Cela s’est passé avant-hier, dans la matinée. Les villageois de Tizit, dans la commune d’Illiltène, à 70km au Sud-est du chef-lieu de Tizi-Ouzou, ont cadenassé le portail de la mairie, en interdisant l’accès à toute personne.
Une exception a néanmoins été faite pour le secrétaire général qui devait délivrer une attestation de décès à une famille, dont un membre est décédé la veille. L’on pouvait lire sur des banderoles accrochées à l’entrée du siège communal, ‘’Non à la marginalisation’’, ‘’halte au villagisme’’, ‘’Tizit, village de 158 martyrs, Tizit, village d’ Illiltène’’. Dans une plateforme de revendication, remise à notre rédaction par le comité du village, Les protestataires « dénoncent la politique de marginalisation, d’exclusion et d’isolement menée par l’exécutif communal actuel et les autorités de la daïra à leur égard ». « Nous réclamons la prise en charge totale de nos problèmes : la réhabilitation du réseau d’assainissement, le remplacement du réseau AEP, dont la conduite est des plus vétustes, par une nouvelle installation en PEHD, équiper la polyclinique communale en moyens matériels et humains afin de répondre aux besoins sanitaires de notre population, notamment en période hivernale, en la dotant d’un véhicule tous terrains afin d’évacuer les cas urgents vers des établissements mieux équipés ». L’hiver passé les villageois ont dû évacuer un malade mourant avec leurs propres moyens, vers l’EPSP d’Iferhounène, nous ont-ils raconté. Les villageois réclament également l’ouverture des pistes menant vers l’EPSP, la poste, la maison de jeunes et aux 48 locaux du programme présidentiel destinés à l’emploi des jeunes. Le réaménagement du stade, la réalisation d’une aire de jeu pour les enfants, la construction d’une bibliothèque, l’évacuation des déchets ménagers, le bétonnage des ruelles du village, ainsi que la réhabilitation des deux monuments qui symbolisent des pans entiers de l’histoire de l’Algérie et de la région en particulier, sont également parmi les revendications des villageois. Ceux-ci demandent aussi le revêtement de la piste menant du chef-lieu communal à leur village, dénonçant le fait que celle-ci n’a bénéficié d’aucun aménagement, depuis 1998, alors que d’autres tronçons, dans d’autres régions en ont bénéficié à plusieurs reprises. Les habitants du village Tizit se disent lésés dans leurs droits par la politique des deux poids, deux mesures, pratiquée, selon eux, par le maire actuel et ce depuis plus de 06 ans déjà. Ils dénoncent également le fait que ce dernier ait refusé maintes fois de les recevoir, trouvant à chaque fois un prétexte. Leur dernière demande d’audience remonterait au 23 juin dernier. « Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour demander nos droits, pacifiquement. Nous ne sommes ni des casseurs, ni des hors la loi, nous respectons tout le monde et les autorités nous doivent considération et nous rétablir dans nos droits. Nous sommes des Algériens de la commune d’Illiltène, et nous avons souffert plus que tout le monde pendant la guerre de libération nationale. C’est malheureux qu’un village qui a donné plus de 158 Chahid se retrouve, en ce 51ème anniversaire de l’indépendances, sans les infrastructures les plus élémentaires », peut-on lire sur la plateforme de revendications. « Nous interpellons les autorités compétentes, notamment le wali, pour qu’il mette fin à cette exclusion que subit notre village. Nous voulons bénéficier de projets, tels que les PCD ou autres PPDRI ou sectoriels et si le cas l’exige, nous continuerons à occuper l’APC jusqu’à pleine satisfaction de nos revendications. Nous ne laisserons personne entrer à l’intérieur de la mairie sauf en cas d’extrême urgence », concluent-ils.
Madjid Aberdache