Veillées ramadhanesques dans l’obscurité

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Juste après le f’tour, voilà que des cortèges de véhicules arrivent de tous les villages à Tighilt-Bougueni, chef-lieu de M’Kira. Comme il n’existe qu’une artère principale où le stationnement n’est pas du tout réglementé les premiers automobilistes occupent rapidement les deux côtés de la chaussée, ne laissant qu’un passage étroit pour la circulation, ce qui provoque le courroux des chauffeurs. « Déjà dans la journée, il y a des moments où il est impossible de traverser le village, d’autant plus que les commerçants, de part et d’autres, sont les premiers à garer leurs véhicules devant leurs magasins et ce durant toute la journée. Ainsi, il n’est pas facile pour les autres villageois de trouver une place pour stationner », nous confie un automobiliste de Taka. Par ailleurs, outre ce problème de circulation et de stationnement, ce chef-lieu souffre immanquablement de l’absence d’éclairage publique. En effet, si partout ailleurs, le long des chemins qui mènent aux différents villages où à l’intérieur des hameaux, cette commodité est plus qu’appréciable, il n’en est pas de même au chef-lieu où il n’existe que quelques lampadaires.

« L’aménagement urbain tarde à être lancé mais ce problème ne date pas d’aujourd’hui. Voilà des années que nous passons le Ramadhan dans l’obscurité alors que ni les autorités communales, ni les commerçants n’ont pris l’initiative de placer, au moins, quelques lampes supplémentaires devant leurs boutiques », lancent ces citoyens, alors que tout grouille de monde. Profitant de ces veillées, quelques jeunes n’ont pas hésité à installer des tables, le long de la rue principale, pour proposer aux passants des cacahuètes et du thé alors que les bras des machines à glace ne s’arrêtent pas de remplir des centaines de cornets aux enfants venus accompagnés de leurs parents. La mosquée, pour sa part, bien qu’elle ne soit pas remplie, comme auparavant, continue toujours d’accueillir les fidèles pour la prière du Tarawih. « Ce n’est pas qu’il y a moins de fidèles, au contraire. Auparavant, il n’y avait que cette mosquée ouverte au début des années 90, alors qu’à présent, il y a des mosquées dans chaque village, donc, chacun reste dans son village », nous confie Aami Ali, qui ajoute, « avant l’inauguration de cette mosquée, les gens de M’Kira descendait à Tizi Gheniff pour la prière du Tarawih ». D’ailleurs, beaucoup de citoyens de M’Kira, continuent de se rendre à Tizi Gheniff pour les veillées, d’autant plus que les transporteurs ne s’arrêtent qu’à une heure du matin. « Il n’y a aucun problème de transport entre les différents villages, car les transporteurs travaillent comme durant la journée », nous déclarent des jeunes qui s’apprêtaient à prendre un fourgon. Ainsi, les citoyens profitent de ces veillées en se rendant en groupes dans des cafés pour y jouer aux dominos ou aux jeux de cartes.

Tous les cafés affichent complet du début de la soirée jusqu’à minuit, pour voir enfin certains consommateurs, surtout les plus âgés rentrés chez eux. Tandis que les jeunes profitent au maximum jusqu’au S’hor.          

Essaïd Mouas

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