Circulez, il n’y a rien à voir !

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Quand on est habitant de l’un de ces lopins de terre perdus dans la Kabylie profonde à l’image du Douar Ikedjane, sur les hauteurs de la commune de Tifra, l’oisiveté prend toute sa grandeur et le mot « loisirs » au pluriel ou au singulier n’a aucune place ni sens dans le vocabulaire local. Pour preuve, même les nuits ramadhanesques, coïncidant pourtant cette année avec la saison estivale très animées ailleurs, sont misérablement stériles dans cette contrée. En effet, à l’entame de la deuxième quinzaine du mois sacré de Ramadhan, pas la moindre ombre d’un programme culturel ou sportif assez insignifiant soit-il. L’inauguration, il y’a quelques mois par le wali de Béjaïa, de la bibliothèque municipale et du foyer de jeunes, dont les travaux pour ce dernier s’étirent et s’éternisent dans l’espace et le temps, a suscité d’énormes espoirs de voir enfin cette région sortir de son sous-développement culturel et marasme habituel. Hélas, et selon l’avis des habitants, cela n’est au final qu’un coup d’épée dans l’eau. Il faut dire que dans cette région, les jours et les nuits se suivent et se ressemblent. Comme toujours, même les associations de jeunes se prêtent volontairement à ce jeu sinistre. Alors, en l’absence d’infrastructures opérationnelles d’un coté et d’une volonté de changement de cette situation morose de l’autre, les jeunes ce rabattent sur les interminables parties de pokers et dominos au grand bonheur des propriétaires de quelques cafés maures qui peuplent le paysage de la région. Pour les plus chanceux et aisés financièrement, leur destination est toute indiquée, la capitale des Hammadites jusqu’au lever du jour. Un triste constat. Une situation qui nous laisse penser qu’à Ikedjane le temps s’est arrêté depuis des lustres. Ici les mécanismes des horloges se rouille chaque jour d’avantage, au point où même les horlogers de Berne ou de Zurich trouveront toutes les peines du monde à les faire redémarrer.        

                 

   Arezki Toufouti

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