La clinique Sbihi au centre des débats

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Le diagnostic est sans appel, le secteur de la santé est malade à Tizi -Ouzou ! Malgré les moyens humains et matériels colossaux injectés par l’Etat dans ce secteur, celui-ci reste à la traîne.

C’est  du moins ce qui a été déduit lors du conseil de wilaya qui s’est tenu, avant-hier jeudi, à la cité administrative de Tizi-Ouzou. Un décorticage en bonne et due forme par les responsables du secteur de la santé de la wilaya, les chefs de daïras et d’APC, ainsi que de nombreux élus. Avant le coup d’envoi des hostilités, le premier magistrat de la wilaya, M. Abdelkader Bouazghi, a procédé à l’installation d’une commission de wilaya mise en place par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales à travers sa circulaire datant du 30 septembre 2013, consacrée à la réhabilitation et à la redynamisation du secteur public. La dite commission commencera la mission qui lui est dévolue à partir de demain, dimanche 06 octobre. Elle sera composée du secrétaire général de la wilaya qui en assurera la présidence, de deux représentants de l’APW, le DRAG (directeur de la réglementation et des affaires générales), du DAL (directeur de l’administration locale), de quatre chefs de daïras, quatre présidents d’APC et quatre secrétaires généraux d’APC. Elle aura pour mission de recenser les contraintes et les anomalies dans les différentes structures du secteur public, en effectuant des sorties sur le terrain et en faisant des propositions. M. Bouazghi fera un petit récapitulatif des acquis de la wilaya en matière de structures sanitaires et rappellera par la même occasion l’apport considérable de l’Etat qui na pas lésiné sur les moyens pour assainir le secteur de la santé : « L’Etat a mis des moyens financiers colossaux dans le secteur de la santé. L’enveloppe qui lui a été alloué est de l’ordre de 15 milliards de dinars », dira-t-il. Il ajoutera : « l’objectif est d’asseoir une véritable politique de santé locale, en tenant compte des spécificités de la wilaya de Tizi-Ouzou… ».  L’intervention du directeur du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed fut particulièrement pertinente. Il énumérera les problèmes du CHU, en particulier ceux de la clinique Sbihi et les scandales auxquels elle fait face. Le dernier en date remonte à la semaine dernière où une parturiente d’une trentaine d’année est morte en couches. « Sbihi nous envoie des malades dans un état catastrophique. Nous sommes devenus la morgue de Sbihi, malgré les grands moyens dont elle dispose », lancera le directeur. « Le CHU de Tizi-Ouzou est un pôle d’excellence en matière d’équipements et de ressources humaines, mais la clinique Sbihi en manque cruellement. La faute incomberait, selon le responsable de cette structure, à la charge de travail qui dissuade les médecins d’autres wilayas de venir y travailler ». Il ajoutera : « Nous comptabilisons près de 10 000 évacuations entre officielles et officieuses. 04 parturientes ont été enregistrées officiellement, mais la plupart du temps les patientes évacuées vers les services du CHU arrivent seules ou accompagnés de leurs parents ou de leurs conjoints, avec leurs propres moyens, donc officieusement. Alors que les patientes doivent être évacuées par ambulance et enregistrées officiellement ». Le manque de radiologues a également été soulevé. « Le radiologiste qui exerce actuellement au niveau du CHU ne vient que deux fois par semaine, c’est insuffisant et cela pénalise les patients! », ajoutera-t-il.

Le directeur de la clinique Sbihi répondra à cette attaque en disant que la clinique qu’il dirige était saturée : « Je tiens à rappeler que la capacité d’accueil de cet EPSP est exploitée à 123%. L’occupation des lits avoisine les 12 000 malades par ans, soit 1000 par mois. Et officiellement, une seule évacuation par mois et enregistré en direction du CHU. « En temps normal, 08 césariennes sont pratiquées quotidiennement à Sbihi. Mais pour la journée d’avant-hier par exemple, ce sont pas moins de 18 qui l’ont été », déclarera le directeur de l’EPSP. Il a également tenu à rappeler qu’officiellement une seule évacuation est enregistrée par mois vers le CHU. Il a, par la même occasion, souligné qu’une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes du décès de la parturiente de la semaine dernière.

Attaques et contre-attaques

Le directeur de la santé de la wilaya a pour sa part fait la présentation de son secteur. Il s’est quelque peu accroché lors des débats, avec certains responsables locaux, entre autres, le chef de daïra de Aïn El Hammam. En effet, le premier responsable du secteur de la santé de la wilaya a déclaré lors de sa présentation que le taux d’avancement des travaux au niveau de la polyclinique de Aïn El Hammam, dont les travaux ont démarré il y a de cela une vingtaine d’année, était de 80%. Le chef de daïra de Aïn El Hammam rétorquera que les travaux étaient en réalité à l’arrêt depuis trois ans, en raison d’un avenant qui exigerait près de la moitié du montant global du projet. Il ajoutera que le taux d’avancement du projet est en réalité de 20%. A cela s’ajoutent des projets à l’arrêt, comme le centre d’étude anti-cancer de Draâ Ben Khedda. D’autres projets démarreront quant à eux incessamment, comme le nouveau CHU de Tizi-Ouzou qui sera lancé au plus tard en janvier prochain. Selon le président de l’ordre des médecins, la wilaya de Tizi-Ouzou est la quatrième région en matière de santé à l’échelle nationale après Alger, Oran et Constantine. « L’Etat a mis beaucoup de moyens dans ce secteur. Mais il faut de la rigueur et de la discipline dans la gestion du secteur de la santé locale pour le remettre sur les rails… », a-t-il précisé. Le wali clôturera la séance par des directives à l’endroit de son exécutif : « Nous allons continuer à nous rencontrer au minimum hebdomadairement, car nous devons reprendre les rênes du secteur de la santé par la coordination et la concertation… ».

Karima Talis

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