à travers cet entretien, le directeur par intérim de la SDC de Tizi-Ouzou dresse l’état des lieux dans sa société et se projette dans l’avenir local, même si des rumeurs persistantes l’annoncent promu officiellement DG et muté à Blida.
La Dépêche de Kabylie : Quel état des lieux faites-vous dans votre secteur, aujourd’hui, à Tizi-Ouzou ?
On s’occupe de deux activités essentielles, en l’occurrence la distribution des deux énergies, l’électricité et le gaz. Pour l’électricité le réseau est sédentaire. Il existe depuis 1953, date de la mise en service de la centrale de Souk El-Djemaà où il y avait une seule ligne qui alimentait la ville de Ain El Hammam, en passant par Larbaà Nath Irathen et alimente Tizi-Ouzou jusqu’à Bordj Menail. Aujourd’hui, nous sommes à 44 lignes alimentant la wilaya de Tizi-Ouzou, à travers des postes sources, notamment à Draà Ben Khedda, Souk El-Djemaà Boukhalfa et Fréha pour ne citer que les postes de 60/30 KV. Il y a également le poste 220 60/30 KV de Oued-Aissi comme ultime source. Dans chaque poste nous avons une disponibilité de puissance de 80 MDA. C’est-à-dire, il y a deux transformateurs de deux fois 40 MDA. Ils desservent un total de 2 363 postes de distribution public. Une livraison de 1 136 postes qui alimentent un taux qui dépasse les 323.000 clients à l’échelle nationale.
Où en êtes-vous avec le projet de renouvellement du réseau ?
Le projet avance plutôt bien. Les réseaux qui ont été mis en service, durant les années 80 dans le cadre de l’électrification rurale, se retrouvent saturés au jour d’aujourd’hui. Il y a déjà le phénomène démographique, ainsi que celui de la sédentarisation et la modernisation. C’est sur ces points qu’on reprend, actuellement pour changer nos réseaux classiques en réseaux torsadés. Si nous sommes en train de les changer ce n’est pas parce que c’est une mode, mais plutôt parce qu’il y a des impératifs techniques, notamment la réhabilitation de réseau. Nous sommes à 2 055 kms en réseau classique et 1 971 kms en réseau torsadé. Il est à signaler que le présent réseau torsadé a augmenté de 5% par rapport à l’année dernière. Il y a aussi la facilité dans l’intervention. Le réseau torsadé n’est pas aussi vulnérable que le réseau classique quand il n’est pas agressé. Car le sérieux problème que nous connaissons aussi dans la wilaya de Tizi-Ouzou est l’agression d’ouvrages. En terme de moyenne tension en aérien, elle est à près de 2 423 kms. En départ souterrain nous avons environs 206 kms. Si nous comparons à 2012, nous constaterons qu’il y a une évolution de 6%. Cette évolution est due aux investissements dans les villages. Comme nous avons alimenté les postes maçonnés, il y a donc une évolution conséquente en matière de réseau souterrain quand il y a une bonne répartition de charges et quand il est bien étudié. Ce système souterrain est fiable en terme d’alimentation. Le relief de Tizi-Ouzou est un peu dur, de ce fait nous ne pouvons pas assurés le souterrain de la source jusqu’au point de livraison. Alors, nous sommes obligés d’utiliser l’aérien.
Combien d’agressions sur les ouvrages ont été enregistrées cette année ?
Ce sont ces actes qui concourent à ce qu’il y ait des chutes de tensions où des coupures d’électricité. Il faut savoir qu’à Tizi-Ouzou, nous avons dépassé le record des 1 700 cas d’agressions d’ouvrages recensés.
Mais toutes les chutes ne sont tout de même pas dues à ces agressions. Le réseau a sans doute aussi besoin d’être renforcé avec l’augmentation de la demande ?
Il y a lieu de signaler que l’entreprise a projeté la construction de plusieurs postes 60/30 KV pour protéger la wilaya de Tizi-Ouzou en terme de besoins énergétiques. Il y a des postes qui sont déjà retenus, notamment celui de Tamda, des Ouadhias, d’Iflissen et celui de Tassadort. Ceux-là sont imminents. Les travaux débuteront vraisemblablement en 2014. Cette année, nous sommes loin des perturbations récurrentes de l’année dernière, car nous avons recensés les points faibles de l’an précédent et nous avons tenté d’y remédier de manière conséquente. Cette dynamique continuera. Elle s’est faites par la concrétisation de pas moins de 86 postes mis en service depuis le début de l’année en cours. Nous prévoyons de finir l’année avec la mise en service d’une centaine d’autres postes. Nous préparons 2014 dès maintenant. Nous avons prévus également la construction de 110 postes. Pour cela, nous avons chargés les chefs de district pour trouver des assiettes de terrains. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’interruption de courant car il s’agit d’un système composé de pièces et de câbles. Nous venons par ailleurs de mettre en service le système SCADA, qui nous permet de faire des manœuvres à distances avec un simple clic de sourit. Ce qui nous permet de régler le problème en un temps record. Tandis qu’avant, il fallait se déplacer sur les lieux et commencer la réparation traditionnelle. Il y a un programme d’investissement qui est conjugué à la réalisation de ces lignes, notamment l’entretien des lignes aériennes ainsi que tout ce qui concerne l’élagage et le resserrage des conducteurs. En terme d’élagage, cette année, nous avons sollicité le concours de la direction de la conservation des forêts. Nous avons, donc, formé des agents au niveau de notre direction pour l’utilisation des tronçonneuses et autres. Mais je tiens à signaler que nous avons des petits soucis en terme d’élagage qui sont d’ordre climatiques. Car nous ne pouvons pas élaguer n’importe quel arbre à n’importe quelle saison. N’empêche qu’environ 1 000m² d’élagage ont été faits.
