que durant les fêtes. Il y a beaucoup de gens qui les réclament en bobine, donc cette fois, j’ai pensé à les enregistrer. Il s’agit de “Amek ara assegagh iwouliw”, “Vedagh smahsissah” et “Wa maâdhour wa dhlehqis” et puis, j’ai composé d’autres nouveautés pour satisfaire les jeunes, car en ces moments, il y a cette vague de jeunes qui sont là, ils font du rythme, ils sont utiles mais il faut aussi être là avec eux, pour fidéliser notre public.
Pendant que vous y êtes, peut-être, pouvez-vous nous divulguer au moins un ou deux nouveaux titres ?ll Et bien, en terme de nouveautés, j’ai tenté un hommage à l’artiste. Ça pourrait faire penser à Djaout, à Mammeri, ou encore à Matoub, chacun l’interprétera comme il veut. En tous les cas, c’est quelque chose qui m’a plu personnellement surtout qu’à travers cette chanson, je me suis lancé dans un genre nouveau, du style chaâbi, j’espère que ça va plaire. Mais sinon, je suis resté moi-même, dans le style Ferhati, quoi. C’est le cas dans “Thakoubet n’Tayeri”, c’est une nouvelle chanson qui portera le titre de l’album. Voilà, je vous ai presque tout dit.
Mais vous nous avez parlé de huit titres…ll Disons que tout n’est pas encore tranché dans ma tête. J’ai encore plusieurs chansons prêtes mais il me reste à faire un choix, une sélection. Ce n’est pas facile. Croyez-moi qu’il m’est arrivé de changer une chanson en plein enregistrement. Donc, tant que l’album n’est pas bouclé, il risque d’y avoir des changements à tout moment. Je suis un peu exigeant sur ce plan.
Et vous travaillez dessus seul ?ll Ecoutez, si je dis que je suis exigeant ça ne veut pas du tout dire que je suis quelqu’un qui se fige ou se fixe sur un rien. Bien au contraire, j’aime bien avoir l’idée des autres sur le travail. J’aime le contact, et le partage de l’effort. j’ai toujours cherché à avoir des conseils et des orientations. Je ne me prends jamais pour ce que je ne suis pas. A ce titre, je citerais mon ami Boussaâd avec qui j’ai toujours travaillé en étroite collaboration. Il se trouve que ces derniers temps, il est un peu pris et on se vois moins souvent mais rien n’a changé à ma conception des choses. J’écoute toujours avec attention les idées de Samir Amirouche, Bazou et la clique du studio. C’est avec eux que je suis en train d’enregistrer à Tizi Ouzou et je les salue au passage aussi.
Beaucoup de choses sont dites sur le style Ali Ferhati. Etes-vous d’accord, lorsqu’on vous situe dans l’oriental ?ll Me concernant, je considère que je chante plutôt un style maghrébin, disons entier car il ne faut pas perdre de vue que les maghrébins ont été colonisés par plusieurs cultures et forcément on tient un peu de tout. Mais je crois qu’il y a quand même un petit excès dans le jugement car chez nous, dès qu’on entend le quart de ton, on a tendance à penser à l’Orient. Mais ce n’est pas évident. Moi, ce que je fais, c’est un mélange de plusieurs cultures. Personnellement, je ne vois pas comment j’aurai pu être influencé par l’Orient alors que, à mes débuts, on n’avait ni radio, ni télé, ni même l’électricité si je me rappelle bien alors que j’ai toujours chanté ce style que je tiens de mon environnement maghrébin. Il se trouve que ça penche vers l’oriental. Je n’y peux rien, d’ailleurs, j’ai même une anecdote sur le sujet.
Allez-y, racontez-là…ll Une fois, il s’est trouvé même des Egyptiens, des amis dont l’un était professeur de luth et je crois même qu’à un certain moment il tenait une émission de musique à l’ENTV, qui m’avait posé la question pour savoir de quelle université de l’Orient, je sortais. Ils aimaient tellement ce que je fais. C’est d’ailleurs Chérif Kheddam qui leur a répondu que je ne sortais d’aucune université de musique. Tout ce que je fais, je l’ai appris de la rue et de moi-même. Il y avait aussi Brahim Bellali, ce jour-là. cela dit, j’aurais aimé mieux étudier cette musique orientale et chanter comme le faisait les géants Farid El Atrache et Abdelhalim Hafed. D’ailleurs, je fais de mon mieux pour toujours apprendre quelque chose de nouveau, je n’ai aucun complexe à ça.
Et la sortie de votre prochain album, vous la prévoyez pour quand ?ll Franchement, je ne peux rien dire de fixe pour le moment, mais ça sera probablement pour le printemps.
Propos recueillis par D. C.