L'association des fils et des filles de Chahids de la wilaya III historique, en collaboration avec la Kasma des Moudjahidine et l'APC de Draâ El-Mizan, a commémoré, hier, le 53ème anniversaire de la mort du lieutenant Belaouche Mohamed dit Si Moh Oulhadj, tombé au champ d'honneur le 23 octobre 1960.
Ainsi, et en plus de la population locale, des Moudjahidine sont venus des quatre coins de la wilaya et même de la wilaya IV historique pour prendre part à cette rencontre. Après un regroupement devant le cinéma Le Maghreb, la procession s’est déplacée au carré des martyrs de la ville où a été déposée une gerbe de fleurs au piédestal du monument dédié aux martyrs de la Révolution (1954-1962). Ensuite, une minute de silence, suivie de l’hymne national, a été observée en leur mémoire. Le programme a continué au niveau de la salle de cinéma. Ainsi, il y eut la projection d’un film tourné par la dite association sur l’engagement et le parcours héroïque du lieutenant. A travers cette projection, le public a appris une partie de la page d’histoire écrite par Si Moh Oulhadj et ses compagnons. Aussi, l’occasion fut donnée dans ce film à des Moudjahidine et à des membres de la famille du Chahid de donner leurs témoignages. Tour à tour, les Moudjahidine Rabah Bendif, Said Atoutah, Rabhi et bien d’autres, sont revenus admirablement sur les qualités humaines, le caractère et le sens d’organisation et de responsabilité de celui qui fut nommé lieutenant en 1958, avant sa mutation en 1959 à la wilaya 4. Aâmi Rabah a développé son intervention sur une embuscade tendue à un convoi de ravitaillement de l’armée coloniale par Si Moh Oulhadj et son groupe, à Ichoukrène (Draâ El-Mizan). » Il était blessé. En dépit de cela, il participa à cette attaque. Il la dirigea comme il se doit. C’était quelqu’un qui savait comment diriger les combats. En plus de son sens de l’organisation, il était quelqu’un de très courageux « . D’autres témoignages ont convergé sur le fait que c’est Si Moh Oulhadj qui avait dirigé toutes les opérations de la grande bataille du six janvier 1959 où pas moins de 380 martyrs sont tombés à Vougarfène et où l’armée française subit de nombreuses pertes, après la capture du sinistre tortionnaire Grazziani et de Chassin. Alors que du côté de sa famille, son neveu Belaouche Hacène a développé étape par étape, l’engagement de son oncle sur cette voie notamment la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, quand Belaouche Mohamed et ses compagnons furent envoyés par Ouamrane à Blida pour s’attaquer aux biens coloniaux. « Il ne revint que huit jours plus tard, entièrement méconnaissable en raison de la fatigue et de ses blessures. Mon oncle avait tout. Il était commerçant et avait des terres. Il pouvait vivre tranquillement, mais il a choisi son camp. Il voulait libérer le pays du joug colonial. D’ailleurs, depuis cette action, on brûla notre maison et on saisit tout ce que nous avions. Même la machine à coudre de ma mère été vendue aux enchères sur la place à Draâ El-Mizan. Notre domicile familial était surveillé et Si Moh Oulhadj était dans le collimateur « , ajouta Cheikh Hacène. D’autres membres de sa famille, Belaouche Amar et Belaouche Ali, ainsi que ses voisins (aujourd’hui dépassant les quatre vingt ans) ont relevé que Si Moh Oulhadj jouissait d’une grande notoriété et qu’il était le plus généreux de tous. » Il aidait les pauvres. Il nous venait toujours en aide », dit une vieille dame. En tout cas, ce sont là des témoignages de valeur que l’histoire retiendra sur le parcours du lieutenant Si Moh Oulhadj. A la fin de la projection du film, la parole fut donnée au maire de Draâ El-Mizan qui jugera qu’il était temps d’organiser de telles rencontres et de rendre hommage aux valeureux martyrs de la Révolution. » Nous contribuerons toujours à faire connaître notre histoire, celle de la région et celle de toute l’Algérie. Il est temps de le faire », insistera-t-il. De son côté le premier responsable des Moudjahidine de Draâ El-Mizan, M. Ali Yabadène, a tenu à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce documentaire retraçant le parcours de Si Moh Oulhadj et promet que d’autres hommages sont programmés pour commémorer les martyrs de la Révolution issus de l’ancienne commune mixte de Draâ El-Mizan. Tour à tour, M. Mohand Ouramdane, de l’ONM de Tizi-Ouzou, M. Ait Ahmed Ouali , membre de l’ALN, ancien chef de daïra de Draâ El-Mizan ( 1966-1971), M. Zahzouh, Moudjahid et Nehad Saïd, président de la FFC locale, n’ont pas manqué à revenir sur de nombreux points auxquels une attention particulière devra être accordée afin d’écrire l’histoire de la révolution avant que ses acteurs encore vivants ne disparaissent. Au terme de cette journée commémorative, le président de l’association des fils et filles de Chahid de la wilaya 3 historique, M. Hocine Bennour, fils du commandant Ali Bennour, a procédé à la remise de cadeaux à l’intention de la fille de Si Moh Oulhadj, qui n’a pas retenu ses larmes, elle qui n’a jamais connu son père, étant âgée d’à peine 5ans à sa mort, à la veuve de Belmahdi Mohamed, un autre novembriste et compagnon de Si Moh Oulhadj, originaire du même village, et un autre Moudjahid, M. Rabhi, de la wilaya IV historique.
Amar Ouramdane