La rentrée sociale sur fond de protesta à Bouira

Partager

La rentrée sociale s’annonce des plus houleuses au niveau de la wilaya de Bouira. A peine septembre entamé que la grogne défraye la chronique locale. La protesta reprend « ses droits». Chaque jour que Dieu fait apporte son lot de manifestations. Pour aujourd’hui, c’est un sit-in, encore un, qui est prévu au niveau du tribunal de Bouira par des jeunes de Ahl Lekser, à une vingtaine de kilomètres au sud-est du chef-lieu de la wilaya, pour exiger la libération de quelques-uns de leurs camarades, arrêtés au terme des échauffourées de la semaine dernière. Une semaine pour ainsi dire riche en évènements traduisant un climat de tension. Ainsi donc, les premiers qui ont ouvert « le bal de la protesta» ce sont les villageois de  la commune d’Ath Laqsar, en incendiant, lundi dernier, leur Centre sportif de proximité (CSP) et en saccageant plusieurs édifices publics. Selon les protestataires, cet acte répréhensible à plus d’un titre est «justifié» par « les conditions de vie jugées honteuses et indignes ». S’ensuivrant quelques escarmouches entre les protestataires et les forces de l’ordre, qui donneront lieu, par la suite, à plusieurs interpellations.  Le lendemain, c‘est-à-dire dans la journée de mardi, après une nuit particulièrement pluvieuse, les habitants de la cité du 1er novembre, dans la commune d’El Esnam, organiseront, à leur tour, une action de rue. Cette dernière consistait en la fermeture de la RN5 pendant plusieurs heures, à l’aide de pneus enflammés et autres blocs de pierres. Le motif? L’aménagement urbain qui fait cruellement défaut, selon les manifestants. Pour eux, les orages de la nuit précédente étaient « la goûte d’eau qui a fait déborder le vase». En effet, pour bon nombre de protestataires, les fortes averses, qui se sont abattues la veille, ont été à l’origine de certains dégâts. Quelques maisons ont été inondées, faute d’avaloirs dans ledit quartier. D’autres ont soulevé la problématique dans ses généralités. «Les travaux d’aménagement qui ont été faits depuis plus de 10 ans n’ont pas été réalisés dans les normes. C’est pourquoi tout doit être refait aujourd’hui. Pour le moment, c’est notre seule et unique revendication», ont déclaré bon nombre de manifestants. Dans la même journée, plusieurs dizaines de citoyens de la wilaya de Bouira avaient organisé un sit-in devant le secteur militaire de la wilaya, afin de réclamer l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Brandissant des banderoles, sur lesquelles on pouvait lire :» Nous ne sommes pas contre la politique de réconciliation. Ce que nous exigeons, c’est la reconnaissance de nos sacrifices durant la décennie noire», ces manifestants réclament également le droit à la retraite, des primes et surtout la reconnaissance. Ils se disent lésés, méprisés et marginalisés par l’Etat.  Le corps de l’éducation n’était pas en reste. Répondant à l’appel du Cnapest-élargi, des enseignants ont entamé leur rentrée en se rassemblant en signe de protestation devant le siège de l’académie, dans l’après-midi de mardi dernier. La cause? Selon certains syndicalistes du Cnapest-Élargi, initiateurs de ce mouvement de grogne, notamment M. Zoubir Messaoudi, cette action se voulait une « réponse à visage découvert au Premier ministre».

Car ce dernier avait, selon notre interlocuteur, donné des suites de fin de non recevoir aux lettres anonymes dans lesquelles il y avait certaines accusations de « mauvaise gestion» dans le secteur de l’éducation à l’échelle de la wilaya.  « Aujourd’hui (mardi, ndlr), on est là afin de dénoncer ouvertement et publiquement les incohérences et anomalies qui entachent notre secteur », a souligné M. Ouali, coordinateur du Cnapest de Bouira. D’après nos informations, les locataires des Haouches de Bouira comptent incessamment battre le pavé pour la énième fois, dans le but d’exiger la distribution des logements sociaux, promis par les autorités. C’est dire que cette rentrée est irrémédiablement placée sous le signe de la grogne.

Ramdane B.

Partager