Un lieu touristique, dites-vous ?

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La Brise de mer de Béjaïa, site très prisé par les habitants de la ville et surtout par les touristes pendant la période estivale, tant pour sa fraîcheur que pour sa vue imprenable sur l’horizon et les montagnes des Babors, est littéralement envahie, ces derniers temps, par des rats dès la tombée du crépuscule. Ils sortent de partout, de sous les rochers qui bordent les flots, des sacs poubelle qu’ils éventrent et dont répand le contenu sur les trottoirs, on a même l’impression qu’ils descendent de la forêt des oliviers pour des rencontres avec leurs congénères qui vivent au bord de l’eau. C’est vrai que les eaux usées de la haute-ville, quoi qu’on disent les responsables concernés sont déversées dans la Brise de mer et non dans une imaginaire station d’épuration. C’est, d’ailleurs, ces odeurs des substrats d’égouts qui font rameuter les rats à cet endroit qui a, pourtant, été réalisé à coups de milliards pour compenser, un tant soit peu, les citoyens de Béjaïa. Un rat n’est jamais beau à voir. On a toujours peur qu’il vous transmette une quelconque maladie rien qu’en passant à côté de vous. Bachir qui aime taquiner le poisson sur les rochers de la Brise de mer les après-midi, et en connaissance de cause, conseille vivement à ses amis les pêcheurs de toujours fermer leurs sacs de pêche soit à fermeture éclair ou avec un ourlet. Car soutient-il, sans cette précaution, les rats sont toujours là pour leur voler les poissons qu’ils ont pêchés, c’est dire à quel point les rats foisonnent à cet endroit censé être un lieu approprié pour la détente et le repos des citoyens.  Depuis sa réalisation, il y cinq ou six ans, d’après les habitués des lieux, une seule opération de dératisation a été effectuée par les services du port, alors que, ajoutent les amateurs des moulinets et des lignes mortes, cette opération de nettoyage des lieux, en attendant la construction d’une hypothétique station d’épuration des eaux usées de la haute-ville, doit se faire régulièrement, au moins une fois tous les six mois. M’henni, la cinquantaine, affirme à ses amis que depuis qu’il a lu le roman « La Peste », œuvre de fiction imaginé par Albert Camus, chaque fois qu’il voit un rat, il ne peut s’empêcher de penser à la peste et aux nombreuses autres maladies dont les rats sont les vecteurs. Ce qui lui donne, ajoute-t-il, une sorte d’écœurement pour toute la journée.                                  

B. Mouhoub .

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