L’hommage du wali aux artisans

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La 3ème journée du festival de la poterie de Maâtkas (jeudi dernier) a été marquée par la visite du premier responsable de la wilaya de Tizi-Ouzou, Abdelkader Bouazghi.

Il a été accompagné par le vice-président de l’APW, Mouh Klaleche. À leur arrivée, la délégation a été accueillie par le chef de daïra de Maâtkas, deux P/APC, des élus locaux en plus des membres du commissariat du festival. Le wali et son accompagnateur ont passé en revue tous les stands et tous les ateliers. Devant le stand de poterie tenu par Nna Ouardia, une spécialiste en la matière, venue du village d’Agouni Boufal, le wali n’a pas manqué de s’enquérir de ses conditions de travail. La potière, après avoir expliqué la manière par laquelle elle fabrique les pots, dira qu’elle continue de travailler chez elle, sur commande. Le poète et écrivain Ahcène Mariche, qui assurait une vente-dédicace, dira au wali qu’il a écrit 10 livres avec ses propres moyens. « Un de mes poèmes a été traduit dans 13 langues et c’est toujours avec mon salaire d’enseignant que je me débrouille », dira-t-il. Le vice-président d’APW a intervenu et a demandé au poète de se rapprocher de l’APW pour un éventuel soutien. Les stands de tapis, de robes kabyles, de la vannerie, de bijoux et les ateliers de fabrication et d’initiation ont été également, visités par les hôtes de Maâtkas. En fin de la visite, le wali et le vice-président de l’APW ont reçu des jarres de la part des organisateurs. Dans sa prise de parole, Bouazghi dira : « Nous avons raté la cérémonie d’ouverture, car notre programme était surchargé. C’est un plaisir d’être,  ici,  parmi tant d’artisans, de citoyens et d’organisateurs que nous tenons d’ailleurs à saluer pour les efforts consentis en vue de réussir cette manifestation qui a réuni des artisans venus de différentes wilayas du pays. C’est, en effet, un festival national et nous nous attèlerons à faire en sorte qu’il soit international ». Et d’ajouter : « Ce festival, dédié à la poterie de Maâtkas, une région de poterie par excellence, met en avant le savoir faire, l’intelligence et l’ingéniosité des artisans et artisanes de Maâtkas. Nous ferons en sorte que ce patrimoine, plusieurs fois millénaire, retrouve son véritable rang en assurant sa rentabilité et sa promotion. Je repars la conscience tranquille, car ce savoir est en train d’être transmis aux jeunes, grâce aux potières et aux organisateurs. Pour terminer, je rends un vibrant hommage à tous ceux et celles qui ont mis la main sur l’argile ». Pour sa part, le Vice président de l’APW dira : « Nous avons toujours répondu présent au festival de la poterie de Maâtkas. Notre assemblée sera toujours à l’écoute des artisans et fera de son mieux pour assurer la pérennisation et la promotion du travail de l’argile à Maâtkas et dans d’autres régions de notre wilaya. Bravo aux artisans et aux organisateurs ». À signaler que Maâtkas ne possède ni musée de poterie, ni une fabrique et encore mois un marché de poterie après 11 fêtes nationales et 4 festivals. C’est dire aussi que le travail de la poterie est réellement menacé de disparition. Les seules artisanes, qui la pratiquent encore, le font avec des moyens dérisoires et ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat. Le pire c’est que ces vieilles, qui ont préservé le travail de la poterie durant des siècles, disparaissent l’une derrière l’autre. Après le départ de la délégation, une conférence sur la poterie antique et berbère a été animée par M. Medjani Azeddine venu du musée des antiquités d’Alger.

La poterie, le premier art de l’homme

Devant une assistance assez nombreuse, composée essentiellement de jeunes étudiants et étudiantes, le conférencier, à l’aide d’un data-show, est revenu longuement sur l’histoire de la poterie antique et berbère. « Vers la fin de l’ère préhistorique, l’homme était chasseur et tueur, puis il devint agriculteur. À partir de là il avait besoin d’objet et d’outils, et c’est comme ça que l’homme a découvert la poterie. De fil en aiguille, la poterie devient un savoir faire transmis de génération en génération», dira le conférencier. Il révélera que les japonais et les chinois sont les premiers artisans de la poterie. Les objets trouvés par les archéologues dans ces pays remonteraient à 14 000 et 18 000 ans avant JC. En Afrique du nord, la pièce la plus ancienne a été retrouvée dans la grotte Afalou sur les côtes de Béjaïa et sa fabrication remonte à seulement 8 000 ans avant JC, expliquera-t-il. M. Medjani parlera, ensuite, du mode de fabrication de la poterie. Le traitement, l’extraction, la purification de l’argile, le pétrissage, le séchage, la cuisson et la décoration en sont abordés.  La cuisson en atmosphère réductrice et celle en atmosphère oxydante sont déterminantes de la couleur des pots. Le conférencier expliquera après la différence entre la poterie grecque, romaine et berbère. « La poterie berbère était réservée exclusivement aux femmes, les techniques employées sont colombines, les objets fabriqués sont séchés à l’ombre et leur décoration se fait à l’aide de pinceaux en poils de chèvre. Les motifs sont généralement de forme géométrique et triangulaire. La poterie berbère n’a pas évolué la persistance des techniques archaïques et l’originalité des motifs qui se ressemblent rendent sa datation trop difficile. La poterie romaine et grecque est datable, identifiable et classifiable ». À rappeler que d’autres chercheurs ont fait la similitude entre les graphismes de Tifinagh, l’écriture berbère, et les motifs décoratifs de la poterie nord Africaine.

Hocine T.

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