C'est sur une note optimiste et avec la résolution d'organiser d'autres rencontres qui mettront plus en avant la créativité des œuvres d'Assia Djebar que les initiateurs et participants au 8ème colloque international, organisé à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, ont clôturé leurs travaux, lundi dernier.
Et c’est d’ailleurs avec autant d’optimisme que les recommandations du colloque ont été présentées au public. Le vœu que le colloque se perpétue fut l’un des principaux points mis en avant par les participants. Une nécessité qui s’impose pour permettre encore une fois « aux universitaires et chercheurs du monde entier de se retrouver autour des œuvres D’Assia Djebar ». Il faut en effet rappeler que ce colloque qu’a abrité pour trois jours l’université Mouloud Mammeri a vu la participation de conférenciers venus de France, des USA, de Tunisie, du Japon et de Djibouti, en plus de ceux venus de différentes régions du pays, telles Mostaganem, Djelfa et Médéa, entre autres. A travers leurs recommandations, les participants ont aussi considéré le colloque comme « un point de départ pour d’autres travaux à programmer dans un avenir proche, afin de mettre en avant le travail de l’écrivaine ». La rencontre a aussi été l’occasion d’exprimer la nécessité de mettre les livres de la romancière à la disposition des universitaires, notamment au département des langues.
La rencontre a aussi été l’occasion d’exprimer la nécessité de mettre les livres de la romancière à la disposition des universitaires, notamment au département des langues.
Cette initiative de la faculté des langues de l’Université Mouloud Mammeri, plus précisément du laboratoire de l’analyse du discours, de celle des langues et cultures étrangères et de l’équipe du programme national de recherche (PNR), a rencontré la satisfaction de tous les participants, notamment le cercle des amis d’Assia Djebar à Paris qui a collaboré scientifiquement à sa réalisation. Sa présidente, Mme. Amal Chaouati, a ainsi profité de la cérémonie de clôture pour appeler à ce que « les œuvres d’Assia Djebar trouvent la reconnaissance qu’elles méritent. Et cette reconnaissance n’est malheureusement pas assez affirmée et exprimée à l’auteur, que ce soit ici ou à l’étranger ». L’oratrice évoquera d’ailleurs comme preuve de ce manque de considération à l’égard de la romancière, le film réalisé par cette dernière elle même. Il s’agit du long-métrage intitulé « La Nouba des femme du Mont Chenoua ». Pour elle, « il est en effet dommage qu’un film qui est fondateur du cinéma féminin, méritant une attention particulière, n’ait même pas été diffusé en Algérie ». Mme Chaouati affirmera en effet que « depuis sa réalisation, cette œuvre n’a été diffusée en Algérie qu’une seule fois, en 1977 ». Elle déplorera le fait que « cette réalisation ne bénéficie pas de la moindre attention, qu’elle mérite pourtant. Le film n’est même pas accessible pour les cinéastes et autres fervents et amateurs du septième art qui, pourtant, se doivent de connaître les premiers travaux fondateurs de cet art en Algérie », dira-t-elle. C’est pour cette raison d’ailleurs que sa projection au grand public a été intégrée dans le programme du colloque pour l’après-midi de lundi. De son côté et pour marquer la fin des travaux du colloque, la directrice du laboratoire d’analyse du discours, également présidente du colloque, le Dr. Amina Belaala, reviendra à la charge en rappelant « la nécessité de traduire les manuels d’Assia Djebar en langue arabe ». Un point qui été d’ailleurs souligné à travers les recommandations finales du colloque. Elle insistera sur le bénéfice que ceci aura « et pour le grand public et pour la culture et le patrimoine nationaux qui ne s’en trouveront que plus enrichis ». Pour l’intervenante, il est en effet « dommage que cette littérature soit laissé au profit des autres ». Elle appellera d’ailleurs à « plus d’efforts de la part des arabisants dans la restitution de cette littérature et sa libération du texte de la culture de l’autre, à travers sa traduction dans la langue nationale ». Une chose qui n’est pas impossible « avec le nombre d’universités et de laboratoires spécialisés dans la traduction dont nous disposons », dira la présidente. Le doyen de la faculté des langues étrangères soulignera pour sa part que « même s’il y a absence de traduction, Assia Djebar peut être lue et comprise. Car même si elle utilise la langue de l’autre, le texte est algérien, avec les problématiques, les frustrations et les rêves des Algériens ».
T. C.

