insécurité sur chantier ? Normal !

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L’insécurité sur les lieux de travail est une réalité dont les ouvriers du bâtiment, à Béjaïa, sont obligés de s’accommoder, en permanence.

Comme dans plusieurs entreprises de différents secteurs, qu’elles soient publiques, étrangères ou privées, les conditions de sécurité sur les chantiers de construction laissent beaucoup à désirer. A croire que la vie humaine n’a pas de valeur. L’on constate de visu, que ces lieux de travail sont de véritables pièges, de véritables menaces, tant pour les ouvriers que pour les passants. Les bilans de la protection civile sont là pour nous le confirmer. Des personnes perdent leur vie sur leurs lieux de travail, alors qu’elles sont là pour la gagner. Il y a trois mois de cela, la nouvelle de la mort d’un maçon, suite à une chute sur son lieu de travail à Akbou, a plongé dans l’émoi toute la wilaya de Béjaia, particulièrement, la ville d’Ighzer Amokrane, où résidait le défunt. Comme ce pauvre maçon, des dizaines d’ouvriers du bâtiment ont péri dans les mêmes circonstances. Cela nous interpelle sur les conditions de sécurité qui ont cours sur les chantiers du bâtiment.

Chantiers du bâtiment, des pièges mortels

Pas une seule année ne passe à Béjaïa, sans que des morts ne soient enregistrées sur les chantiers. Ce secteur en plein essor, sans doute le plus important dans la wilaya, avec notamment le programme de construction, lancé par le gouvernement, est très loin de respecter les normes de sécurité. Celles-ci semblent reléguées au second plan. Pourtant, c’est le secteur qui présente le plus de danger pour la santé et la vie des travailleurs. C’est le cas dans ce grand chantier du chef-lieu de la wilaya, près du siège de la sureté de wilaya, où deux grands immeubles, d’une quinzaine d’étages chacun, sont sortis de terre. Un passant raconte y avoir frôlé la mort, alors qu’il marchait sur le trottoir. Deux planches sont tombées des étages. Elles ont laissé des traces sur le trottoir. Fort heureusement, plus de peur que de mal pour ce passant, qui affirme avoir été chez le chef de chantier pour se plaindre. Pour un chantier de cette envergure, un filet de sécurité est normalement de rigueur, c’est la moindre des mesures à prendre. Et pour les ouvriers, le risque est permanent et multiple. L’on constate que ces derniers travaillent sans casques, sans chaussures adéquates ni même des gants. Les blessures sont si fréquentes qu’aucun ouvrier presque n’est sans bandages. Le nombre des accidents va croissant. Les chutes ne se comptent plus. Les bilans de la protection civile, établis chaque année, rapportent de plus en plus d’accidents qui surviennent sur les chantiers, sans que de nouvelles mesures ne soient prises. Au niveau du quartier Pépinière, en plein milieu des résidences universitaires, une dizaine d’immeubles ont vu le jour en l’espace de quelques mois seulement. Là aussi, la sécurité est oubliée, alors que le lieu en question requiert la plus grande prudence. Pire que ça, et aussi imprudent que cela puisse paraître, il n’est pas rare d’y apercevoir des ouvriers, soit par insouciance ou par inconscience, passer sous des engins en marche, au risque d’être écrasés à tout moment. Les contremaîtres n’interviennent généralement que pour rappeler les travailleurs à leurs tâches.

