L’auditorium du centre hospitalo-universitaire Mohamed Nedir de Tizi-Ouzou a abrité, mercredi dernier, une journée de sensibilisation et d’information dédiée au thème «les cancers professionnels».
Cette rencontre a rassemblé plusieurs participants, notamment des professeurs en médecine, des maîtres assistants, des médecins, et des infirmiers. Six communications ont été présentées, lors de cette journée, inscrite dans le cadre de la formation continue des médecins. « Epidémiologie des cancers » est l’intitulé de la première communication du Professeur Toudeft. Dans son intervention, elle précisera que 1200 cas sont recensés, chaque année. Selon notre interlocutrice « la wilaya de Tizi-Ouzou est la plus touchée par ce phénomène, qui ne cesse d’augmenter ». Quant à la deuxième conférence, intitulée ‘’l’accompagnement psychologique du malade cancéreux’’, l’intervenant dira : « lorsque nous annonçons une pareille nouvelle à un malade, sa première réaction est le déni. Puis il passe par une période marquée d’espoir et de désespoir. Nous avons d’ailleurs inclus, dans le cursus, des modules quant aux attitudes et aux démarches que doit entreprendre un médecin généraliste. Ils débuteront dès la semaine prochaine. Par ailleurs, dans le service d’encologie du CHU, nous avons deux psychologues et un orthophoniste qui accompagnent le malade tout au long de cette période. Nous avons également des thérapies qui sont proposées aux familles ». Durant la seconde séance de cette rencontre, prenant la parole pour présenter sa communication intitulée ‘’les cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques’’, le Pr. Chaib dévoilera qu’en 2010, 30 000 cas de cancer ont été enregistrés. Elle ajoutera que ce nombre est monté en 2012 à 44 000 cas. Quant aux facteurs de risques, elle expliquera qu’ils sont divers et variés. 5% des cas sont dus à des facteurs professionnels, comme les ouvriers exposés. Ensuite, ce fut au tour du Pr. Haddar de l’EPH de Rouiba d’exposer sa communication titrée ‘’Les cancers professionnels : les aspects médicaux légaux’’, dans laquelle il indiquera que la sous-estimation et la sous déclaration des cancers professionnels est liée à « l’information insuffisante des travailleurs et des employeurs sur le risque cancérogène, ainsi qu’à une étiologie professionnelle pas toujours évoquée par les médecins. Egalement à la méconnaissance de la réglementation pour ce qui est de la médecine du travail ». Il ajoutera que c’est aussi dû à la période de latence des cancers professionnels (10 à 40 ans) et au diagnostic établi souvent après la cessation de l’activité professionnelle. Dans sa communication, il a affirmé que selon une enquête de SUMER française, effectuée en 2013, les chiffres démontrent que 10% des salariés sont exposés à un agent cancérogène en milieu professionnel. Ainsi, les secteurs d’activités les plus touchés sont la maintenance avec un taux de 43%, le bâtiment et travaux publics avec 32 %, ainsi que la mécanique et la métallurgie avec 31%. « Une étude réalisée dans la Région Centre d’Alger a concerné au total de 41 entreprises représentant divers secteurs d’activités en 2011. Les Cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), identifiés, sont au nombre de 104 sur un total de 1465 agents identifiés, soit 7,1 % », a-t-il indiqué en poursuivant que cette étude a mis en exergue les difficultés rencontrées à différents niveaux pour évaluer le risque CMR dans l’entreprise. Selon lui, les cancers les plus observés en milieu professionnel sont le cancer des poumons, avec un taux de 15%, et le cancer des sinus de la face, avec 50%. « La loi relative aux assurances sociales définit comme maladie professionnelle et donc comme cancer professionnel, tout cancer résultant d’une exposition plus ou moins prolongée à certains produits ou procédés lors de l’activité professionnelle (article 63 de la 83/13 du 2 Juillet 1983) », précise t-il. Il ajoutera : « une maladie est reconnue comme professionnelle et indemnisable si elle figure dans l’un des tableaux de maladies professionnelles dont la liste est fixée par voie réglementaire (Art 64 et 65). Sur la liste des 85 tableaux de maladies professionnelles, 13 tableaux intègrent le cancer ». Quant au Dr. Fraga, il conclura en présentant son projet intitulé ‘’repérage de l’origine’’. Selon lui, les exposés d’aujourd’hui sont les cancéreux de demain. Il insistera sur la nécessité d’agir dès maintenant.
Samira Bouabdellah