Ighil n’Djiber, un beau village du douar Amdhoune n’Seddouk, est rattaché en 1929, à la commune de Seddouk.
Le bâti de ce village, perché sur une protubérance d’une colline, est presque constitué de vieilles maisons qui gardent encore le charme des habitations rurales dont l’architecture est typiquement kabyle. Côté propreté rien à signaler. Mais cela suffit-il pour rendre la vie agréable à la population, notamment les jeunes, laissés pour compte, qui manquent de tout, particulièrement de loisirs. Les infrastructures culturelles et sportives font superbement défaut dans cette bourgade d’environs mille habitants. Les jeunes villageois sont ainsi exposés aux différents fléaux sociaux tels que l’alcool, la drogue, le vol… Les jeunes ont le choix entre s’adosser aux murs de la placette du village où flâner sur les accotements de la RN 74 qui passe à coté du village ou encore se pavaner dans les champs. Il n’y a même pas un foyer de jeunes où pourra la masse juvénile combler son temps. La téléphonie fixe fait défaut à Ighil n’Djiber qui était, pour rappel, le premier village du douar d’Amdhoune n’Seddouk qui disposa d’une ligne de téléphone fixe au temps de la colonisation. En 2013, le village est dépourvu de ce moyen de communication ! Ce qui oblige les jeunes à aller à la ville de Seddouk, en empruntant des sentiers sinueux, pour pouvoir surfer sur la toile. « Notre village est dépourvu d’infrastructures culturelles et sportives. Je pourrais dire, sans risque de me tromper, qu’il est le seul dans la commune de Seddouk, qui ne possède pas un terrain de jeux. Il n’a même pas un foyer de jeunes ! Alors là le téléphone fixe on n’ose même pas espérer l’avoir un jour. On n’a même pas un café maure pour tuer le temps en jouant au domino ou aux cartes. Nos élus n’ont d’yeux que pour la ville. Les villageois doivent, apparemment, patienter encore jusqu’à ce qu’on décide d’accorder un peu d’intérêt pour ce village oublié. Le dernier projet accordé à Ighil n Djiber datait de l’année 2006. Depuis, il a été délaissé. C’est toute la politique d’équilibre entre la ville et les villages prônée par les pouvoirs publics qui prend un sacré coup avec les disparités entre citadins et ruraux », a souligné un jeune du village. C’est la galère aussi chez les écoliers qui empruntent une piste ravinée, étroite et dans un état piteux pour se rendre à leur école. « Nos enfants, pour rejoindre leur école, ont le choix entre emprunter une piste sinueuse dans un très mauvais état ou faire un détour par la RN74 et s’exposer aux danger de cette route à grande circulation. C’est la seule école dans la commune de Seddouk qui ne possède pas une cantine scolaire. Un projet qu’on n’a pas cessé de demander depuis l’ouverture de l’établissement, il y a plus d’une décennie. À chaque fois, les responsables nous promettent de la créer, mais en vain. Nos enfants doivent prendre un sandwich dans le cartable pour le manger à midi ou revenir à la maison pour manger même s’il vente, pleuve ou sous un soleil de plomb », s’est époumoné un parent d’élève. Le développement est au point mort au village d’Ighil n’Djiber.
L. Beddar