Travail risqué non assuré

Pour en revenir au secteur privé difficile de savoir si les ouvriers ayant subi des blessures graves sont pris en charge ou supportent eux-mêmes les frais des soins. Il n’est un secret pour personne, que le secteur du bâtiment dans la wilaya de Béjaïa emploie de la main d’œuvre clandestine, une aubaine pour les entrepreneurs qui se débarrassent ainsi des frais d’assurance. C’est de cette manière qu’Achour, un maçon de 38 ans, résidant à Béjaïa, exerce son métier depuis dix ans. « Je suis maçon qualifié et les entrepreneurs se disputent mes services, tant la main d’œuvre est insuffisante dans le bâtiment. En dépit de tout cela, aucun des patrons pour lesquels je travaille ne m’a assuré », déplore notre interlocuteur. Les chutes font partie du quotidien et elles sont souvent fatales. Pourtant, les chantiers sont soumis à des réglementations strictes. Mais celles-ci peinent à s’imposer en ces lieux de travail. La législation veut par exemple que chaque chantier soit au moins équipé de filets de sécurité pour prévenir les chutes. Mais force est de constater que la majeure partie des chantiers n’en sont pas du tout équipés. Et quand ils le sont, cela ne dépasse pas la formalité tant les filet sont usés et délabrés, ne servant que de trompe-l’œil. Les échafaudages, qui sont également soumis à des normes très strictes, sont tout aussi improbables. Les ouvriers, en les empruntant, ne savent plus s’ils doivent travailler ou penser à faire attention. Ils s’y aventurent, malgré tout, sur des hauteurs qui donnent le tournis. L’on assiste alors à de véritables numéros d’équilibrisme. Sans casques, ni chaussures de sécurités, ni la moindre paire de gants, maçons et ferrailleurs affrontent, désarmés, le fer et le béton, faisant sortir de terre des chantiers faramineux, au détriment de leur vie. Tous ces patrons, aveuglés par l’appât du gain, sont-ils conscients des dangers qu’ils leur font courir ? Les chutes font partie du quotidien et elles sont souvent fatales. Pourtant, les chantiers sont soumis à des réglementations strictes. Mais celles-ci peinent à s’imposer en ces lieux de travail. La législation veut par exemple que chaque chantier soit au moins équipé de filets de sécurité pour prévenir les chutes. Mais force est de constater que la majeure partie des chantiers n’en sont pas du tout équipés. Et quand ils le sont, cela ne dépasse pas la formalité tant les filet sont usés et délabrés, ne servant que de trompe-l’œil. Les échafaudages, qui sont également soumis à des normes très strictes, sont tout aussi improbables. Les ouvriers, en les empruntant, ne savent plus s’ils doivent travailler ou penser à faire attention. Ils s’y aventurent, malgré tout, sur des hauteurs qui donnent le tournis. L’on assiste alors à de véritables numéros d’équilibrisme. Sans casques, ni chaussures de sécurités, ni la moindre paire de gants, maçons et ferrailleurs affrontent, désarmés, le fer et le béton, faisant sortir de terre des chantiers faramineux, au détriment de leur vie. Tous ces patrons, aveuglés par l’appât du gain, sont-ils conscients des dangers qu’ils leur font courir ?  Des chantiers mal sécurisés, On n’en trouve pas uniquement chez les promoteurs privés, mais également dans le secteur public. Le cas, à Béjaïa, du chantier de réalisation de l’échangeur des ‘’quatre chemins’’ en est un exemple édifiant. Les ouvriers travaillent sans casques. Le manque d’organisation et l’absence d’une politique de sécurisation des chantiers les transforment en des endroits anarchiques et exigus, où se côtoient maçons, ferrailleurs et autres, augmentant ainsi le risque d’accidents. Au niveau du quartier Pépinière, en plein milieu des résidences universitaires, une dizaine d’immeubles ont vu le jour en l’espace de quelques mois seulement. Là aussi, la sécurité est oubliée, alors que le lieu en question requiert la plus grande prudence. Pire que ça, et aussi imprudent que cela puisse paraître, il n’est pas rare d’y apercevoir des ouvriers, soit par insouciance ou tout simplement par inconscience, passer sous des engins en marche, au risque d’être écrasés à tout moment. Les contremaîtres n’interviennent généralement que pour rappeler les travailleurs à leurs tâches.

Le HSE, nécessité ou simple formalité ?

Hygiène, Sécurité et Environnement, est en même temps un slogan et l’aboutissement de longues luttes des travailleurs dans les pays industrialisés. Le but était de pousser les gouvernements à regarder un peu plus du côté de la sécurité industrielle. Cette formule qui est en marche depuis des dizaines d’années dans ces pays, n’est apparue que très récemment chez nous. Il s’agit d’un ensemble de normes de sécurité que chaque entreprise doit impérativement intégrer pour améliorer les conditions de travail et parer aux accidents industriels. Il est exigé de chacune de ces entreprises d’avoir des spécialistes en sécurité hygiène, et respect de l’environnement, des superviseurs et inspecteurs, qui doivent veiller à la sécurité des travailleurs, tout en établissant régulièrement un audit sur les anomalies relevées sur le terrain. Depuis son intégration, cette nouvelle exigence a donné lieu à une véritable course pour la création d’écoles enseignant les normes HSE. Ces écoles pullulent, notamment à Béjaïa. En dépit de ce fait, nombre d’entreprises estiment qu’il n’est pas encore temps de faire appel à un spécialiste en sécurité malgré la multiplication des accidents. Si pour les chefs de ces entreprises, le HSE reste une mesure secondaire, pour les travailleurs, en revanche, c’est une question de vie ou de mort, notamment pour ceux des chantiers de bâtiments, où le danger est permanent. Au moment où l’état s’attaque à l’informel, il est sans doute temps de s’atteler à cette tâche vitale qu’est la sécurisation des lieux de travail de ces milliers d’ouvriers qui nous bâtissent nos maisons et nos écoles.

M.H.Khodja

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