Profession mendiant !

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Le phénomène de la mendicité est devenu chez certaines personnes, qui cèdent à leur manière à l’option du gain facile, une profession à part entière.

Avec ses règles et techniques. Au niveau de la wilaya de Bouira, cette pratique a pris des proportions alarmantes. Les services concernés, à savoir la direction de l’action sociale, n’ont-ils rien fait pour mettre un terme à ce fléau ? Autrefois, cette pratique se limitait à quelques endroits du chef-lieu de la wilaya, à savoir l’ancienne gare routière ou encore le pont Sayeh. Actuellement, plus aucun espace n’échappe à ce phénomène, particulièrement durant ce mois sacré de Ramadhan.

 

Ces enfants qu’on prête…

 

En effet, depuis le début du mois de Ramadhan, la ville voit débarquer des dizaines de nouveaux « professionnels » de la mendicité. Mais le pire dans ce « travail », ce sont bien ses « outils ». Des outils qui ne sont autre que des enfants en bas âge ou carrément des nourrissons ! Ils sont utilisés pour adoucir les cœurs des passants afin de leur soustraire quelques dinars. Ces enfants, aux yeux des mendiants, ne sont que de simple outil de travail, ou tout bonnement un faire valoir affectif pour toucher les cœurs des citoyens et surtout leur porte monnaie. D’autres « pros » de la mendicité n’hésitent pas à interpeller directement les passants, en les « sommant » de leur donner de l’argent. Des actions pareilles sont monnaies courantes au niveau du pont Sayeh et aux abords de l’ancienne gare routière. Deux endroits où quelques mendiants s’agrippent littéralement aux passants, afin de tenter de les amadouer avec quelques larmes de crocodile. « Ce sont tous des commerçants sans foi, ni loi ! Ils ne m’impressionnent plus. Je sais bien qu’ils font du cinéma et c’est pour cela que j’ai juré de ne plus leur donner le moindre centime », dira Ali, fonctionnaire de son état. L’activité de la majorité de ces mendiants se pratique à mi-temps. Ils arrivent de bonne heure en ville. Après, ils prennent place sur les grandes artères et les rues fortement fréquentées pour vaquer à leur besogne.

 

« c’est la misère qui nous a poussés à tendre la main »

 

Dans cet univers de mendicité il y a certaines personnes qui mendient, parce qu’elles ont faim et qu’elles n’ont aucune ressource leur garantissant leurs besoins. Ceux-ci sont rares, car les personnes qui sont dans le besoin ont « honte » de quémander. Quand ils le font, c’est avec la plus grande pudeur et discrétion. L’exemple le plus édifiant de ces mendiants, c’est bien le cas des jeunes garçons ou filles qui proposent des conseils religieux ou autres astuces de bien être, inscrits sur du papier qu’ils proposent aux citoyens à un prix symbolique. « Je fais des photocopies gratuitement chez le taxiphone du coin. Ensuite, je les propose aux gens », dira Hanane, une mendiante qu’on a croisé aux alentours de la cité des 120 logements de Bouira. « Je suis contrainte de mendier. Mes fils m’ont mis dehors ! Ils voulaient que j’aille dans l’asile des vieux. Ce que j’ai catégoriquement refusé. A la fin de mes jours, je me suis résignée à demander l’aumône. Mais je préfère faire ça que d’aller moisir dans l’un de ces centres », nous avouera une vieille dame. Pour certains mendiants, que nous avons approchés, d’un commun accord, affirment que c’est la misère qui les a poussés à « oser » faire la manche.

Ramdane B.

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