L’association «Tidukla Tagmat Ath Lahdir» a organisé vendredi dernier, une journée de commémoration de la bataille d’Iguervane, qui s’était déroulée le 28 juin 1958 dans le village Iaâmourène dans la commune d’Ighram.
C’est dans ce petit village, perché à plus de 800 mètres d’altitude dans la commune d’Ighram que d’anciens maquisards se sont réunis pour se rappeler de la férocité de cette bataille qui a duré deux jours. M. Mohand Larbi Mezouari, chef de l’infirmerie du douar Ighram à l’époque, livre un témoignage poignant sur l’atrocité de cette bataille où 19 martyrs issus de trois villages, à savoir Ath Boudaoued, Iguervane et Ath Lahdhir, ont laissé leur vie. « Le centre de soins était installé à Mechta, hameau limitrophe d’Iguervane. Durant les deux ans que nous avons passés ici dans le douar, je me souviens que quand nous étions dans les maquis, une protection nous était assurée par les villageois. J’ai ainsi soigné plus de 70 blessés et assisté à toutes les affres de cette bataille », témoigne-t-il. Il n’a pas manqué d’évoquer un de ses compagnons de lutte. Il s’agit, d’Arzeki le Malgache. Ce dernier était, selon l’orateur, un baroudeur très connu dans la région. M. Mezouari est revenu, devant un parterre plein à craquer, composé essentiellement de jeunes, filles et garçons, sur le premier accrochage entre les Moudjahidine et les forces coloniales. « La bataille d’Iguervane a débuté le 27 juin 1958 au village d’Ighil Nacer où a eu lieu le premier accrochage de 07h du matin à 21h, mené par un bataillon de 450 soldats », se rappelle-t-il. Durant cet événement qui a été rehaussé par la présence de la Gendarmerie nationale, des représentants de la société civile, des responsables locaux ainsi que d’autres invités, le représentant de l’ONEC d’Akbou a profité de l’occasion pour signaler le problème de la « reconnaissance » dont plusieurs anciens combattants font face. « Il existe 30 000 demandes de reconnaissance au niveau du ministère de Cherif Abbas, qui tardent à être traitées», dira-t-il. Et d’ajouter également que plusieurs martyrs, à l’époque sans familles héritières, et dont l’âge ne dépassait pas la vingtaine, sont aujourd’hui complètement oubliés. Bien avant cette conférence et ces témoignages, des gerbes de fleurs ont été déposées sur les tombes des martyrs tombés lors de cette bataille d’Iguervane, suivie d’un recueillement. Les membres de la famille révolutionnaire ont appelé les historiens à écrire et focaliser sur ces petits villages qui ont contribué corps et âmes à l’Indépendance de l’Algérie, à l’image du village Iguervane.
Menad Chalal