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Que sont devenues les fêtes religieuses ?

«Mis a part les deux Aïd, à savoir d’El-Ad’ha et celui d’El-Fitr, qui revêtent un aspect particulièrement festif, car rimant avec la consommation, le reste des fêtes religieuses, comme 1e Moharem ou El-Mawlid Ennabawi, ne sont plus que de simples jours fériés. Des jours de repos ordinaires et banals dont le sens et la portée religieuses semblent de plus en plus échapper la majorité des gens», dira Mohamed, un père de famille de la ville des Genêts, qui semble-t-il, n’a rien prévu pour célébrer le jour de l’an Hégirien, qui a coïncidait avec la journée d’hier. Les fêtes religieuses dans la société algérienne étaient synonymes de respect des valeurs spirituelles et religieuses, mais également de préservation des traditions et de l’identité. Ceci dit, ces dernières années, ces célébrations ne sont plus ce qu’elles étaient. Généralement, pour le Moharem, les Kabyles, à l’instar de tous les algériens, préparent différents plats traditionnels. Pour certains, c’est un bon couscous accompagné d’un poulet ou une Rechta, un plat également préparé avec du poulet, des pois chiches et des courgettes. Quant à d’autres, ils optent pour des plats plus modernes, notamment des frites, accompagnés de viande rouge ou blanche. Selon les dires de quelques personnes interviewées hier, les différentes fêtes religieuses n’ont plus la même saveur qu’avant, lorsque pour les familles algériennes d’antan, ces fêtes étaient synonymes de partage et de gaieté. Les familles se retrouvaient toutes dans une maison, autour d’une table, pour partager un dîner et finir la soirée avec un thé un café des cacahuètes et différentes sortes de gâteaux. Aujourd’hui, on se contente de s’envoyer des SMS ou passer des coups de fil à la hâte. « Les fêtes religieuses ont perdu de leur saveur, ces derniers temps. On a l’impression que les citoyens ne se soucient que peu de ces célébrations, y compris les pratiquants. A mon avis, il est impératif de préserver toutes nos fêtes et de faire revivre les ambiances de convivialité et l’esprit de solidarité d’antan », précisera Amar, la quarantaine, soudeur de son état. Quant à Sakina, une étudiante en troisième année Biologie, elle dira que « les fêtes religieuses dans notre pays ne sont plus ce qu’elles étaient. Aujourd’hui, ce ne sont que des journées synonymes du mot férié. Pour moi, c’est la fête, car je n’ai pas cours. Idem pour ce qui est de ceux qui travaillent. Je suis agent de réception dans une société mais nous ne travaillons pas aujourd’hui (hier, NDLR) car c’est Moharrem ». Pour sa part, Akila se demande quelles sont les raisons de ce changement. « Je me demande pourquoi nos traditions ont autant changé du jour au lendemain. C’est peut-être dû au fait de la parabole qui a chamboulé nos moeurs… ». Idem pour Saïd, la trentaine, qui indique que toutes les fêtes se ressemblent aujourd’hui. « Jadis, chez moi, à chaque fête religieuse, tout le monde se donnait rendez-vous pour partager un dîner et finir la soirée en discutant autour d’un bon thé et des cacahuètes. Aujourd’hui, si on se rappelle de ces célébrations, c’est juste parce que nous ne travaillons pas ce jour-là. C’est férié ! », dira-t-il. Par ailleurs, nombreuses sont les familles qui célèbrent toujours ces fêtes religieuses et qui se retrouvent autour d’un bon plat traditionnel, pour se rappeler des anecdotes et partager des moments de détente avec leurs proches. « J’adore ces fêtes, ce sont les seules occasions où toute la famille se réunit. Chez moi, c’est le couscous au poulet et une soirée thé-gâteaux. Mais le plus agréable dans tout ça, ce sont ces moments de partage et de souvenirs », témoigne Moh Saïd. Pour rappel, la fête de l’Achoura sera célébrée jeudi 10 Moharam 1435 de l’Hégire, correspondant au 14 novembre prochain, selon un communiqué du ministère des Affaires religieuses qui a lancé un appel aux donateurs pour le Fonds de la Zakat, les invitant à « déposer leurs dons dans les comptes courants postaux de cette structure au niveau de chaque wilaya ».        

 Samira Bouabdellah

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