Après les probants résultats décrochés par les athlètes de l’AMCB et leur troisième place au niveau national derrière le GSP et le CNN, nous avons approché le DTS du club,Abdelkarim Adouane, qui a bien voulu nous retracer le parcours du club et nous parler de son avenir.
La Dépêche de Kabylie : Pourriez-vous nous résumer les résultats de l’AMCB pour la saison 2012/2013 ?
Abdelkarim Adouane : Nous avons réussi à enregistrer de très bons résultats cette saison. Un total de 35 médailles, 13 en or, 7 en argent et 15 en bronze. Deux d’entre elles ont même été décrochées dans une compétition internationale, le Championnat arabe. L’une en or décrochées par Madouni Liza au saut en hauteur, et l’autre en argent décrochée par Titouah Sofiane. Nous avons également fait une participation remarquable au Championnat du monde des cadets, avec notre athlète qui s’est très bien débrouillé. Certes, y avait une grande différence de niveau, mais toujours est-il, il a amélioré de beaucoup son record personnel, en se classant 23e sur 50 participants. Ce fut une très bonne prestation. Concernant les résultats techniques lors des épreuves individuels, nous avons eu 8 médailles au championnat d’Algérie hivernal, 2 médailles au championnat d’Algérie des épreuves combinées, 11 médailles au championnat d’Algérie des cadets et juniors, 4 médailles au championnat d’Algérie des benjamins et minimes et 6 médailles au championnat d’Algérie chez les seniors. Sans oublier la coupe d’Algérie des interclubs chez les garçons et une médaille de bronze chez les filles. Nous avons aussi deux athlètes qui représenteront notre club et l’Algérie au championnat d’Afrique qui aura lieu à l’île Maurice, du 26 août au 1er septembre. Il s’agit de Talbi Yasmine, au lancer de marteau, et Oucherfiou Smaïl, au 110 m haies. Nous leur souhaitons d’ailleurs de réaliser de bons résultats.
Que pensez-vous de ces résultats, en comparaison avec ceux de la saison dernière ?
Nous avons nettement progressé notamment sur le plan qualitatif. Je prendrai comme exemples certaines performances de nos athlètes. Boukemouche Saber, qui n’était pas loin des minima des jeux méditerranéens au 400 m haies, est un jeune espoir de 23 ans qui promet beaucoup. Il y a l’équipe de 4x100m haies qui a décroché une médaille d’argent avec une performance très honorable. Nous avons également la performance de Rili Billel au saut en hauteur chez les cadets, celle de Titouah Sofiane sur 400m haies, celle de Hichem Sadmi au décathlon et celle de Meznad Yanis au saut à la perche. Tant de talents en jeunes catégories qui s’affirment de plus en plus, assurant une bonne relève au club. Je vous dirai par ailleurs que la politique de notre club est d’accentuer notre travail plus chez les garçons, car leur niveau est beaucoup plus élevé que celui des filles. Il faut reconnaître que le niveau de notre athlétisme féminin est tout juste moyen par rapport aux pays voisins ou arabes. Les garçons, notamment chez les seniors, ont prouvé leur niveau aux différentes compétitions régionales et internationales. Pour résumer, je dirai que nous avons plus de chances d’avoir des médailles chez les garçons.
Comment jugez-vous la troisième place décrochée par votre club devant 265 associations sportives nationales ?
Je pense que c’est une très bonne position. Si l’on décortiquait le classement général, il paraît évident que le GSP est un club imbattable, vu leurs moyens financiers et leur politique de recrutement qui récupère les meilleurs athlètes du territoire national. Alors que nous, nous misons sur la formation. Nous encadrons nos talents jusqu’à la catégorie senior. Vu les moyens modestes dont nous disposons, nous ne pouvons rivaliser avec le GSP. Ce dernier a 60 athlètes seniors, alors que chez nous ils ne dépassent pas la dizaine. Sur le critère des moyens, nous ne pouvons nous mesurer au GSP. En revanche, sur le plan de l’encadrement, nous disposons de cadres très compétents qui peuvent faire le même travail qui se fait au GSP.
En parlant de moyens, peut-on connaître la situation de l’AMCB sur ce plan ?
Honnêtement, si ce n’était l’APC de Béjaïa, que je tiens à remercier, ainsi que la DJS, nous n’aurions jamais pu réaliser tous ces bons résultats. Mais ça reste insuffisant. Ces subventions suffisent à peine à payer la restauration et le transport. Nous ne pouvons aucunement prétendre à inscrire nos athlètes dans les circuits internationaux. La FAA accorde la facilité du visa, mais toutes les dépenses sont totalement à la charge des clubs. Nos difficultés sont telles que nous faisons l’impasse même sur les meetings des pays voisins. Nous disposons actuellement d’une dizaine d’athlètes de bons niveaux mais par manque de moyens, nous ne pouvons les inscrire à aucun meeting. Je vous signale qu’en athlétisme, c’est à chacun de chercher l’adversaire et de se déplacer chez lui. Pour ce qui des moyens infrastructurels, c’est la décadence totale, surtout au niveau de la commune de Béjaïa. Avec une seule piste pour 8 clubs, il est vraiment dérisoire d’espérer concrétiser ses ambitions. L’état de cette piste est en plus déplorable. Cela fait maintenant 13 ans qu’elle a été réalisée et elle ne répond plus aux normes exigées par la discipline. Les tapis de chute sont usés, la piste et le tartan sont détériorés, avec tout ce que cela représente comme risques de blessures pour nos athlètes. C’est l’avis de tous les techniciens. Le tartan n’est qu’une couche de gomme sur du bitume.
Comment voyez-vous l’avenir de l’athlétisme béjaoui ?
Nous demeurons malgré tout très optimistes. Nous espérons néanmoins avoir des échos favorables de la part des autorités. Nous avons un besoin urgent d’infrastructures. Il faut que nos autorités inscrivent des infrastructures à l’échelle de wilaya, pourquoi pas un grand stade à Béjaïa et un autre à Sidi Aïch. Je salue d’ailleurs mes amis qui font un bon travail là-bas. C’est donc un appel de détresse que je lance aux autorités. Il nous faut des infrastructures spécifiques à l’athlétisme dans les grandes daïra de la wilaya. Cela permettra à la Ligue d’athlétisme de créer des pôles de développement car nous disposons de champions un peut partout, mais ils ne sont pas encadrés et canalisés, vu qu’il n’y a pas de structures. Même constat concernant les subventions. Je peux dire qu’il y a trop de favoritisme pour les sports collectifs dont les résultats sont pourtant très médiocres. Qu’on le veuille ou non, l’athlétisme restera le sport numéro ‘’Un’’ concernant les résultats.
On vous laisse le soin de conclure…
Je remercie du fond du cœur La Dépêche de Kabylie pour le suivi et l’attention qu’elle accorde à l’athlétisme au niveau de notre wilaya. J’espère de tout mon cœur que nos autorités ne vont pas tarder à répondre aux doléances de la famille de l’athlétisme. Je tiens à remercier les dirigeants de l’AMCB, Fatah Haddad, Mohamed Laroug, Kamel Maouchi, Laimouche Rabah, Brahim Allaoua, Mustapah Hama, ainsi que nos entraîneurs, Djamel Kherzi, Riad Ait Ahmed, Kerrar, Maouche Tinhinane et tous nos techniciens qui ont fournis des efforts colossaux pour décrocher de bons résultats au niveau national et international.
Entretien réalisé par
Zahir Hamour