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Un marqueur social !

Le phénomène des cours de soutien scolaire est en plein essor dans la wilaya de Béjaïa. Garages, bâtisses à usage d’habitation semi-finie ou autres locaux, sont transformés en salles de cours par des « professionnels » du secteur de l’éducation, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité d’autant plus que l’activité n’obéit à aucune réglementation. L’angoisse d’un éventuel échec scolaire semble guider le choix des parents, qui n’hésitent pas à envoyer leurs enfants dans ces locaux pour un hypothétique perfectionnement. Les parents cherchent également à augmenter les chances de réussite de leurs enfants, dans un contexte marqué par une course effrénée à la mention aux différents examens de fin d’année. Un phénomène qui sonne comme une remise en cause de la méthodologie d’enseignement dans les écoles publiques, écornant, du coup, son image. Les cours de soutien connaissent de plus en plus de prospérité. Preuve en est, avant même la rentrée scolaire 2013/2014, des écriteaux émanant d’enseignants prétendant assurer des cours de soutien aux élèves, tous paliers confondus, pavoisent les murs d’enceinte des bâtiments publics du chef-lieu de wilaya de Béjaïa. En décodé l’essor inouï des cours de soutien dans cette wilaya peut être interprété comme un échec de notre système éducatif. De même, la scolarisation des enfants dans des écoles privées gagne de plus en plus du terrain, ces dernières années, à Béjaïa. Est-ce juste un effet de mode ou un choix délibéré des parents souvent soucieux d’assurer l’avenir de leurs enfants ? L’école publique algérienne est-elle vraiment « malade » au point d’être désertée par des centaines, voire des milliers d’élèves ? C’est le cas de le dire au regard du nombre d’élèves scolarisés dans les cinq écoles privées agréées de la wilaya de Béjaïa. Les élèves scolarisés dans ces écoles sont pour la plupart issus de familles plus au moins aisées matériellement. Des enfants d’entrepreneurs, d’émigrés et surtout de la crème locale. Des parents ne lésinant pas sur les moyens pour se maintenir au sommet d’une société où l’opulence financière est ostentatoirement affichée ces derniers temps. Ainsi, la scolarisation des enfants dans des écoles privées en est un indicateur de taille, dans la mesure où les tarifs appliqués par ces dernières restent hors de portée des familles modestes. Les frais de scolarisation pratiqués par ces écoles, oscillent entre 8 000 et 12 000 DA par mois, voire plus. En clair, l’école privée est donc exclusivement réservée aux riches. Les responsables de l’Education, au niveau local, assurent que les programmes enseignés dans les écoles privées sont identiques à ceux dispensés dans les écoles publiques. Il reste que le fonctionnement de ces écoles est jusqu’à présent méconnu du grand public. Et les responsables du secteur de l’Education de Béjaïa se gardent d’en souffler mot. Pour preuve, dans les différents rapports de la direction de l’éduction de Béjaïa, présentés devant les élus de l’APW, rien n’a été dit jusqu’à maintenant sur ces dernières. Échappent-t-elles au contrôle ? La question mérite d’être posée, d’autant que d’aucuns s’interrogent sur la teneur des programmes enseignés dans ces écoles. Sur un tout autre plan lié aux rémunérations, des sources dignes de foi assurent que les enseignants exerçant dans des écoles privées, seraient « sous payés » par rapport à leurs pairs de l’enseignement public. Quant aux résultats obtenus par les écoles privées de Béjaïa aux différents examens de fin de cycle, ils ne peuvent aucunement constituer un baromètre de performance. En somme, école privée et cours de soutien, c’est une question de classe sociale.

F. A. B.

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