La fuite en avant du monarque

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Mohamed VI n’a pas manqué l’occasion qui lui était offerte, par la commémoration du 38e anniversaire de « la marche verte », pour encore s’adonner à son sport favori, « bouc-émissairisée » l’Algérie. D’une part, pour faire diversion et faire oublier les bides récurrents de sa diplomatie sur le plan international, et d’autre part, occuper un tant soi peu son peuple en lui désignant l’origine des soucis multidimensionnels du royaume, le voisin oriental, en l’occurrence. D’abord sur le terrain des droits de l’homme, le roi désigne, sans la nommer, l’Algérie : « Le Maroc refuse de recevoir des leçons en la matière, surtout de la part de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l’homme. Quiconque souhaite surenchérir sur le Maroc n’a qu’à descendre à Tindouf et observer dans nombre de régions alentours les atteintes portées aux droits humains les plus élémentaires ». Nonobstant les rapports circonstanciés des organisations chargées du respect des droits humains, que ce soit de l’ONU ou d’ailleurs, dont le dernier émane de la fondation Robert F. Kennedy, dans une lettre à John Kerry, envoyée la veille de sa visite au Maroc, lui rappelant : « Comme vous le savez, le Sahara occidental a été occupé par le Maroc depuis 1975, en dépit du fait que les Nations Unies et la grande majorité des pays n’ont jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur cette région. Le référendum permettant au peuple sahraoui d’avoir la possibilité d’exercer son droit à l’autodétermination a été promis en 1991 par le Maroc et la communauté internationale, et à ce jour, cette promesse n’a pas été respectée ».  Selon les propos de Mohamed VI, les camps de réfugiés sahraouis se trouvant sur le territoire algérien sont plutôt des centres de concentration de déportés, à leur corps défendant, et qu’ils sont là contre leur gré. Alors qu’ils ont fui les exactions de ses troupes qui devenaient de plus en plus insupportables. Poursuivant sa diatribe contre notre pays, le souverain alaouite reproche à l’Algérie, à l’instar d’autres pays et organisations, de critiquer « de façon injuste et malveillante, à ajouter foi à quiconque accuse le Royaume de violation, tout en ignorant les décisions de justice, et même en faisant l’impasse sur ce que le Maroc accomplit concrètement sur le terrain ». Dans son discours, d’une vingtaine de minutes, le monarque n’a fait, à aucun moment, allusion à la violation de la franchise du consulat algérien de Casablanca et à la profanation du drapeau national le 1e novembre passé dont l’Algérie exige des excuses officielles. C’est dire qu’il ne cherche pas l’apaisement, mais le pourrissement des relations entre l’Algérie et le Maroc. La démarche zen de la diplomatie algérienne est, à cet égard, bien plus scrupuleuse du devenir des relations bilatérales, fraternelles et de bon voisinage, que les gesticulations fates et désuètes du Maroc.    Il est incontestable que la fuite en avant de la monarchie marocaine la mènera tout droit vers l’impasse, dés lors qu’en dépit du politiquement correct, en l’occurrence la reconnaissance du droit du peuple Sahraoui à l’autodétermination, elle a opté pour la défiance des résolutions de la communauté internationale.

 Sadek A. H.  

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