Alerte à l’eau infecte !

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Depuis plus d’une semaine, les citoyens des communes de Aïn Bessam et Sour El Ghozlane, situeés respectivement à 25 et 45 kms au sud du chef-lieu de Bouira, sont horrifiés par l’eau qui coule de leur robinet. 

Une eau jaunâtre au goût plus que douteux. En effet, ce curieux et inquiétant phénomène a été constaté au niveau des différents quartiers de ces deux agglomérations. D’après plusieurs témoignages de la population, c’est une eau de couleur jaunâtre, d’un goût infecte et d’une odeur nauséabonde qui jaillit des robinets ! Ce fait, peu anodin, suscite moult interrogations et appréhensions auprès des citoyens, allant même jusqu’à créer une panique générale. « Franchement, je suis désappointé ! L’eau du robinet est imbuvable. Elle a une odeur bizarre et un goût amer, en plus d’une couleur semblable à celle de l’urine », révèlera un citoyen de la cité l’ALN à Sour El Ghozlane. Et de poursuivre : « D’ailleurs, j’ai déjà pris mes précautions. Pour boire ou cuisiner, je me suis rabattu sur les eaux minérales du commerce ». Ces dernières, partent comme des petits pains ! C’est ce qui a été constaté au niveau des commerces de gros et de détail du chef-lieu de la commune de Ain Bessam. Cette ruée vers les eaux en bouteilles, s’explique en partie par les folles rumeurs qui courent au sujet de ce liquide qui coule des robinets et qui ressemble à tout sauf à une eau conventionnelle ! « Qui sait ce que cache cette eau ? Peut-être elle est contaminée ?! Je ne prendrais aucun risque, d’autant plus que les services des eaux de la wilaya n’ont émis aucun communiqué. Alors, je m’abstiens !», dira un citoyen avec une inquiétude non dissimulée. Concernant les services de l’Algérienne des eaux, c’est le silence radio ! Afin d’en savoir plus sur cette étrange affaire qui fait jaser toute la wilaya de Bouira, direction le siège de l’ADE située au quartier des 130. Et là un employé fera preuve d’un déni catégorique de cet état de fait et dira : « De quoi parlez-vous ? On n’a jamais entendu parler d’une soi-disant pollution de l’eau du robinet. Ce ne sont que des rumeurs !». Devant notre insistance, un autre employé avouera avec un certain embarras : « Effectivement, notre direction a été interpellée par les citoyens, quant à la qualité de l’eau. Cependant, je tiens à dire que des analyses ont été effectuées par notre laboratoire. Elles se sont révélées négatives et sans danger pour la santé », affirmera l’employé. Au sujet du goût, de l’odeur et de l’étrange couleur de ce précieux liquide, cet interlocuteur nous indiquera : « Si vous souhaitez de plus amples informations, adressez-vous à notre centre d’analyse de Draâ El Bordj ». 

Les services de contrôle tentent de rassurer

Une fois sur les lieux, une laborantine spécialisée en microbiologie, confirmera que : « Il est vrai que l’eau du robinet a une couleur et une odeur qui sortent de l’ordinaire. Les services de l’ADE nous ont ramené des échantillons de plusieurs quartiers pour les analyser. Et Je peux vous assurer que cette eau est propre à la consommation !». Avant d’ajouter : « Néanmoins, elle reste difficilement buvable, je dois bien l’avouer ». Au sujet de la couleur jaunâtre et surtout du goût infect de ce liquide, notre interlocutrice expliquera : « Le chef-lieu de la wilaya est desservi par les eaux du barrage Oued Lek’hal. Ce dernier a connu durant la période estivale une prolifération d’algues, ce qui a pour effet de polluer l’eau de ce barrage. Afin d’y remédier, nous le traitons avec un procédé d’absorption sur charbon actif. Cette technique permet d’éliminer les impuretés liées aux algues et autres agents polluants ». Avant de préciser : « Ce charbon actif doit être lui aussi traité par un autre produit chimique, dans le but d’éliminer toute trace de goût, de couleur ou bien d’odeur. Cependant, par manque de moyens, ce produit n’est pas disponible dans l’immédiat ». Ces explications techniques ont le mérite de dissiper toute crainte de contamination de maladies hydriques, et c’est bien là l’essentiel. Cependant, cette psychose aurait pu être très bien évitée par les services de l’ADE. Cette dernière avait toutes les possibilités d’informer la population au sujet de cette eau, via la presse locale ou bien la radio, ou tout simplement par voie d’affichage, au lieu de vouloir « étouffer » l’affaire, en se murant dans un silence assourdissant, allant jusqu’à nier l’existence pure et simple d’une anomalie quelconque. Cette politique de l’autruche, qui consiste à se terrer dans le mutisme et le refus de communiquer, ne peut que pénaliser les citoyens d’une part, et discréditer cette entreprise publique, d’une autre part. Enfin, en guise de conclusion, les citoyens de la wilaya de Bouira peuvent pousser un grand ouf de soulagement, du fait que l’eau du robinet soit potable, en attendant qu’elle soit buvable.

Ramdane B.

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