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“Il est encore temps de sauver la Kabylie”

Les élections locales partielles sont organisées ce 24 novembre 2005. Elles font suite à la révocation des “indus élus”, exigée des autorités par le Mouvement citoyen de Kabylie dans le cadre du dialogue engagé avec le Premier ministre.Tout le monde est sur les rangs, les partis politiques (FLN, RND, FFS, RCD) qui se sont mobilisés pour la circonstance mais aussi de nombreux indépendants qui ont confectionnés des listes de candidats aux APC et APW. L’afflux de prétendants à cette élection, même pour une période provisoire, est significatif de la convoitise que suscitent les instances locales. Les APC sont les institutions officielles les plus proches des populations. Elles sont le premier niveau de présence de l’Etat et d’exercice de son autorité au niveau local. Les dirigeants des APC sont au service de l’Etat qui les investit de son pouvoir pour conduire les affaires de la commune. En même temps, l’exécutif communal est élu par les citoyens. Dans les conditions normales, il bénéficie de la légitimité populaire que procure les engagements pris de servir les intérêts des électeurs durant le mandat. Les APC sont donc prises dans l’épineux dilemme de servir simultanément d’un côté les intérêts du pouvoir central et de ses relais, les autorités locales et de l’autre ceux des populations. Il est certainement plus tentant et plus profitable d’honorer les premiers plutôt que les seconds. Cela a été la règle dans la pratique de la gestion communale en Kabylie comme partout ailleurs dans le pays. Cette gestion a toujours principalement consisté à entretenir des clientèles privées ou partisanes, chargées de l’encadrement administratif des populations, en contrepartie des privilèges que confère l’exercice du pouvoir municipal et la consommation quasi-privative des budgets communaux.Les faibles moyens dont disposent les APC et les restrictions qui limitent de plus en plus leurs prérogatives sont souvent avancés par les exécutifs communaux pour justifier le rnoncement à honorer leurs engagements auprès des populations.Il faut, dans ces conditions, une forte dose de civisme, de probité, de sens des responsabilité, de conviction citoyenne et d’esprit de sacrifice pour faire le choix inverse de servir les populations.Pourtant celles-ci ne cessent d’exprimer le besoin d’amélioration de leurs conditions de vie et leurs attentes à l’égard des responsables de tous bords qui ne cessent de solliciter périodiquement leurs suffrages.Les formidables mobilisations populaires qui ponctuent notre région et plus particulièrement la dernière en date, celle du Printemps noir 2001, sont là pour nous le rappeler. Les candidats et élus de ces élections locales vont-ils oublier cette insurrection populaire qui, au prix de 128 morts et 3 500 blessés graves a, durant trois années, clamé son refus de la politique, des pratiques et des hommes qui ont présidé au sort de la région ?Vont-ils tourner le dos à ce puissant cri de révolte, trop longtemps contenu et, sans tirer aucune leçon, continuer comme avant et faire comme si de rien n’était ?Cela serait à l’évidence irresponsable et à terme suicidaire. Il est encore tant de sauver la Kabylie. Les APC peuvent constituer dans le contexte actuel un moyen d’organiser la résistance au processus de déliquescence dans lequel est engagée notre région. Il appartient aux candidats à la gestion communale de prendre leurs responsabilités et de s’engager dans cette voie.Un gage de crédibilité serait certainement de prendre d’ores et déjà publiquement devant les électeurs, l’engagement formel de mettre en œuvre, aussitôt élus, un certain nombre de mesures à caractère pratiques et symboliques au nombre desquelles figurent au moins les suivantes.Sur les victimes du Printemps noirRendre un hommage aux victimes de la répression du Printemps noir de Kabylie par l’élévation d’une stèle à leurs mémoires dans chaque commune.Sur le patrimoine foncier et l’environnement1- Assurer la défense du bien public et en particulier faire obstacle à l’entreprise de dilapidation et de privatistion du patrimoine foncier et immobilier communal en s’opposant à la distribution de toute assiette foncière (à l’exception, celles destinées à un usage d’utilité publique) avant que ne soit réalisé pour chaque commune un inventaire précis du foncier.2- Procéder à la création d’un service d’archives communales répertoriant le patrimoine foncier public et privé depuis la période précédant l’indépendance du pays. 3- Inciter les citoyens à régulariser auprès de l’administration leurs titres de propriétés relevant de l’ancien droit coutumier.4- Veiller à la préservation de l’environnement notamment en matière de respect des règles applicables dans le domaine de l’immobilier et de la construction.Sur les nuisances et les fléaux sociauxCombattre les nuisances (banditisme, délinquance) et les maux sociaux (alcool, drogue, prostitution) ainsi que les sectes intégristes qui prolifèrent en Kabylie.Sur les besoins socioéconomiques de la jeunesseEtablir un inventaire des besoins socioéconomiques essentiels des communes et impulser la mobilisation des énergies et des moyens localement disponibles autour de micro projets d’intérêt privé ou collectif susceptibles d’apporter des réponses mêmes partielles aux lancinants problèmes sociaux de la jeunesse et plus particulièrement celui du chômage.Sur l’information des citoyens1- Rendre public rapidement un bilan de la gestion précédente des municipalités permettant d’établir pour chacune d’entre elles un état des lieux.2- Tenir la population informée des activités et de la gestion communale au moyen d’un bulletin d’information et créer un forum de discussion (sur Internet par exemple) permettant de recueillir le point de vue et les doléances des citoyens et aussi de les associer au débat dans la commune.Promouvoir une telle démarche serait novateur et certainement exemplaire pour toutes les instances locales du pays.Ce ne serait qu’un minimum de justice rendue aux populations de Kabylie dont l’action, on ne l’oubliera pas, est à l’origine de cette élection.

Association des blessés de Kabylie, www.abkabylie.comCollectif de citoyens de KabylieLe 21 novembre 2005

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