“Un grand chantier m’attend”

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La judokate algérienne, Soraya Haddad, médaillée de bronze au Mondial-2005 en Egypte et aux Jeux olympiques-2008 de Pékin, a annoncé, jeudi dernier, sa retraite à l’âge de 29 ans, après une carrière internationale de 12 ans. Elle a été nommée entraîneur de la sélection nationale des juniors filles. Nous l’avons accostée à Béjaïa. Elle a bien voulu nous expliquer les motifs de sa décision et ses objectifs dans ses nouvelles fonctions.

La Dépêche de Kabylie : Qu’est-ce qui a motivé votre décision de mettre fin à votre carrière  d’athlète ?

Soraya Haddad : Cela faisait un bon moment que j’y pensais déjà. Je me sens très fatiguée et l’idée d’arrêter a germé bien avant les jeux olympiques de Londres.  Certains ont même dit que ma décision était due aux résultats des JO 2012, mais ça n’a rien à avoir. La vraie raison est l’instabilité qui règne à tous les niveaux du sport algérien.  Certains problèmes qui ont émergé ces dernières années m’ont franchement épuisée. J’ai pris tout le temps nécessaire pour bien réfléchir, notamment depuis les derniers JO où j’ai vécu des moments difficiles. Il y a un peu plus d’une année maintenant, j’ai fait le choix, difficile, d’arrêter. L’âge moyen de la retraite chez les filles judokates est de 33 ans. Chez  les garçons c’est un peu plus. Mais je peux dire que moi, Benyekhlef, j’ai mis fin à ma carrière, un peu plus jeune, pour cause de manque d’encouragement. Je veux ajouter une chose ?

 Allez-y …..

Il y a certains responsables qui pensaient que le fait d’appeler et de parler allait suffire pour ma faire changer d’avis. Mais ce n’est pas aussi simple. Il n’y a plus de place pour la parlotte  et les promesses. Nous concernant, nous les athlètes, nous avons assez d’expérience et nous connaissons parfaitement le milieu. Nous voulons du concret. Mais malheureusement, nous ne voyons rien changer. Beaucoup de gens regrettent notre départ mais respectent notre décision.

 Vous avez néanmoins accepté d’entraîner l’EN des juniors filles ? 

On m’a appelée à plusieurs reprises. Et à la dernière entrevue avec le président de la fédération algérienne du judo, ce dernier m’a proposé de reprendre en tant qu’athlète. Requête à laquelle j’ai répondu par la négative. Alors, il m’a proposé de travailler avec eux au staff technique, m’affirmant que les athlètes avaient besoin de moi et mon expérience. Au début, j’ai franchement hésité à cause de tout ce que nous avons vécu. Mais après réflexion,  j’ai  fini par accepter. J’espère apporter  quelque  chose au judo algérien. Je vais me donner à fond, pour  hisser le niveau de la discipline très haut, au niveau national et international. Je sais que ça ne va pas être facile, mais on va essayer. Ils m’ont proposé de prendre les seniors filles, mais je n’ai pas voulu. Ce sont des athlètes avec qui j’ai travaillé en sélection. J’ai  souhaité travailler avec les jeunes, car il y a un grand travail qui nous attend avec eux. Nous allons essayer de détecter les talents et leur donner leur chance. Un grand chantier m’attend.

 Vous allez commencer quand ?

Il y aura un championnat du monde, à la fin de ce mois d’octobre. Les responsables se sont engagés avec l’ancien entraîneur. Mais le président de la fédération a déclaré que quel que soit le résultat, je serai installée après cette joute. Je commencerai le travail à partir du mois de novembre Inchallah.

 Quels sont les objectifs que vous avez en tête actuellement?

J’ai décidé  de prendre  la catégorie juniors filles pour travailler sur le long terme. Il m’a été donné de remarquer qu’il y avait un grand travail qui nous attendait, notamment au niveau de la discipline et le manque d’assiduité. Il y a besoin de mieux encadrer les athlètes et d’être un peu plus sévère dans l’application des règles. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour transmettre ce que j’ai acquis comme expérience. J’ai un programme de travail qui touchera tous les volets, technique, physique, tactique et surtout psychologique. Il faut que les filles sentent qu’il y a quelqu’un derrière elles. Nous aiderons toutes celles qui ont des potentialités pour aller de l’avant. Je parle là en connaissance de cause. Avoir des gens comme Bouheddou à mes côtés fut une chance inouïe pour moi. Il m’a appris tellement de choses. Il m’a guidée dans toute ma carrière. J’aimerais faire de même avec les filles. 

 Un message à faire passer à ceux qui regrettent votre départ prématuré ?

Je voudrais remercier tout le monde. Les amis, mes fans sur face book, les gens du village, et toutes les personnes qui n’ont cessé de m’encourager sur tout le territoire national. Je remercie particulièrement ma famille et mes entraîneurs qui m’ont soutenue et accompagnée pendant toute ma carrière. J’en garde de très bons souvenirs, même s’il y a eu des hauts et des bas. Je promets à tout le monde de ne pas les décevoir en tant qu’entraîneur. Mes remerciements vont également aux journalistes qui m’ont soutenue et suivie. Merci à tous.

Entretien réalisé par  Zahir Hamour 

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