Sahki Mohamed est le président de l’association des producteurs de figues de la commune de Béni Maouche, dans la wilaya de Béjaïa. Il était aussi le principal organisateur de la 11e édition de la fête de la figue qui s’y est tenue, cette année. Il est également l’un des neuf membres qui viennent de créer la coopérative de transformation de figues. Nous l’avons approché dans son stand, lors de la fête de la figue.
La Dépêche de Kabylie : êtes-vous un agriculteur possédant des terres ?
Sahki Mohamed : Dans quel but vous avez crée la coopérative de transformation de figues ? On a crée la coopérative de transformation de figues pour diverses raisons bien sûr. D’abord, un quart de la production de figue est perdue chaque année. C’est-à-dire les producteurs se contentent de commercialiser le 1° choix, de manger le 2° choix, de donner comme aliment aux bêtes le 3° choix et ne récupèrent pas le 4° choix. La coopérative va leurs acheter tout et chaque variété est destinée à être transformée en produits appropriés. Aussi, les producteurs sont aussi confrontés aux problèmes d’écoulement des productions qui se vendent anarchiquement et en vrac. Dorénavant, ils ne se soucieront plus de la commercialisation.
Et vous pensez en avoir les moyens ?
La direction des services agricoles de Béjaïa nous a délivrés un agrément. Nous avons un capital de 600.000,00 dinars que nous avons utilisé dans l’aménagement des locaux. Pour les équipements, la coopérative bute sur des problèmes de financement au niveau des banques qui exigent un acte hypothécaire pour une personne morale, alors que dans la logique des choses un nantissement des équipements suffirait. Ce que je ne comprends pas d’ailleurs. À chaque fois que des responsables de l’État viennent à Beni Maouche, dès qu’on leurs demande des aides on nous suggère la création d’une coopérative. Et quand on est allé droit au but en créant la coopérative, on bute sur des difficultés. Mais Nous ne sommes pas découragés par ces difficultés, bien qu’elles ne nous permettent pas d’avancer. Pour ne pas perdre les figues touchées par les chutes de pluies diluviennes de septembre dernier, nous avons collecté une vingtaine de quintaux de figues fraîches, bonnes à la transformation. Comme nous n’avons pas de chambres froides indispensables pourtant, nous avons entassé les figues dans des frigidaires. Il faut que les pouvoirs publics nous sortent de cette ornière. D’ailleurs, je profiterai de la visite du wali pour lui faire part de toutes les difficultés qui nous font face.
Parlez-nous de cette 11° édition de la fête de la figue ?
On a voulu lui donner une dimension nationale et on a réussi, en voyant tous ces participants venus de loin, de Tizi-Ouzou, de Béchar et de Sétif. Au départ, on a dressé des tentes au niveau de l’espace du marché hebdomadaire. Devant l’engouement des exposants, on s’est servi même des locaux commerciaux pour jeunes non encore attribués. Le nombre de visiteurs a considérablement augmenté cette année, par rapport aux années précédentes.
On a vu cette année aussi beaucoup de produits fabriqués à base de figues ?
Nous avons invité il y a quelques années, une coopérative de Montpelliers de France dont les membres nous ont montrés les produits que l’on pouvait fabriquer à base de figues. On est même allés là-bas pour voir de visu les techniques de fabrication propres à eux, que nous avons appris. Nous pouvons dire qu’aujourd’hui avec tous ces produits fabriqués (confitures, sirops, gâteaux, jus, …etc.) que les visiteurs ont découvert, désormais en matière de figues rien ne se perdra mais tout se transformera.
Un dernier mot peut-être pour conclure ?
Je demande aux pouvoirs publics d’aider les producteurs de figues à améliorer les rendements et la productivité en leurs octroyant des moyens mécaniques sophistiqués. Car les bœufs et les mulets sont à présent dépassés. On ne cherche pas à avoir des dons mais à nous faciliter l’accès aux crédits bancaires.
Entretien réalisé par L. Beddar.

