Dans le cadre des hommages aux martyrs et héros de la révolution, organisés par le musée régional El Modjahid de Tizi-Ouzou, la journée d’hier a été consacrée à deux illustres noms de Chouhada. Il s’agit de Aït Mezian Mokrane et de Mokhtari Rabah. Un hommage qui coïncide avec la commémoration du 59ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale. Lors de la cérémonie, les intervenants se sont succédé livrant chacun son témoignage, évoquant des moments de vie partagés avec les deux martyrs, tombés au champ d’honneur en 1959. Un court-métrage, réalisé par le musée et regroupant plusieurs autres témoignages sur leurs parcours, a par ailleurs été projeté à l’assistance en début d’hommage. L‘assistance, dont la famille des deux martyrs et plusieurs membres de la famille révolutionnaire, y a appris un peu plus sur ce que fut leur vie et leur combat. Smail Ougemoun, le premier intervenant, dira avoir connu Aït Mezian Mokrane à Iflissen. « Il était plus connu sous le nom de Si Mokrane Anadhor et était chef de section dans la région. Nous avons vécu côte à côte, et avons donné et reçu des coups ensemble », expliquera le Moujahid, pour qui le chahid était « plus qu’un frère », dira-t-il. Quant à Rabah Mokhtari, fils de Timizart Loghbar, né en 1937, l’intervenant dira l’avoir connu à Mizrana, où il faisait partie des plus jeunes de la section, « mais aussi des plus beaux et des mieux portants », soulignera Smail Ougemoun. Poursuivant sa remémoration, il parlera d’un certain 14 mars de l’année 1958, où Rabah Mokhtari et lui avaient osé tendre une embuscade entre 3 postes français. « Entre Agouni Gueghran, Aït Saïd et Tizi N’ Bouali, nous nos sommes attaqués à un parent du Général Fort ». « La réplique de l’armé française fut des plus acharnées. Rabah fut touché au visage », dira-t-il ému, précisant que cette blessure a laissé son compagnon alité pendant près de six mois et qu’une cicatrise lui en est restée au visage. Il aura également des difficultés à parler, ce qui n’a empêché le combattant à reprendre le chemin du combat. Ensuite, ce fut le tour à Si Moh Saïd T’Boudoucht de parler de ce qu’il a partagé avec les deux chouhadas. Il expliquera entre autres comment, grâce à lui, le contact a pu être établi entre Si Mokrane Anadhor et les moudjahidin qu’il a rejoints par la suite. « Il était en permission, car il passait son service national. On m’a alors demandé de le contacter pour savoir s’il avait l’intention de retourner à la caserne reprendre son service ou alors rejoindre le maquis ». Si Moh Saïd expliquera qu’Aït Mezian Mokrane, né en 1935 au village Nadhor à Aghribs, avait déjà le projet de prendre les armes contre l’occupant. Il cherchait juste un contact. La série de témoignages continuera jusqu’en début d’après-midi, rendant hommage au sacrifice des deux chouhada qui ont fini leur combat ensemble. Rabah Mokhtari était devenu, par la suite, le secrétaire de Si Mokrane Anadhor. Ils sont morts tous les deux suite à la même attaque, le 29 mai 1959, à Tala Illilen, à Tikobaïn. Pour rappel, et dans le cadre de la célébration du 59ème anniversaire du début de la révolution, le musée El Modjahid a initié un programme qui a débuté le 31 octobre, avec un hommage pour le Chahid Tayeb Seddiki à Azazaga. La journée du 1er novembre a été consacrée à l’exhumation des ossements du chahid Mohamed Akli, du village Sikh Oumedour, pour être inhumés dans le carré des Chouhada, à M’douha.
T. C.
