Le CHU, qui a connu des hauts et des bas en matière de fonctionnement réussity toujours sur la base des efforts d’un personnel médical et paramédical à détenir la palme d’or dans les interventions, à travers les différents services, en dépit d’insuffisances de gestion, tant de fois dénoncée par le passé, et en des cas, aggravée par la politique de la santé arrêtée par les tutelle. Cela ne diminue en rien au centre hospitalier universitaire de s’évertuer à s’équiper de moyens modernes et répondre à la demande en besoins de santé de la population, les événements du Printemps attestent de la sensibilité et la compétence du personnel de l’hôpital, qui a su gérer les urgences et sauver des dizaines, si ce n’est des centaines de vies humaines. Ces dernières années, le CHU connaît une instabilité et des turbulences, et mouvement, de protestation ont agité la structure et ce n’est que depuis quelques mois que le retour à la normale s’est réalisé, sans donner satisfaction à tous les protagonistes qui interviennent, puisque aux approches différentes et antinomiques des uns et des autres s’ajoutent des rivalités professionnelles et les subjectivités individuelles, qui des fois compromettent le rendement et surtout la mission fondamentale de l’établissement.
Que se passe-t-il exactement ?Suite à une assemblée générale tenue lundi dernier au niveau du bloc pédagogique du CHU de Tizi Ouzou, ayant regroupé les surveillants médicaux et l’administration, pour des explications approfondies sur le programme de la réforme hospitalière, l’annonce surprise par le DG d’une information a retenu l’attention particulière de tous les présents. M. Mansouri, en poste depuis quelques mois, rétabli dans ses fonctions après un limogeage, livre à l’assistance que plus de 1 000 fiches d’admission pour hospitalisation et prise en charge en chirurgie viscérale, une statistique cumulée, ne sont pas honorées jusqu’à présent (non hospitalisés et non opérés). Et que certains patients en question sont en attente depuis quatre ans, afin de bénéficier d’une hospitalisation et de la prise en charge chirurgicale. Ce déficit constaté renseigne sur la gestion antérieure de l’établissement et reveille tous les soupçons sur les intentions de retarder des patients à être traités.
Qui sont ces malades, et de quoi souffrent-ils ?Les 1 000 patients concernés sont tous de la wilaya de Tizi Ouzou et l’écrasante majorité habitent en zone rurale et sont des femmes. La condition sociale est précaire de tous les malades en attente d’admission, même si l’attente est indéterminée, mais eux sont déterminés à ne recevoir des soins et être traités qu’au CHU Nedir Mohamed, qui est une structure de santé publique. Généralement, ce sont des malades consultés à la CASORAL de Tizi Ouzou, qui leur donne un rendez-vous et leur établit une fiche d’admission à l’hôpital. Ils se présentent au service de chirurgie viscérale, où le préposé au secrétariat les enregistre en lui fournissant une photocopie de leur fiche d’admission délivrée à la CASORAL, puis priiés d’attendre la convocation pour être admis au service. L’attente dure des mois, voire des années, puisque des patients détiennent des fiches d’admission datées de 2002-2003-2004… Tous ces patients souffrent de pathologies, et les plus fréquentes sont la lithiase vesiculaire dont l’évolution peut avoir des conséquences et complications fatales. Chez les femmes, le goitre qui sévit à l’état endémique en Kabylie nécessite une prise en charge adéquate médicale et chirurgicale. La maladie thyroïdienne est souvent traitée médicalement pour rétablir un équilibre hormonal nécessitant une cure chirurgicale dans sa phase d’équilibre, mais vu le retard accusé dans la prise en charge, les malades retombent dans le cercle infernal du traitement médical à long terme, voire d’abandon de ce dernier pour tomber dans le spectre des complications souvent fatales. La troisième pathologie étant l’hernie dans toutes ses formes où le patient perd espoir et orienté dans des structures privées pour retrouver leur soulagement. Quant à la proctologie (maladies hemorroïdaires…), celles-ci se voient complètement omises, au grand dam médecins en formation dans cette spécialité.
