La grogne s’amplifie à Bouira

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Le front social est en ébullition à Bouira où pas moins de cinq actions de protestation ont été enregistrées, hier, dans les quatre coins de la wilaya. A rappeler que depuis le début de ce mois, l’on a enregistré pas moins de 25 foyers de contestation à travers l’ensemble du territoire de la wilaya. 

Les locataires des Haouchs ne décolèrent pas

Ils étaient les premiers à sortir dans la rue pour procéder à la fermeture de plusieurs voies d’accès à l’aide de blocs de pierres et autres troncs d’arbres. Ainsi, c’est vers les coups de 07h du matin que plusieurs dizaines de citoyens ‘’vivotant’’ dans ces Houchs ont entamé leur manifestation, en bloquant la circulation dans les quartiers de Aissat Idir, Abane Ramdane et celui de la rue Foch. Ils réclamaient la distribution immédiate de leurs logements, situés à la sortie Ouest de la ville (voir notre édition d’hier). « Nous avons trop attendu. On nous avait promis que nous allions avoir nos logements au mois de juillet dernier et jusqu’à présent, nous continuons à survivre dans des taudis », dira l’un des manifestants. Pour sa part, M. Aït Kaci, coordinateur de l’association des Haouchs de la ville de Bouira, expliquera : « cette action est pacifique et se veut un cri de détresse à l’endroit des autorités locales ». Après plus de deux heures de blocage de certaines voies d’accès en ville, les protestataires décideront de revenir à de meilleurs sentiments, en dégageant la chaussée, après s’être entretenus avec les pouvoirs publics. « Nous avons obtenu des engagements de la part des autorités. Ces dernières nous ont certifié que des titres de propriétés nous seront remis dans les plus brefs délais », soulignera M. Aït Kaci. Notre interlocuteur ajoutera : « si les promesses ne sont pas tenues, nous n’hésiterons pas à revenir à la charge ».

Les travailleurs de l’APC de Bouira mettent leurs menaces à exécution

A quelques pas de là un autre mouvement de grogne avait lieu. Celui des travailleurs de l’APC de Bouira qui ont entamé hier, leur premier jour de grève illimitée. Ce débrayage, annoncé la semaine dernière par le biais d’un préavis, dont une copie nous a été remise, est motivé selon la section syndicale UGTA, par des revendications socioprofessionnelles. Celles-ci ont essentiellement trait au retard dans le versement des salaires et des primes, tout particulièrement celle de la scolarité de leurs enfants, au non renouvellement de leurs tenues réglementaires de travail, ainsi qu’à la nécessité d’ouvrir de nouveaux postes budgétaires pour les travailleurs contractuels et ceux activant dans le cadre du filet social. Selon M. Ahcène Mezine, coordinateur de la section syndicale de l’UGTA à l’APC de Bouira : « le problème de versement des salaires revient pratiquement chaque mois, et ce malgré les nombreuses mises en garde. Nous en avons assez de quémander à la fin de chaque mois », dira-t-il avant d’ajouter : « nous appelons le P/APC de Bouira à prendre ses responsabilité quant à l’amélioration de nos conditions de travail ». Autre point soulevé par interlocuteur, celui relatif à la distribution des logements sociaux participatifs : « Nous avons bénéficié d’un quota de 300 logements de type LSP. Mais nous déplorons vivement le retard dans leurs travaux de réalisation. Nous avons eu un quota de 50 logements, qui a été programmé pour 2012 et un quota similaire pour 2013. Cependant, nous sommes à l’orée de 2014 et même le premier quota n’est pas encore terminé ! », a-t-il dénoncé. Concernant la durée de cette grève, ce syndicaliste indiquera qu’elle est illimitée : « Outre son caractère légal, un préavis de grève a pour fonction de permettre aux autorités concernées de prendre les devants et chercher des solutions. Or, nous constatons que nos responsables ne prennent pas les choses au sérieux, jusqu’à ce qu’on les mette devant le fait accompli. Désormais, c’est fait ! ». 

Le CW21 fermé par des citoyens à Oued El Bardi  

Dans la commune d’Oued El Bardi, plus exactement au village de Fraksa, plusieurs dizaines de manifestants ont fermé le CW21 à l’aide de pneus incendiés et autres troncs d’arbres, afin de protester contre les nuisances provenant de la carrière, située non loin de leurs habitations.  Ces villageois s’indigent contre ce qu’ils considèrent comme un problème d’hygiène et de santé publique. Il est vrai que l’exploitation effrénée des ressources naturelles dans cette commune se fait sans le respect d’aucune norme environnementale ou de santé publique. Les quantités des explosifs utilisés lors de l’extraction de la matière première sont très élevées. « Nous sommes soumis à la poussière en permanence. Ce qui engendre des maladies en tous genres. Nous réclamons la fermeture de cette carrière ou au moins le respect des normes de sécurité », souligneront bon nombre de manifestants qui précisent : « les détonations qui se font sentir à des kilomètres continuent de causer des fissures au niveau de la majorité des habitations. » « Nous n’avons pas tiré profit de ces carrières d’agrégats dont l’exploitation génèrent pourtant des rentes fiscales. Notre lot quotidien reste le bruit des détonations et les tonnes de poussière », ont-ils encore indiqué. 

Des agriculteurs en colère à Haïzer  

Un peu plus à l’Est, plus précisément au niveau de la commune de Haïzer, une cinquantaine d’agriculteurs de la région ont organisé un sit-in au niveau du siège de la daïra de Haïzer en en bloquant l’accès. Ces agriculteurs exigent la restitution de leurs matériels d’irrigation confisqués par les autorités locales pour le motif qu’ils contenaient certaines anomalies. Ainsi, c’est vers les coups de 8h30 que ces agricultures se sont rassemblés devant le siège de la daïra, en brandissant des banderoles, sur lesquelles on pouvait lire entre autres : « Rendez-nous notre matériel ! » ou encore : « Les agriculteurs de Haïzer sont en chômage technique ». Certains protestataires affirment que cette confiscation ne serait pas justifiée. « Notre matériel destiné à l’irrigation des terres est parfaitement conforme aux normes de sécurité et d’hygiène. Un beau jour, les services de la subdivision agricole sont venus nous le confisquer afin de le contrôler. Nous ne nous sommes nullement opposés à cette opération. Cependant, ils nous ont laissé sans aucune solution de rechange et nos cultures sont en train de mourir de soif », nous ont-t-ils expliqué. Vers les coups de 10h, une délégation composée de 05 agriculteurs a été reçue par le chef de daïra de Haïzer. Suite à cet entretien, ce commis de l’Etat rassura les agriculteurs en s’engageant à régler ce problème dans les plus brefs délais.                            

Ramdane.B

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