Le nom de Mohamed Arkoun, figure incontournable de la pensée islamique, vient d’être donné à une bibliothèque municipale de Paris.
Cette dernière est située dans la rue Mouffetard Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de la capitale française. Un hommage, de plus, au legs intellectuel important du grand professeur qu’était Mohamed Arkoun.Cette nouvelle intervient après l’annonce, mardi dernier, par le wali de la wilaya de Tizi-Ouzou, de baptiser la future annexe de la bibliothèque nationale, en chantier à Tizi-Ouzou, du nom du défunt. C’était lors des festivités organisées à l’occasion de la commémoration de la journée nationale de la presse. La baptisation de mercredi dernier, à Paris, est une initiative du maire de Paris, M. Bertrand Delanoë,; en concertation avec le Conseil de Paris. Cet hommage posthume à une figure intellectuelle algérienne a été salué par les nombreuses personnes présentes à la cérémonie, des universitaires et intellectuels maghrébins et français. Les membres de la famille du défunt étaient également présents. La veuve de Mohamed Arkoun, Mme Touria Yacoubi, a d’ailleurs relevé l’importance d’un tel espace pour la sauvegarde des biens intellectuels de son défunt mari. Elle dira que cette bibliothèque, « qui portait auparavant le nom Mouffetard, permettra aux chercheurs d’accéder à tous les travaux de Mohamed Arkoun ». Elle ajoutera que toutes les initiatives menées dans ce sens permettront « la préservation de son héritage précieux ». Dans la foulée, elle annoncera la création de la Fondation Mohamed Arkoun pour la paix entre les cultures en vue de « garder vivante son œuvre monumentale ». Elle annoncera, également, la création du Prix Mohammed Arkoun. Cette distinction récompensera le meilleur travail de recherche autour de l’œuvre d’un des grands penseurs du 21ème siècle. Pour sa part, l’initiateur de l’hommage, le maire de Paris Bertrand Delanoë,; n’a pas manqué de relever la place qu’occupe Mohamed Arkoun. Il dira en substance : « l’inauguration de cette bibliothèque constitue un moment de gratitude pour un homme d’une immense exigence morale qui a contribué à la richesse de l’humanité ». Il soulignera par la même occasion « l’importance de faire vivre la pensée, l’héritage et la personnalité de Mohamed Arkoun ». Le choix de l’édifice et du lieu n’est pas fortuit, dira encore le maire de Paris. En effet, le 5ème arrondissement de la capitale française qui abrite la bibliothèque, « abrite aussi la Grande mosquée de Paris et l’Institut du monde arabe (IMA) ». Il a rappelé en outre, que ce grand professeur « faisait usage, dans ses travaux de recherches, d’instruments scientifiques qui ont permis de mieux connaître la vision de l’Islam des lumières ». Le grand mérite d’Arkoun fut également mis en avant par le maire du 5ème arrondissement de Paris, lui aussi présent à la cérémonie. M. Jean Tiberi a d’ailleurs souligné l’importance de rendre hommage à « un homme de paix, de dialogue et de culture et à un universitaire émérite », ajoutant : « nous sommes réunis aujourd’hui pour que la plume de Mohamed Arkoun ne s’éteint jamais ». Né le 1er février 1928 à Taourirt-Mimoun, dans la commune d’Ath-Yenni, Mohamed Arkoun est décédé à Paris à l’automne 2010, des suites d’une longue maladie. Il fut, entre autres, professeur émérite d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne (Paris III), et enseigna l’« islamologie appliquée », discipline qu’il a développée, dans diverses universités européennes et américaines, en référence à l’anthropologie appliquée de Roger Bastide.
T. Ch et Aps