De quoi dispose le CHU ?Le service de chirurgie viscérale, où les malades devraient être admis et pris en charge chirurgicalement, n’est pas pauvre en matière d’équipement et de personnel.Il existe deux salles opératoires, 50 lits d’hospitalisation répartis respectivement à raison de 20 pour les hommes et 30 pour les femmes. Le personnel dans ce service est très qualifié et bénéficie d’une notoriété assez appréciable pour tous les efforts prodigués et les succès enregistrés. Une dizaine de chirurgiens travaillent scoupulement et d’arrache-pied, pour venir à bout de la forte demande en la matière, sans omettre l’apport conséquent des infirmiers en poste, qui assistent les chirurgiens dans la prise en charge des patients. Il se trouve que le service, pour des rasions qu’on ignore, n’arrive à assumer qu’une intervention chirurgicale jour, et que le retard ne peut être jugulé même avec 4 interventions par jour, à raison de 5 jours par semaine. La demande est tellement forte, qu’il est difficile de répondre aux besoins, tout en sachant que l’activité en ce domaine est concentrée dans ce service au CHU de Tizi Ouzou, alors que des secteurs périphériques existent et dépendant de la structure amères le CHU.
Quel recours ?Les malades, pourtant démunis, las d’attendre leur admission à l’hôpital, et même lorsque le quittus est obtenu, pactole à la main restendre à faire le pied de grue à l’hôpital, jusqu’à rembrons chemin. Découragés et prenant leur mal en patience, certains malades sont conseillés par des membres de la famille et même par des médecins de l’hôpital (pas tous) de prendre destination vers les cliniques privées. Le nombre de malades concernés par le service en question dépasse le millier, et constitue un marché juteux en matière d’honoraires. Une simple hernie prise en charge chirurgicalement chez un privée est évaluée à plus de 30 000 DA, la vésicule dépasserait les 40 000 DA, le goitre flambe à plus de 50 000 DA, le tout tourne pour un privé à une moyenne de 40 000 DA l’opération. C’est dire que le mystère entoure le millier de patients suspendus en attente de prise en charge, même quant cela y va de leur santé, qui est une affaire de vie ou de mort. Or force est de constater que ce ne sont pas tous les malades qui peuvent se permettre des soins à des coûts exorbitants. Mais on croit savoir que certains malades traités dans les cliniques privées sont allés jusqu’à contracter des prêts pour régler la facture, et que les patrons de cliniques n’accordent ni crédit, ni échéancier. Cet état de fait est déplorable à plus d’un titre, et nécessite une meilleure façon de cerner la problématique. La tutelle est interpellée.Le nouveau DG, s’implique avec des solutionsEn découvrant la situation à la limite du scandale, le DG informe qui de droit de l’ampleur des problèmes posés, le ministre de la Santé est saisi officiellement. Le premier constat qui saute aux yeux est que ce service à vocation hospitalière et universitaire avec un personnel qualifié, un matériel adéquat, accuse un déficit en activité. Pour ce faire une feuille de route est établie par le DG, en concertation permanente avec le personnel concerné. Une commission d’hospitalisation est mise sur pied et se donne comme mission de juger les priorités et d’accélérer l’opération d’admission à l’hôpital, si l’urgence est décelée chez le patient. Il s’agit en fait de la révision de la méthode d’hospitalisation, en s’appuyant sur des critères plus objectifs, pour certaines pathologies où le patient est appelé à séjourner au-delà de 10 ou 15 jours avant d’être programmer et rester hospitaliser la même durée après l’acte opératoire. Il est aussi retenu de lancer en urgence les cas de vésicules compliquées d’infection (cholecystite aïgue), dont la répétition des accès évolue vers la chronicité voire au passage vers le stade de cancer dont le traitement est sans résultats quelque que soient les moyens utilisés. De plus, le DG du CHU, qui se démène pour trouver des solutions, envisage de mener une politique de sensibilisation et aider au mieux les secteurs sanitaires périphériques (DEM, AEH, LNI, Azazga, Boghni, Tigzirt, Azeffoun…). Les doter en moyens nécessaires et adéquats pour décentraliser les prises en charge de ce type de malades, en ce sens qu’une politique de régionalisation de l’activité est mise en branle par le directeur général du CHU. Il est aussi retenu, l’accélération de la procédure d’application de la réforme hospitalière, ce qui en soit, pourra apporter des solutions à la politique de la santé dans la région. Dans les prochains jours, la situation sera dénouée et plus jamais l’étau ne se resserrera sur les malades, la solution envisagée apportera ses fruits et les malades seront enfin traités comme des cas à sauver méritant un traitement digne.Le CHU ne sera désormais, plus une passerelle donnant sur les cliniques privées, a fortiori que les patients qui se rabattent sur le CHU sont des fils du peuple aux revenus modestes et aux conditions précaires.
Khaled Zahem
