Le mois sacré de Ramadhan s’est donc installé avec son lot d’habitudes dans le quotidien des citoyens. Depuis hier soir, les gens ne se barricadent plus dans leurs maisons dès la tombée de la nuit. Bien au contraire, ils se hâtent de sortir à peine ont-ils rompu le jeun. L’animation nocturne prendra, au fur et à mesure des soirées, le dessus sur la morosité habituelle. Pour accueillir toutes les activités prévues, ce sont bien sûr les structures culturelles, comme la maison de la culture et le théâtre régional, pour le chef-lieu de wilaya, et les maisons de jeunes et centres culturels pour les autres agglomérations, qui se taillent la part du lion, en concoctant de riches programmes destinés particulièrement aux familles. Mais il y a également toutes ces cafétérias qui se transforment, l’espace d’un mois, en salles de jeux de Loto, ce jeu de hasard qui s’impose dans les communes et villages de la région à chaque mois de Ramadhan. Au premier&hellip,; au pion&hellip,; c’est bon… barka ! Ce sont là les seuls mots qu’on entend dans ces salles de jeu improvisées, où règne un silence de cathédrale, combiné au cliquetis des jetons portant les numéros, tirés d’un sachet en toile par le crieur qui les porte automatiquement à la connaissance des joueurs qui se concentrent religieusement sur les cartons portant un ensemble d’une quinzaine de numéros, posés sur la table, que le plus chanceux parviendra à remplir avant les autres pour gagner la cagnotte mise en jeu. Bien entendu, ce n’est pas tout le monde qui est attiré par le loto, il y a également ceux qui préfèrent, et ils sont nombreux, les jeux de cartes ou de dominos. Ceci pour l’activité nocturne, quant à la journée, la spécificité du mois sacré est l’ouverture, tous azimuts, de locaux pour confectionner et vendre de la zalabia et autres friandises orientales. Alors que tout le long de l’année, il n’y a dans la commune de Béjaïa que cinq revendeurs permanents de zalabia et une moyenne d’un à deux par daïra, soit moins d’une cinquantaine à travers l’ensemble de la wilaya, voilà que durant le mois de Ramadhan, le nombre de fabricants et revendeurs de gâteaux orientaux se multiplie par dix. Presque tous les fast-foods et restaurants cessent de cuisiner, pour s’attaquer à cette activité en faisant appel à un spécialiste de Boufarik, généralement comme associé afin d’assurer, quand même, une assez bonne production et donner à celle-ci un label de qualité. Les zalabias au chocolat, au caramel, les boufarikoises, les escargots et les doigts de mariée sont les quelques appellations que portent les différents modèles des zalabias qui s’associent aux kalb ellouz et autres friandises orientales en ce mois de Ramadhan.
A. Gana
