Le bohémien de l’image

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Ben Lahlou Slim, âgé de 30 ans, est originaire de Timezrit, une région connue pour ses artistes. A la trentaine, son expérience de l’art lui prête beaucoup plus de vie que ce que ne laisse paraître son âge.Il a connu ses premières esquisses au crayon, quelques mots en formes de poésie et de photographie en noir et blanc, dans les albums de son père. Un héritage culturel, qui, comme d’une lumière qui revient d’un vieux souvenir longtemps estompé derrière les murs du silence, vient perpétuer la vie de son ascendant, de ses ancêtres au prix d’une expérience qui ne porte qu’une seule vocation “l’expression artistique”.Rédacteur en chef du journal Révolution culturelle, de l’association Thafath de Timezrit depuis 1988, et qui remporta le 2e prix Mouloud-Mammeri en 1999, responsable de l’atelier de peinture de la Maison de la culture de la wilaya de Béjaïa avec Madjid Chaintou et Malika Khelloufi, en 1996.1997 fut l’année où Slim s’était rangé du côté de la solitude avant de s’adonner à une bohème artistique par un long voyage de pèlerin, qui n’avait connu de répit que pendant ces sempiternels instants des expositions, où ses œuvres faisaient l’ornement des galeries d’art et le plaisir des gens en quête de bonne expression.Slim peint ce qu’il ne peut pas photographier et photographie ce qu’il ne peut pas peindre. Poussé par sa passion, il lutte à reproduire les symboles des anciens, les traits de notre culture, par une bonne corrélation entre la peinture et la photographie ; une fusion dont Slim s’est beaucoup servie pour promouvoir la beauté, reconstituer le miroir de l’identité algérienne, afin de se garder d’oublier l’Algérie d’hier. Avec un cœur qui n’a jamais manqué à l’ouvrage, Slim déploie la langueur de l’art sur un temps défavorablement prompt, inspiré par Baudelaire, un poète qu’il aime citer par son prénom, un poète qui fait bonne impression sur Slim dont la passion faisait renaître Charles de sa mort. Il s’essaie à l’écrit poétique, se consacre à la peinture avant d’avoir fini de sculpter les bois des mers enivrées et de photographier la beauté de sa bohème… partagé entre différentes formes d’expression artistique qui berçaient son âme de nomade à l’image de cette musique qu’il joue avec son harmonica aussi bien que comme il peint pour adoucir son spleen.“L’œuvre est le fruit d’une pensée, d’une illusion intelligente qui vit à travers les temps, chargée de messages, d’empreintes et de sentiments humains… L’art et la beauté du cœur, la révolte du sentiment ; une idée qui naît dans le bain de la sincérité. Comme de ces astres qui allument le ciel, l’art se tient à côté du soleil pour rallumer les rayons estompés par les ombres, éclairer l’envers, accompagner le temps, prolonger la vie prompte de l’être dans la mémoire conservée de son peuple…”, nous confie Slim avant d’ajouter : “… Non, je ne suis pas un artiste, comme le prétendent les règles humaines… Je ne suis que le négatif des images qui s’effacent, le bruit qui pense, le crissement de couleurs émotionnelles, le nomade des étoiles, le papillon des fleurs qui n’apprivoisent aucun jardin. Comme un faucon épiant gestes et actions, je prend plaisir dans chaque évasion qui m’emporte loin dans les prairies du bien…”. Si la peinture est une poésie qui se sent au lieu de se lire, la photographie pour Slim est la calligraphie de l’œil, le chant timide des rêveries lointaines et soudaines.En son actif, on compte environ 800 clichés photographiques qui traitent de thèmes divers, notamment : lumière, traces, fantaisie, artiste sur scène et planches, floralies sauvages, paysages et composition… Quant à la peinture, on dénombre plus d’une vingtaine de tableaux et de fresques parmi lesquels on cite des portraits d’artistes comme : Baudelaire, Van Gogh, Tahar Djaout, Kateb Yacine, Amazigh Kateb, ami de l’artiste sans compter des musiques peintes comme le gambri, le gnawi, le blues et le rock dans des tableaux mêlant musiciens et instruments au sein d’un décor de scène. Et une dizaine de sculptures sur argile cuite et sur bois des mers dont quelques unes se trouvent à l’étranger. L’université est un vecteur de culture : un étal qui sert beaucoup Slim dans l’exposition de ses œuvres, la transmission de ses symboles et de son expression. Et, parmi les universités les plus fréquentées par les œuvres de Slim, se trouvent en tête l’université de Béjaïa, celle de Boumerdès et de Sétif. Une dizaine d’expositions ont été tenues, notamment à la salle Ibn Zeydoun à Alger et au TR Béjaïa.Slim et ses compagnons de l’art sèment les graines de la tolérance, de la paix et de l’espoir. Chacun avec sa touche autant qu’elle reste sincère, chacun avec sa différence autant que le respect mutuel existe… Cette harmonie qui s’y installe, parmi ces derniers, est une œuvre qui se réalise au dessus de la monotonie humaine, loin des cérémonies officielles… Mais elle fait, cependant, le bonheur de ces gens qui veulent sentir la vie au plus profond d’eux-mêmes qui sont en quête de ces vifs plaisirs qui suscitent à leur passage le goût de l’éternel…

K. N

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