l L’affaire de la tentative d’homicide avec préméditation que le tribunal de Béjaïa a eu à examiner hier est un cas des plus atypiques. En effet, l’accusé K. M., âgé de 35 ans, qui a tenté de mettre fin aux jours de la victime B. N., 35 ans également originaire du même village, en faisant usage de son arme de service est un policier qui exerce dans l’Algérois en congé de detente dans son village natal à Aït M’barek dans la commune de Taskriout.L’accusé est condamné à une peine de 15 ans de réclusion criminelle et la victime qui a reçu trois balles dans le corps (épaule, colonne vertébrale et jambe) est handicapée à vie et ne se déplace plus que dans un fauteuil roulant.Et malgré plus de deux heures de débats et l’audition de pas moins de trois témoins, le président n’a toujours pas réussi à lever le moindre coin de voile sur le mobile qui a motivé l’acte gravissime de l’accusé. Les faits de cette affaire remontent à la journée du 8 janvier 2004 et ont eu pour théâtre la paisible bourgade Bordj Mira où la victime, après sa journée de travail est allée entre 4 et 5 heures prendre un café au village. Elle ne s’attendait pas à ce qui allait lui arriver, lorsque, sans prévenir, l’accusé s’approche d’elle, soutient-elle et tire sur elle 5 balles de pistolet dont 3 ont transpercé son corps. Le 2ème témoin appelé à la barre et qui tient un commerce en face du café déclare sous serment qu’il a entendu 1 ou 2 coups, qu’il a surtout entendu la victime crier “qu’est ce-que je t’ai fais ?”Interrogé par le président l’accusé, lui au contraire avoue qu’il était dans un cas de légitime défense puisque toujours selon lui, la victime cherchait à lui arracher son arme et qu’il avait tiré face à la victime et non derrière son dos.Quant à l’avocat de l’accusé, il a axé son intervention sur le manque, voire l’absence de clarté et d’objectivité dans cette affaire. Il clame que le tribunal ignore toujours le mobile de l’acte, le nombre de balles tirées et les conditions matérielles dans lesquelles elles ont été tirées. Il souligne que son client, bien qu’il soit policier, a droit à un jugement normal et le jugement normal nécessite une enquête normale et qu’il y a lieu de s’interroger sérieusement sur le comportement de son client pour lequel il finit, à la fin de la plaidoirie, par demander son internement pour raisons médicales.Pour sa part, le procureur dans son réquisitoire n’a pas manqué de relever que l’accusé jouissait de toutes ses facultés mentales au moment des faits. Il requiert contre lui une peine de 30 ans de réclusion criminelle.Notons qu’à partir du box des accusés, en attendant l’arrivée de juges, l’accusé à tenté de s’évader. mais les policiers et les gendarmes présents en force dans la salle d’audience ont vite fait de le maîtriser.
B. Mouhoub