Le petit village Boutouab, relevant de la commune de Tamokra, se vide graduellement de sa substance humaine. Par processions successives, ses habitants s’en vont s’installer dans les grandes agglomérations urbaines de la Soummam ou dans d’autres villes plus éloignées. « L’exode a toujours fait partie du vécu des villageois. Ce qui a changé c’est l’ampleur et surtout, la nature de ce mouvement. Je me rappelle que par le passé on s’expatriait en solo, pour aller chercher du travail et on rentrait, au bout de quelques années, au bercail pour retrouver sa famille. En revanche, de nos jours, on s’en va en famille et pour de bon », explique un ex-habitant de Boutouab, installé à Akbou. Pour notre interlocuteur, l’esprit de clocher même solidement chevillé au corps n’y peut rien, quand le minimum vital fait défaut au village. La désagrégation de l’économie rurale est passée par là. L’absence de perspectives a poussé sur les sentiers de l’exode des cohortes de villageois, en quête de meilleures conditions de vie. « Il faut convenir que ça ne donne pas envie d’y rester, quand l’hôpital le plus proche est à 30 kms et le lieu de travail à 40 kms », tranche Kamel, un citoyen du village, ayant élit domicile depuis une dizaine d’années au niveau du lotissement Sidi Ali (Akbou). Ceux qui s’accrochent encore à leur crête, tentent de survivre en versant dans l’agriculture vivrière, le petit élevage et d’autres mondanités à portée de main. « Si les choses devaient rester en l’état, il viendra un jour où il n’y aura plus âme qui vive à Boutouab », suppute un sexagénaire de Tamokra. Les programmes de développement consentis par les pouvoirs publics, notamment en matière d’habitat rural, de travaux publics et d’hydraulique, n’ont pas donné toute la mesure de leurs effets. « Pour dissuader les gens de partir, il faut leur donner plus qu’un logement », estime un citoyen de ce village.
N. Maouche