Et qu’en est-il des oppositions des propriétaires terriens aux projets d’extension ?
Concernant le problème des oppositions à Tizi-Ouzou, je dirai qu’il ne faut pas en faire une fatalité parce qu’il y a d’autres solutions pour régler le problème, notamment la mise en avant de la communication. Ce n’est pas facile pour quelqu’un de vous léguer une assiette de plusieurs mètres carrés. Mais seulement, il y a l’intérêt public. Quand nous arrivons à expliquer cet intérêt général aux gens, parfois nous réussissons à solutionner le problème. Ceci dit, nous enregistrons des retards en matière de réalisation à cause du temps mis pour communiquer avec ces gens. Pas moins de 16 transformateurs ont été délocalisés depuis le début de l’année en cours. Tandis que nous avions faits le choix de terrains en présence des autorités concernées. Quelques jours après, nous repartons pour débuter les travaux et nous nous retrouvons avec un autre projet à délocaliser. Tout ça, parce qu’il y a une personne qui s’oppose. Mais grâce à la communication nous avons réglé certains problèmes. Tous les postes qui été prévus, certains sont en construction et d’autres sont mis en service. Tous les retards enregistrés ont été causés soit par des oppositions soit par des délocalisations. Nous n’avons pas connus de problème de réalisation. Au jour d’aujourd’hui, il y a des oppositions criardes, notamment au niveau du départ de Tamda. Car nous avons prévus de créer un départ à partir de Oued Aissi pour alimenter la nouvelle-ville de Tamda, mais malheureusement, il y a une opposition. Nous avons également une opposition sur le départ de Freha, mais ce dernier commence à voir le bout du tunnel. Contrairement à celui de Tamda qui nous a obligé à engager des pourparlers avec le concerné.
Durant quelle saison la consommation atteint-elle son pic ?
Ce qui est constaté ces derniers temps, est que dans un passé récent, soit 2 à 3 ans de cela, on connaissait une seule pointe et cette surconsommation apparaissait en hiver. Mais suite à la pénétration du gaz dans les montagnes, nous observons un phénomène inverse, voir la pointe été qui surpasse de loin la surconsommation hiver. Ceci est dû d’une part à la pénétration du gaz et d’une autre part à la démocratisation de la climatisation. J’ajouterai également que le prix reste accessible aux citoyens. Une autre raison pour laquelle nous connaissons des consommations avec des pics anormaux.
Les campagnes publicitaires, notamment celle d’une lampe dans un foyer, ont-elles apporté leurs fruits ?
Ces campagnes publicitaires sont un travail de longue haleine. C’est comme dans le marketing. Nous gagnons 10 clients aujourd’hui, 20 demain et 100 dans quinze jours. C’est vrai que le but escompté n’est toujours pas atteint, mais nous avons remarqué qu’il y a de la sensibilisation. Le fait que les gens diminuent l’utilisation de l’électricité dans leurs foyers en est la preuve. Elles commencent à donner leurs fruits. Maintenant, il faut persévérer dans ce sens.
L’éclairage public au niveau de la rocade sud de la ville de Tizi-Ouzou n’est pas au mieux et ça dure dans le temps…
Pour l’éclairage public c’est la municipalité qui s’en occupe. Notre entreprise n’est pas concernée.
Votre entreprise s’est toujours plainte des mauvais payeurs. Combien de créances avez-vous à l’extérieur ?
Dans le cadre de créances, nous en sommes à environs 98 milliards de centimes de créances. Elles sont de 48 milliards chez le citoyen ordinaire et 44 milliards chez les clients facturés sur mémoire et clients moyenne tension, dont les administrations. Ces créances sont enregistrés du début de l’année jusqu’au mois de juin dernier. Le client ordinaire met environs 41 jours pour payer sa facture, alors que pour les administrations c’est en moyenne 232 jours. Car pour ces dernières avant que l’argent n’atterrisse sur notre compte, il devra passer par plusieurs péripéties. En commençant, notamment par le contrôleur financier, puis le trésor, ensuite le CCP pour arriver enfin sur notre compte. Les créances chez les administrations et autres facturés sur mémoire pouraient alors ne pas atteindre les 44 milliards. Mais comme cet argent n’est pas dans le compte de l’entreprise, alors il est comptabilisé comme créances. Pour les APC, nos créances sont de l’ordre de 15 milliards et l’APC de Tizi-Ouzou détient en tous les cas le pourcentage le plus important à savoir 40% des créances du chiffre global détenu auprès de ces mairies.
Dernière question : On croit savoir que vous êtes promus officielement DG et muté sur Blida. Vous confirmez ?
Franchement je n’ai eu pour l’heure aucune décision. Donc je me concentre sur ma mission ici à Tizi-Ouzou.
Propos recueillis
par Samira Bouabdellah