Durant les quelques derniers jours du mois de Ramadhan déjà on a enregistré une véritable chasse au sachet de lait, à travers l’ensemble de la wilaya de Bouira. Ce produit alimentaire est devenu le sujet de toutes les discussions et l’objet de toutes les inquiétudes. Il est vrai qu’une nette baisse caractérise, ces derniers jours, l’approvisionnement en cette denrée de première nécessité. Les gens font la queue dès les premières heures de la matinée, dans l’espoir de « glaner» quelques précieux sachets et les stocker au réfrigérateur, de peur d’une éventuelle pénurie durant les jours de l’Aïd. En effet, mardi dernier lors de notre tournée à travers les différents points de distribution, au niveau des communes de Bouira, Lakhdaria et Kadiria, les citoyens rencontrés, attendaient avec la plus grande impatience la moindre livraison de lait. Ainsi, à travers les divers magasins visités au niveau du chef-lieu de la wilaya, les marchands tout comme les clients scrutaient l’horizon à l’affût du moindre camion de livraison. Les consommateurs, nerveux et exaspérés par cette situation, ne cessaient de faire la navette entre leur domicile et le magasin d’alimentation générale : « J’attends ce maudit sachet depuis 7h du matin! Il est 11h et toujours rien ! », dira Saïd, un grand père. Le même constat a été fait au niveau du dépôt d’Amar Khodja, situé à la sortie Ouest de la ville. Les revendeurs, vaincus par la chaleur écrasante ne savaient plus quoi répondre aux citoyens. Ces derniers campaient carrément sur place, dans le but de décrocher le précieux sachet dès sa sortie du camion. « J’ai pour mission de ramener un maximum de sachets! Mon père m’a ordonné de rester ici et je ne dois en aucun cas rentrer bredouille », nous dira le jeune Islam, âgé de 14ans. Vers les coups de 13h, une rumeur annonçait une livraison « imminente». Fausse alerte! « Chaque veille de l’Aïd, c’est le même constat ! Nous sommes pris en otage. C’est scandaleux! », s’offusquera ce père de famille, visiblement à bout de nerfs. Dans la commune de Kadiria, à une trentaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya, les commerces et autres points de ventes, étaient pris d’assaut par les citoyens. Ces derniers étaient affolés par des rumeurs faisant état que la distribution de lait n’allait pas s’effectuer aujourd’hui jeudi, si c’était jour d’Aïd : « Je suis dans l’obligation de me procurer au minimum trois sachets. C’est vital !», s’alarmera Amar, un père de trois enfants, dont deux en bas âges. « Pourtant, je me suis ravitaillé dimanche dernier. Visiblement, ce n’était pas assez », ajoutera-t-il. Toujours dans la même commune, et plus précisément dans la cité des 250 logements et le quartier d’El Badr, où se trouvent les principaux points de ventes, on a assisté à un rush sans précédent. Les consommateurs se disputaient une modeste livraison estimée à une cinquantaine de sachets. Intrigués par cette faible quantité nous avons interrogé le vendeur qui ne savait plus où donner de la tête : « c‘est un ami qui m’a livré en urgence. Les camions sont à Lakhdaria », nous indiquera-t-il avec hâte. Vers les coups de 16h30, direction la commune voisine de Lakhdaria, à une dizaine de kilomètres plus à l’ouest. Là nous nous sommes retrouvés face à une marée humaine, qui a déferlé sur les magasins. La nouvelle d’un approvisionnement s’est répandue comme une traînée de poudre. Et c’était l’heure de la livraison. Ce fut la cacophonie générale! Quelques minutes plus tard, les commerçants ont sonné la fin des hostilités, en fixant le quota à trois sachets par personne, pas un seul de plus. Cette pression autour du sachet de lait est appelée à ce poursuivre les prochains jours. Car l’inquiétude des citoyens quant à l’indisponibilité du lait en sachet, pendant les deux jours de l’Aïd a été confortée par les récentes déclarations du patron de l’UGCAA, M. Hadj- Tahar Boulenouar. En effet, ce dernier a annoncé avant-hier, que les commerçants ne seront pas approvisionnés pendant toute la période des fêtes. « Les distributeurs ont contacté les commerçants pour les avertir qu’en raison du départ des travailleurs pour fêter l’Aïd, le rythme de la production va baisser », a-t-il expliqué.
Ramdane. B.