Après le mois de carême, durant lequel la vie nocturne a battu son plein à Tizi-Ouzou, le calme revient peu à peu dans la ville des Genêts. En effet, et depuis jeudi dernier, la ville de Tizi-Ouzou, de nouveau, se transforme en ville fantôme dès 19h. Les magasins sont fermés, les rues désertées et le transport pratiquement inexistant . Les différentes opérations menées par les autorités locales, notamment l’embellissement de la ville et la réalisation de nouvelles placettes, dont celle de ‘’L’olivier’’, sise au centre-ville, ont permis aux citoyens de renouer avec l’ambiance nocturne d’antan. Mais cela n’aura duré qu’un mois. L’Etat a pourtant tenté de redynamiser la vie nocturne à travers toutes les villes algériennes. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait donné des instructions pour que les villes soient animées de jours comme de nuits durant le mois sacré du Ramadhan. Les autorités locales de Tizi-Ouzou ont, à leur tour, ordonné l’ouverture des commerces jusqu’à une heure tardive de la nuit. Lors d’une des réunions de l’exécutif de wilaya, en juin dernier, le wali de Tizi-Ouzou, M. Bouazghi, a même ordonné que l’animation se prolonge jusqu’à la fin de la saison estivale. « Que la fête commence. Donnez aux citoyens l’occasion de changer d’air et de se détendre. C’est l’été. La période des vacances. Adultes comme enfants ! Tous ont besoin de changement. Que la joie et la bonne ambiance habitent chaque coin de rue de la ville de Tizi-Ouzou. Et pas seulement durant le mois sacré de Ramadhan. Je veux que ça dure tout au long de la saison estivale », avait-il dit. Les moyens de transport, ainsi que la sécurité et l’ouverture des commerces furent autant de facteurs qui ont favorisé la vie nocturne, poussant les familles à sortir. Mais voilà qu’après les différentes animations qui ont caractérisées les soirées ramadhanesques, les citoyens de Tizi-Ouzou se cloîtrent chez eux dès la tombée de la nuit. Une virée le soir, au centre-ville, et le constat est fait. Contrairement aux jours passés, il n’y a pas grand monde. A peine 19h et la majorité des commerces, pour ne pas dire leur quasi-totalité baissent leurs rideaux.
Même la place de L’olivier est désertée
A 21h30, la placette de l’olivier est quasi vide. Il y a quelques jours à peine, elle ne pouvait contenir la foule, qui venait même des communes voisines. Vers 23h, quelques personnes sont encore là et à minuit, plus un chat. Même constat au niveau des autres placettes, notamment celle du musée de Tizi-Ouzou. « Dès la tombée de la nuit, l’endroit est habité par les fantômes », ironise Kamel, qui réside tout près du musée. Du côté de la Nouvelle Ville, les habitants ne s’aventurent plus hors des cages d’escaliers. Même topo au boulevard Stiti. C’est le silence et le calme absolu. Juste des voitures qui passent. Quant aux jeunes de la région, ils n’ont nulle part où aller. Alors ils se rassemblent par groupes dans leurs quartiers respectifs. Côté transports, la plupart des stations de la ville étaient désertes. Rares étaient les propriétaires de fourgons qui assuraient les dessertes, notamment vers la Nouvelle Ville et vers les communes voisines. Interrogé à ce sujet, Idir, résidant à la cité du 11 décembre nous dira : « Je suis en congé depuis une dizaine de jours. Mais croyez moi je n’ai pas la force de sortir le soir. Je préfère rester tranquillement chez moi sous la clim. De plus, mis à part ces quelques placettes réalisées récemment, il n’y a pas où aller ». Quant à Amine, un jeune du lotissement Bouaziz, il ajoutera : « après le Ramadhan, j’ai essayé de sortir le soir. Mais il n’y a rien d’intéressant dehors. Les magasins sont tous fermés. Il n’y même pas où acheter une bouteille d’eau ! Depuis mercredi soir déjà tout tourne au ralenti à Tizi-Ouzou. Les gens ont repris leurs vieilles habitudes. Leur train de vie habituel. A peine 19h et tout est en mode off. Tu ne trouves pas un chat dehors. Avec mes trois amis, chaque soir, nous allons à Boumerdès ou à Tigzirt, histoire de changer d’air et de profiter de la mer, vu que pendant la journée il y a trop de monde ». Brahim, un habitant de la Nouvelle Ville, dira : « Sortir le soir à Tizi ? C’est bien beau de sortir, on le voudrait bien. Mais pour aller où et surtout rencontrer ou plutôt tomber sur qui ? ».
Samira Bouabdellah

